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L’inclusion au premier plan

Près d’un an après s’être associée au groupe You Can Play, la Ligue de hockey du Grand Toronto demeure résolue à créer un milieu sécuritaire pour la communauté 2SLGBTQ+

Nicholas Pescod
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23 June 2023

Au mois d’août dernier, la Ligue de hockey du Grand Toronto (GTHL) a conclu un partenariat de trois ans avec You Can Play, un organisme sans but lucratif qui s’est donné comme mission de veiller à la sécurité et à l’inclusion de la communauté 2SLGBTQ+ dans le sport, dont au hockey, qu’il s’agisse d’athlètes, du personnel entraîneur, des arbitres ou des juges de lignes.

Depuis, le groupe You Can Play a offert des formations sur l’inclusion aux membres du conseil d’administration, au personnel, aux entraîneurs et entraîneuses ainsi qu’aux athlètes de la GTHL, ce qui a permis de sensibiliser environ 300 personnes dans le milieu du hockey. Plus grande organisation de hockey mineur au monde, la GTHL a aussi aidé à faire rayonner You Can Play dans les médias sociaux et s’est tournée plus d’une fois vers l’organisme pour du soutien lors de différents événements, notamment le défilé de la Fierté.

Scott Oakman, directeur administratif et chef de l’exploitation de la GTHL, s’est entretenu avec Hockey Canada au sujet de ce partenariat et de l’influence de celui-ci sur l’organisation.

Hockey Canada (HC) : Qu’est-ce qui vous a incités à vous associer à You Can Play?

Scott Oakman (SO) : Après la diffusion de notre plan stratégique au début de 2022, le rapport d’un comité indépendant sur le racisme et la discrimination a révélé qu’il serait hautement souhaitable pour notre organisation de s’associer à d’autres groupes qui défendent les communautés sous-représentées dans le sport. You Can Play en est un excellent exemple. Voilà un partenariat qui nous a permis d’en apprendre nous-mêmes sur ces enjeux qui touchent la communauté LGBTQ+ et de sensibiliser l’ensemble de nos parties prenantes, du conseil d’administration jusqu’aux membres du personnel et à d’autres intervenants, sur ces questions importantes.

HC : Quels sont les aspects sur lesquels la GTHL s’est concentrée au cours de la première année de ce partenariat?

SO : Notre travail se fait sur plusieurs fronts, que ce soit en matière de sensibilisation ou dans le cadre de célébrations, ou pour la révision de certaines politiques. You Can Play s’est révélé un partenaire exceptionnel en nous orientant afin de mieux changer nos façons de faire et conscientiser nos parties prenantes pour que chacun et chacune sentent qu’ils ont leur place.

En cette première année de partenariat, les efforts ont été axés sur notre direction organisationnelle. Nous souhaitons maintenant travailler avec les responsables de You Can Play pour que puisse s’amorcer la sensibilisation auprès de nos organisations individuelles, qui sauront à leur tour ce qu’elles ont à faire pour exercer une influence positive.

HC : Quel a été l’impact de You Can Play sur la GTHL?

SO : L’équipe de You Can Play a créé un cadre où tout le monde se sent à l’aise de poser des questions de nature délicate. Elle est toujours prête à nous répondre de façon franche et directe. Plus cette aisance sera présente au sein des organisations et des équipes, plus nous serons gagnants.

Voilà que nous avons à notre disposition une ressource vers laquelle toute équipe de la GTHL qui éprouve des difficultés peut se tourner pour obtenir des conseils. Je ne peux que me réjouir du résultat jusqu’ici, il ne reste qu’à continuer de faire passer le mot au sein de l’organisation pour que tous et toutes soient bien au fait de cette aide mise à leur disposition.

HC : Comment l’initiative est-elle reçue par les athlètes, le personnel entraîneur, les arbitres, les juges de lignes et les autres intervenants?

SO : Les réactions sont très positives jusqu’ici. Certaines équipes devaient composer avec des situations difficiles à l’interne, et You Can Play a su les orienter de brillante façon. On a vu la même chose se répéter à plusieurs occasions, que ce soit dans le cadre du travail qu’a accompli You Can Play individuellement avec certaines équipes ou de son travail de sensibilisation avec nous.

HC : Quelles sont les prochaines étapes pour la GTHL en ce qui a trait à son partenariat avec You Can Play?

