Avant la médaille d’or, les honneurs et les nombreuses heures derrière le
banc d’équipes de haut niveau, Whitney Juszkiewicz faisait de
l’improvisation théâtrale à Vancouver.
« Tous les dimanches, je grimpais sur scène avec une attitude, un accent et
une personnalité propres à mon personnage et j’y allais à fond », se
remémore Juszkiewicz.
Elle a grandi à Edmonton, en Alberta. Fortement impliquée au hockey, elle a
fréquenté la High Performance Hockey Academy à l’école secondaire St.
Francis Xavier avant de s’inscrire à l’Université de la Saskatchewan, où
elle a étudié en arts libéraux tout en portant les couleurs des Huskies,
l’équipe de hockey de l’établissement. Elle a par la suite entamé des
études en interprétation théâtrale à l’établissement collégial Red Deer
Polytechnic, avant de faire carrière dans ce domaine.
« J’ai passé près de huit ans dans l’industrie du film, de la télé et du
théâtre, et j’ai eu plusieurs projets à Red Deer », explique Juszkiewicz.
Mes amis et moi avons lancé une troupe de théâtre (BullSkit)
spécialisée en improvisation et en sketchs humoristiques, à la manière
d’émissions comme Saturday Night Live ou Second City. »
En 2012, Juszkiewicz a déménagé à Vancouver pour y diriger sa troupe de
théâtre, faire de l’improvisation et enseigner les rudiments du hockey à
des jeunes. C’est après une séance d’entraînement qu’un parent lui a
demandé si elle avait déjà envisagé de devenir une entraîneuse au hockey.
Après mûre réflexion, Juszkiewicz a décidé de se lancer dans cette aventure
et s’est rapidement retrouvée derrière le banc d’une équipe masculine de
M11 dans la région de Vancouver.
« J’ai sûrement fait du bon travail, parce qu’à ma première année, j’ai été
nommée Entraîneuse recrue de l’année », affirme-t-elle.
Un peu plus de dix ans après, Juszkiewicz est aujourd’hui une entraîneuse
de haute performance respectée. Elle a dirigé plusieurs équipes masculines
et féminines de haut niveau dans le Grand Vancouver et elle est la
propriétaire de l’école de hockey Fire and Ice Hockey Development. Elle a
également occupé divers postes d’entraîneuse au sein de Hockey C.-B., étant
brièvement directrice administrative de l’Association de hockey mineur de
Langley, en plus d’être devenue une entraîneuse certifiée en développement
des habiletés de Hockey Canada et d’avoir travaillé à titre
d’entraîneuse-conseil auprès de l’Association des entraîneurs de la LNH.
« J’ai mis le chapeau d’entraîneuse et je ne l’ai jamais retiré par la suite », lance Juszkiewicz, qui est aussi une entraîneuse au sein du programme provincial de la Colombie-Britannique, une entraîneuse associée de l’équipe de M18 préparatoire à la Delta Hockey Academy et l’entraîneuse-chef d’une équipe féminine de M15 AAA dans l’Association de hockey amateur de la côte du Pacifique.
En février, à titre d’entraîneuse adjointe, elle a aidé Équipe C.-B. à
mettre la main sur une première médaille d’or en hockey féminin aux Jeux
d’hiver du Canada 2023.
« Ce fut un privilège de collaborer avec ces jeunes femmes, dont certaines
ont remporté l’or avec Équipe Canada au Mondial féminin des M18,
raconte-t-elle. J’ai vécu une expérience sensationnelle qui restera
assurément l’un de mes meilleurs souvenirs dans mon rôle d’entraîneuse. »

Mêmes aptitudes, rôle différent
Même si Juszkiewicz ne participe plus à des joutes d’improvisation les fins
de semaine, elle a réalisé que plusieurs des aptitudes acquises sur la
scène lui ont servi dans ses souliers d’entraîneuse.
« Diriger au hockey, c’est comprendre qu’à certains moments, ça ne sert à
rien de parler des choses négatives, que tout le monde a plutôt besoin
d’une petite dose de motivation et de se sentir valoriser »,
analyse-t-elle.
Selon Juszkiewicz, dans le monde de l’interprétation théâtrale, un accent
important est placé sur l’organisation, la compréhension des objectifs et
l’acceptation du rôle de chacun et chacune pour faire en sorte que tout se
passe bien… comme au hockey.
« Les meilleurs spectacles sont donnés quand tout le monde comprend
l’objectif commun, et je trouve que c’est la même chose lorsqu’on se
retrouve derrière le banc d’une équipe », ajoute Juszkiewicz, qui continue
de se faire voir en tant qu’actrice, ayant fait de la figuration dans Les
Petits Champions : Game Changers. « Tout le monde a un travail à faire et
tout le monde a un talent spécial dont l’équipe profite; chacun et chacune
est là pour une raison, et si on arrive à bien amalgamer les spécialités et
à créer un milieu sain, inclusif et sécuritaire, ce sera agréable pour
l’ensemble du groupe. »
Apprendre et grandir
Au cours des quatre dernières années, Juszkiewicz a fait partie du
programme des formatrices de responsables du développement des
entraîneuses (FRDE) de Hockey Canada. Cette merveilleuse initiative permet à 38 entraîneuses
de la haute performance d’acquérir les aptitudes dont elles ont besoin pour
présenter des stages et former de futures personnes-ressources et
évaluatrices dans le but d’augmenter le nombre de programmes d’entraînement
dirigés par des femmes.
« Ce programme m’a permis d’être plus crédible, davantage formée et mieux
outillée pour encadrer toutes les entraîneuses avec qui je collabore ou
celles qui travaillent pour moi », a mentionné Juszkiewicz, à propos de
cette initiative qu’elle terminera cette année. « C’est une occasion en or
de comprendre comment travailler avec les gens, les former et créer un
milieu propice à l’apprentissage au lieu d’avoir un groupe qui ne fait que
m’écouter sans rien dire. »
Les participantes du programme des FRDE sont proposées par les membres de
Hockey Canada et doivent avoir obtenu bon nombre de certifications et suivi
plusieurs formations pour espérer y prendre part. L’un des plus grands
avantages de cette expérience, selon Juszkiewicz, a été de réseauter avec
37 autres femmes très talentueuses.
« Je suis l’une des seules femmes de ma province qui en fait partie. Si je
n’avais pas la possibilité de tisser des liens avec des femmes des autres
provinces, je me sentirais pas mal seule sur mon île. Je pense que le
meilleur aspect de ce programme, c’est d’unir certaines des plus grandes
éminences grises du pays en ce qui a trait au leadership féminin et au
hockey féminin, et c’est vraiment stimulant, dit-elle. C’est extrêmement
valorisant de savoir que tu n’es pas seule. »
Le travail ardu et le dévouement sans bornes de Juszkiewicz au fil des
dernières années lui ont souri. En 2021, elle a été nommée Entraîneuse de
l’année BFL pour la Colombie-Britannique (volet communautaire) et en 2022,
elle a reçu le prix du développement de Hockey C.-B. pour l’entraînement.
Elle affirme que son acharnement à toujours vouloir apprendre et progresser
est animé par son désir de continuer son chemin en tant qu’entraîneuse dans
le sport qu’elle adore.
« Si tu ne continues pas à te pousser à apprendre et à progresser, tu fais
du surplace et en fin de compte, tu finis par regarder passer la parade. »