SO : L’objectif est de faire en sorte que ces efforts de sensibilisation se rendent jusqu’à la base. Le personnel a suivi toute une panoplie de formations cette année. Nous en sommes maintenant à lancer des initiatives de sensibilisation en groupe de manière proactive, plutôt qu’en réaction à un incident donné. Le vrai défi tiendra davantage au déploiement à grande échelle des activités de sensibilisation offertes par l’intermédiaire de You Can Play. Il faudrait que tous et toutes y aient accès en permanence, pour que ce soit plus qu’une simple case à cocher. Ce que nous voulons, c’est offrir ces activités de façon continue, dans un format convivial où les participants et participantes ne sont pas submergés de notions en un seul coup. L’idée est de poursuivre l’apprentissage tout au long de la saison, avec des suivis ici et là.

Nous cherchons en fait un moyen de communiquer positivement, de joindre les parties prenantes régulièrement plutôt que de manière ponctuelle, afin qu’elles soient à même de comprendre les enjeux avec lesquels doit composer la communauté 2SLGBTQ+, et de faire en sorte que chaque équipe contribue à créer un milieu sécuritaire pour tous et toutes. 

Heidi Johnston, responsable des partenariats avec les organismes sportifs à You Can Play, s’est elle aussi entretenue avec Hockey Canada au sujet du travail de son organisation et de l’importance de celui-ci.

Hockey Canada (HC) : Quelle est la mission globale de You Can Play?

Heidi Johnston (HJ) : Notre mission consiste à créer un milieu sécuritaire et inclusif pour la communauté LGBTQ+, principalement par la sensibilisation. Nous participons également à toutes sortes d’événements et de défilés de la Fierté, en plus de collaborer avec la LNH pour faire la promotion du Mois de la fierté.

HC : Parlez-nous du travail de sensibilisation de You Can Play. À quoi ressemble ce travail auprès des équipes et des athlètes?

HJ : Nous travaillons entre autres à sensibiliser le personnel entraîneur, qui a l’impact et le lien les plus directs avec les jeunes. Par exemple, que doit-on faire lorsqu’un jeune sort du placard? Pour une équipe entière, les thèmes sont variés. Il est question notamment de l’usage des pronoms, de l’importance de pouvoir s’exprimer librement et du fait que nos coéquipiers demeurent nos coéquipiers, peu importe les circonstances.

D’autres activités visent à favoriser la participation, par exemple, la création d’un logo qui représente l’athlète en tant que personne. Ici, l’objectif est de faire comprendre à chacun et chacune que tout le monde est différent, et que c’est justement cette diversité qui fait la richesse des communautés, surtout au hockey.

HC : Pourriez-vous parler de votre travail auprès de la GTHL?

HJ : Notre collaboration mise sur la sensibilisation. Nous offrons une grande variété d’activités s’adressant aux responsables de la ligue, au personnel entraîneur, aux arbitres. Et lorsqu’un incident se produit, c’est là que nous intervenons et offrons des formations à l’équipe ou au groupe concernés. En huit mois depuis mon arrivée à You Can Play, six ou sept formations d’équipe ont été données. À cela s’ajoutent plus de 20 athlètes, ainsi que leurs parents, avec qui nous avons travaillé individuellement en un court laps de temps, sans compter les séances en grand groupe auprès des arbitres et du personnel entraîneur.

C’est un partenariat qui rapporte, notamment grâce à la volonté de l’organisation d’opérer des changements concrets. De voir un groupe de la taille de la GTHL aussi résolu à mettre la diversité à l’avant-plan, à créer des milieux sécuritaires tant pour le personnel entraîneur que pour les jeunes, c’est formidable. Un tel partenariat nous permet d’étendre encore davantage notre influence.

HC : Qu’est-ce qui rend votre travail si important?

HJ : C’est chez les jeunes LGBTQ+ que l’on observe le plus haut taux de suicide, et d’après les recherches, 83 % des partisanes et partisans ouvertement gais ne se sentiraient pas en sécurité dans les événements sportifs, et 86 % des jeunes LGBTQ+ disent ne pratiquer aucun sport à l’école. Il reste donc du chemin à faire sur le plan de l’acceptation. Tous les jeunes devraient pouvoir jouer à leur guise et faire partie d’une équipe. Le sport doit être pour quiconque souhaite y participer, peu importe son genre ou son orientation sexuelle.

Dans mes propres mots : Emerance Maschmeyer

La gardienne de l’équipe nationale féminine se confie sur sa vie avec sa partenaire Geneviève Lacasse, la fondation d’une famille, son rôle de pionnière dans la LPHF et l’importance d’être soi-même

Emerance Maschmeyer
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15 June 2024

Geneviève et moi avions décidé de ne pas faire de coming out officiel. Nous avions plutôt simplement choisi de publier des photos de notre mariage en juillet dernier. Nos proches – les personnes les plus importantes dans nos vies – étaient déjà au courant de notre relation.

Nous étions sceptiques à l’idée d’en faire une grosse histoire d’affirmation. Nous avons pensé que publier des photos de notre mariage serait une façon amusante de dire : « C’est nous. Nous sommes maintenant mariées ». Comme n’importe qui le ferait. Nous étions rendues là. Nous voulions le dire, sans peur. La vague d’amour et de soutien qui a suivi notre publication était si grande, et ça a été très inspirant d’en constater l’impact.

Nous avons une plateforme et une influence. Plusieurs suivent nos aventures. Les personnes qui sont derrière nous sans hésitation, nous les voulons dans nos vies. Nous tenons à maintenir un lien avec elles. Pour les autres, ce n’est pas plus grave que ça.

Nous savions que notre dévoilement pourrait avoir une influence. Une influence positive. Nous espérions pouvoir aider d’autres personnes qui vivent une situation similaire. Je crois qu’on avait le courage, à notre âge, d’aller de l’avant pour raconter notre histoire. Nous avons tout le soutien dont nous avons besoin. Après coup, pour nous, la question était de savoir comment nous pouvions aider les autres maintenant.

Annoncer publiquement notre relation nous a libérées d’un énorme poids qui, sans qu’on en soit conscientes, pesait sur nos épaules. Aujourd’hui, je sens vraiment que nous sommes ouvertes à l’idée d’engager des conversations à propos de notre relation. Nous n’avons pas peur d’être nous-mêmes. Tout ça a été une aventure gratifiante pour nous. Ça fait seulement un an que nous avons officialisé notre union, et nous nous amusons tellement depuis. Nous sommes un couple. Et les gens le savent.

Geneviève et moi avons commencé à nous fréquenter en 2015. Ça n’a pas été trop long avant que je parle à ma sœur de notre relation. Geneviève était la première femme dans ma vie. Donc, avant de l’annoncer à toute ma famille, je voulais m’assurer que notre couple soit solide. C’est ce que j’aurais fait pour n’importe quelle relation.

J’étudiais à Harvard à ce moment. Mes coéquipières et amis à l’école l’ont su assez rapidement. Je voulais le dire à ma famille, mais je voulais l’annoncer en personne. Je ne tenais pas à en faire toute une histoire. Mais je sais bien aussi que, encore à ce jour dans notre société, une personne est hétérosexuelle jusqu’à preuve du contraire. Il faut faire un coming out, raconter son histoire. Je voulais l’annoncer de la façon la plus normale possible, mais je me devais d’avoir des conversations en personne avec ma famille aussi.

Un an après le début de notre fréquentation, j’ai commencé à en parler. Je l’ai dit à mes parents, un à la fois. J’ai fait le tour de ma famille, qui est nombreuse, donc des conversations, il y en a eu beaucoup! J’étais jeune (j’avais 20 ans), donc je ressentais pas mal de nervosité, mais mes proches m’ont manifesté un si grand soutien. J’ai retenu de chacune de mes discussions que ma famille était là pour moi et qu’elle allait m’aimer coûte que coûte. Je sais que ce n’est pas tout le monde qui a cette chance, mais je suis vraiment bénie des dieux d’avoir une famille qui me soutient quoi qu’il arrive. Tout le monde était juste heureux que je sois en amour.

Nous avons hésité à en parler publiquement, mais ça n’avait rien à voir avec notre orientation sexuelle. C’était plus en raison de notre implication avec l’équipe nationale féminine. Nous n’étions pas vraiment friandes à l’idée que les nouvelles autour de nous soient à propos de notre relation ou de notre orientation. Nous voulions qu’elles portent sur le hockey et nos performances.

C’est assurément un défi lorsqu’on pratique la même profession que sa partenaire. Au début, nous avons convenu que, à plus d’un égard, notre relation devait primer sur le reste. Mais il nous fallait aussi réserver une place de choix à notre carrière au hockey. Non pas d’une manière égoïste, mais plutôt… Si tu fais tout ce que tu peux pour être sélectionnée à une équipe et que tu es disposée à jouer, et que je fais tout ce que je peux pour être sélectionnée à une équipe et que je suis disposée à jouer, et bien notre couple ne fait pas partie de l’équation dans ce cas. Ce sont des facteurs externes qui décideront de notre sort… le personnel entraîneur et de dépistage.

Nous étions ensemble dans cette même aventure. Sur le plan individuel, nous ne ménagions pas les efforts et faisions tout notre possible pour arriver à nos fins. Mais une fois une décision rendue, il n’y avait aucune rancœur entre nous. Nous pouvions éprouver de l’empathie si l’une s’était démarquée par rapport à l’autre, mais en fin de compte, si l’une d’entre nous était désignée pour défendre la cage, nous étions là pour nous épauler.

Nous avons eu quelques obstacles en cours de route. Je n’ai pas été choisie pour les Jeux olympiques de 2018. Elle, oui. Le contraire s’est produit pour les Jeux de 2022. J’étais de l’aventure, mais pas elle. Ça nous a donné de la très belle matière pour apprendre de notre relation. La première fois, quand c’est moi qui ai subi le couperet, nous n’avions pas vraiment les aptitudes pour bien réagir. Je caressais ce grand rêve de jouer aux Jeux olympiques. Alors, que dire à sa partenaire, à celle qui y va, ou à celle qui n’y va pas? C’était une situation complexe à gérer pour nous. Nous nous soutenions mutuellement, alors nous avons senti qu’il valait mieux nous abstenir de parler de hockey. Pour le bien de notre couple.

La deuxième fois, pour les Jeux de Beijing, nous avons appris comment en parler. Nous avons appris à dialoguer dans des circonstances périlleuses. À nous ouvrir franchement à l’autre. Il aurait été préférable que ces situations ne se produisent jamais, mais en fait, elles ont contribué à solidifier notre relation. Nous avons acquis les aptitudes pour bien nous épauler l’une l’autre à travers les tempêtes et communiquer de la bonne façon. Nous avons pris conscience de l’importance de toujours faire mieux dans ces moments.

Au début de l’année 2023, quelques mois après notre mariage, nous avons appris que nous allions avoir un enfant. Par chance, nous avons des amies qui avaient déjà suivi un traitement de fertilité. Nous avons pu leur poser une tonne de questions. Faire plusieurs recherches sur le sujet. Nous vivions au Québec, et heureusement, des mesures financières sont en place pour aider. Et la fécondation s’est faite assez rapidement. Nous en sommes très reconnaissantes.

Ça a été une belle expérience. Nous sommes très heureuses de fonder notre famille et d’accueillir notre petit garçon. Nous attendons ce moment depuis si longtemps. Étant donné nos carrières sur la glace, ce n’était pas une possibilité, surtout sans les salaires et la sécurité financière d’une ligue professionnelle. Mais aujourd’hui, je joue dans la LPHF, et Geneviève occupe un emploi stable à titre de responsable des commandites et des ventes de la ligue. Il y a longtemps que nous avions goûté à une telle sécurité et stabilité. Nous sommes emballées de fonder notre famille.

Nous souhaitons que notre garçon grandisse auprès de femmes fortes. Et nous sommes certaines qu’il sera un être respectueux des femmes et que lorsqu’il verra des athlètes féminines, il ne verra que des athlètes tout court.

Le dévoilement du sexe de notre bébé est un souvenir récent qui me revienten mémoire constamment! J’étais assise dans l’autobus avec Emily Clark lors d’un voyage cette année, et nous nous sommes mises à discuter de la façon dont nous pourrions l’annoncer Geneviève et moi. Des idées ont germé. Puis, nous avons réalisé qu’une course à obstacles avec l’équipe pourrait être très amusante. Nous sommes passés d’un duel Clark contre Jenner, à un duel Équipe gars contre Équipe fille.

Geneviève et moi, nous voulions vivre l’effet de surprise, donc nous avons donné aux autres membres de l’équipe le lien vers la confirmation du sexe de notre bébé. Un jour, après un entraînement, Clarky et Jenner ont expliqué le déroulement de la course. Tout a si bien fonctionné!

La dernière année a été un vrai tourbillon. Le mariage, l’annonce de la création de la LPHF, ma signature avec Ottawa, la nouvelle de notre enfant, le lancement de la ligue, la conquête d’un autre championnat… c’est difficile de croire que tout cela s’est passé dans les 11 derniers mois seulement.

C’est tellement incroyable, l’élan que nous donne la LPHF, l’appui des partisans et partisanes, le soutien de partout, les investissements et la visibilité. Et la croissance que nous avons connue à notre première saison seulement. Mais la fierté que j’ai ressentie chaque fois que j’ai sauté sur la glace avec mes coéquipières à Ottawa cette saison… je n’ai pas de mots pour décrire à quel point c’est spécial.

Évidemment, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre l’équité et la parité, mais nous avons fait quelques pas de géant au cours des dernières années. Même à l’échelle locale, il y a un effet d’entraînement généré par la LPHF pour que les femmes s’initient au sport et continuent de le pratiquer.

À nos matchs, je vois des jeunes (pas seulement des petites filles, mais aussi des petits garçons) qui nous perçoivent simplement comme des athlètes qui pratiquent le hockey. Ces jeunes ne nous considèrent pas comme des joueuses de hockey féminin. Garçons et filles voient simplement leur avant ou cerbère modèle. On n’entend pas : « Tu es ma gardienne de but favorite… au hockey féminin. » C’est fantastique de voir l’évolution de l’état d’esprit. Et il y a tant de jalons à venir.

Puisque c’est le Mois de la fierté, un événement qui a une grande signification pour moi, je voulais conclure sur ce sujet.

Individuellement, tout le monde peut faire une introspection et trouver des pistes d’amélioration. Je pense que souvent, des présomptions sont faites lorsque deux personnes se rencontrent pour la première fois. Mais nous pouvons faire mieux en laissant l’autre raconter son histoire au lieu de l’étiqueter en lui disant : « Tu es ceci ou tu es cela. » Il peut être intimidant d’être soi-même. Les idées préconçues sont un frein.

Malheureusement, il y aura toujours de la haine sur Internet. À l’ère des médias sociaux, c’est inévitable. Mais je pense qu’autant que possible, nous devons nous accrocher à l’amour et au soutien, et veiller à ce que les voix bienveillantes, aimantes et encourageantes l’emportent sur les voix négatives.

En tant que personne en couple avec une personne du même sexe, je suis parfois un peu timide ou hésitante de montrer la vraie version de moi-même. Mais aux personnes de notre communauté, je dis : soyez aussi braves que possible. Soyez vous-mêmes. Si vous participez aux conversations et que vous laissez aller votre vraie personnalité, les mentalités commenceront à changer lentement. Une personne à la fois.

Nous avançons dans la bonne direction. Et c’est ensemble que nous continuerons de le faire.

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Dans mes propres mots : Bayne Pettinger

L’agent dans la LNH parle du dévoilement de son orientation sexuelle, de son implication auprès de Hockey Canada et de ses efforts pour rendre le hockey plus sain et inclusif pour la communauté queer

28 June 2023

La COVID-19 a changé ma vie… de la meilleure façon qu’il soit. Étrange, je sais.

Ma famille et mes amis connaissaient mon orientation sexuelle avant le début de la pandémie. Mais dans le brouhaha de mon quotidien, j’étais trop occupé pour révéler des choses sérieuses, et je me disais que j’allais gérer ça plus tard. J’avais peur de mélanger ma vie personnelle et ma vie professionnelle.

Mais quand la pandémie est entrée dans nos vies, je suis retourné à la maison à Victoria. Le monde s’est arrêté, comme ma vie telle que je la connaissais. Mon téléphone ne sonnait plus. Ma boîte courriel ne se remplissait plus. Toutes ces choses qui me tenaient occupé étaient mises de côté. Ça m’a donné la chance de prendre du recul et de parler franchement.

Je me souviens de ma discussion avec Tyson Barrie, un de mes clients et bon ami avec qui j’ai grandi ensemble sur l’île de Vancouver. Je lui ai dit : « Tu sais quoi, je pense que je suis prêt à dévoiler mon orientation sexuelle. »

Je me disais que je ferais simplement une publication sur Instagram, rien de compliqué. Mais Tyson et d’autres personnes importantes dans ma vie pensaient que je devrais viser un plus grand impact. Que je pourrais devenir le visage de la communauté queer au hockey, car notre sport en avait grandement besoin.

C’était le point de départ de mon aventure. J’ai commencé à dévoiler mon orientation à d’autres, à des figures importantes du hockey que j’ai croisées sur mon chemin au fil des ans. Quand je l’ai dit à Connor McDavid, sa réponse a été simplement : « D’accord, ça ne change rien pour moi. » J’ai reçu un texto de Sidney Crosby, qui m’a félicité et qui m’a dit qu’il était là si j’avais besoin de quoi que ce soit.

Le 5 novembre 2020, par le truchement d’un article de Pierre Lebrun sur le site The Athletic, j’ai dévoilé mon orientation sexuelle publiquement.

Sans minimiser l’importance de cette décision pour ma santé mentale, je peux dire que cette nouvelle n’a pas vraiment changé grand-chose pour personne. La perception de la communauté du hockey à mon égard est demeurée la même. Les gens m’ont plutôt dit : « Hé! Tu es Bayne. Tu ne portes pas de jugement sur les autres quant à leurs fréquentations ou à leurs attirances. Alors pourquoi te jugerait-on? »

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J’ai fait mes débuts à Hockey Canada à titre de stagiaire au sein du service des finances en 2009 (je ne suis pas vraiment un spécialiste des chiffres, mais c’était le seul poste offert à l’époque). Par la suite, en 2011, je me suis joint au service des activités hockey. Ma première affectation a été le Mondial junior 2012 en Alberta. J’ai fait le tour du monde avec Équipe Canada, j’ai vécu ces émotions grisantes des conquêtes de l’or aux Jeux olympiques, au Championnat mondial de l’IIHF et au Mondial junior. Et j’ai côtoyé la crème de la crème du hockey, les Doug Armstrong, Jon Cooper, McDavid et Crosby. J’ai quitté Hockey Canada en 2019 pour devenir agent certifié de l’AJLNH au sein de l’agence CAA (Creative Artist Agency) à Toronto. J’y ai trouvé ma place au hockey, mon havre de bonheur.

Cependant, j’avais toujours cette peur intérieure de ne pas pouvoir m’épanouir pleinement – être accepté en tant qu’homme gai – tout en réussissant sur le plan professionnel en tant que jeune agent. Cette crainte m’avait réduit au silence pendant longtemps.

Et je devais chasser cette peur. On pense toujours que les pires choses vont nous arriver, c’est la nature humaine, n’est-ce pas? On pense qu’après l’avoir dit à quelqu’un, cette personne va nous rejeter. Qu’on ne sera pas accepté, que le monde du hockey va nous mettre de côté.

Mais ce n’est pas ce qui est arrivé.

Quand j’y repense, je me demande pourquoi ça m’a rendu si anxieux. C’est ce qui me pousse à aider les personnes qui communiquent avec moi et qui craignent d’être rejetées si elles affirment qui elles sont vraiment. Tellement de gens partout sur la planète et dans le monde du hockey m’ont dit : « C’est merveilleux. Tu vas accomplir de grandes choses. » C’est incroyable, tout le soutien que j’ai reçu de mes amis, de mes proches et même de purs étrangers.

Et jamais je n’aurais pensé devenir le visage de la communauté queer au hockey. Mais depuis que j’ai fait ce pas en avant et que des gens sont entrés en contact avec moi pour échanger sur le sujet, je suis ravi d’en parler. Je crois que c’est important, il faut occuper cet espace, et ce n’est pas tout le monde qui a la chance d’avoir une plateforme pour s’exprimer publiquement.

C’est l’une des raisons pourquoi j’ai contribué au lancement d’ Alphabet Sports Collective (ASC) en mars. Nous sommes un organisme à but non lucratif dirigé par des personnes queers qui vise à valoriser les jeunes queers. Je travaille de concert avec mon coprésident, Brock McGillis, de même qu’avec les ambassadeurs Gord Miller, Jon Cooper, Morgan Rielly et l’ambassadrice Tessa Bonhomme, et le soutien qu’on a eu a été magistral.

Nous voulons que les personnes de notre communauté se sentent bien dans leur peau. Et que si elles veulent travailler à Hockey Canada ou au sein d’une agence de sport, ou jouer dans la LNH, elles aient ces modèles, ces alliés. Je pense vraiment que si on n’a jamais vu quelqu’un accomplir quelque chose sous nos yeux, on ne peut pas croire en nos chances de le faire nous-même.

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Je collabore maintenant avec Hockey Canada au sein de son équipe de travail sur l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI), ce qui me donne le sentiment de boucler la boucle avec l’organisation. C’est vraiment une belle expérience. Je pense que c’est important que toutes les sphères de notre sport soient représentées.

Pour moi, la clé, c’est de faire preuve de vulnérabilité. Hockey Canada doit être à l’écoute et ne pas supposer qu’elle a réponse à tout. On peut rédiger toutes les politiques et tenir tous les séminaires qu’on veut… mais on doit s’attarder à la base du hockey. Il faut écouter les gens de la communauté; il y a des groupes de personnes qui ont accompli du travail de leur côté et qui comprennent les tenants et les aboutissants de certains problèmes. Il n’est pas nécessaire de réinventer la roue – on doit écouter et apprendre.

Je suis vraiment fier que Hockey Canada ait formé ce nouveau groupe et que l’organisation prenne des notes au lieu de s’empresser à publier une déclaration. N’importe qui peut publier une déclaration. Il faut apprendre et instaurer de nouvelles procédures et formations pour veiller à ne pas tourner en rond et simplement cocher une case. C’est l’objectif.

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Alors maintenant, c’est le temps de la question à un million de dollars – quelle sera la suite des choses?

La clé, c’est la représentation. Il faut que la communauté queer se sente acceptée et bien à propos d’elle-même, qu’elle fasse partie de la communauté dans son ensemble, qu’elle se joigne à des conseils d’administration, à Hockey Canada, dans la LNH et au hockey mineur, qu’elle figure parmi les membres du personnel entraîneur et soignant. Que cette représentation atteigne le plus haut de l’échelle, que cette voix et cette perspective résonnent dans les bureaux de direction, c’est l’objectif ultime. Chaque communauté doit être représentée… les personnes de couleur, de diverses communautés religieuses, de la communauté queer. Parce que c’est ça, le Canada. Si on veut un conseil d’administration à l’image de notre pays, une personne queer doit en faire partie.

Je veux qu’on se fasse entendre, engager un dialogue avec les gens, les informer et les sensibiliser. Ce n’est pas tout le monde qui va changer d’idée, mais ce n’est pas ce qu’on essaie de faire. On veut juste dire que les droits de la personne, l’égalité, les célébrations, on les veut pour les personnes queers aussi.

Je trouve que le sport est à la remorque de la société. Si je travaillais dans une banque, je n’aurais pas vraiment besoin de dévoiler mon orientation sexuelle. C’est un sujet qui attire l’attention au hockey, parce que ce n’est pas commun. C’est un sport macho, où on doit refouler nos émotions. On joue au hockey pour le logo devant, pas pour le nom dans le dos. On joue au hockey pour le logo devant, On doit laisser nos problèmes à la porte du vestiaire – c’est comme ça que j’ai grandi dans le monde des sports d’équipe.

Mais je pense qu’avec les événements qui ont fait les manchettes récemment au sujet des soirées de la Fierté, on a un peu fait tomber ces tabous et laissé place à des conversations honnêtes. On a fait comprendre que le milieu n’est pas encore sain pour tout le monde, qu’il y a encore de l’intolérance.

La plus récente nouvelle à ce sujet, selon laquelle les joueurs des équipes de la LNH ne porteront plus de chandails spéciaux lors de certains avant-matchs en appui à diverses causes, est vraiment décevante. Personne ne semble vouloir porter attention aux quelque 700 joueurs qui ont appuyé notre cause et porté le chandail de la Fierté la saison dernière; le point de mire est sur le minuscule groupe qui a refusé de le faire. Les soirées de la Fierté (sans oublier Le hockey pour vaincre le cancer et les initiatives pour appuyer les militaires et les Autochtones) ont été des succès partout dans la ligue. C’est une triste décision.

Cela dit, je suis persuadé qu’une vague de changement pointe devant nous, et ça commence avec nos jeunes.

Je dirige une équipe de hockey mineur de M14 à Toronto. Quand je leur ai dévoilé mon orientation, personne n’a bronché. Ça n’a rien changé pour eux. Quand je l’ai appris à certains de mes jeunes clients, ils m’ont dit : « Si ça te rend heureux, je suis content pour toi. »

Compréhension, compassion, indifférence totale (mais d’une façon positive) sont des mots qui caractérisent les réactions des jeunes d’aujourd’hui à l’égard de l’orientation sexuelle d’autrui. Bien des gens semblent avoir une mauvaise opinion de la génération Y – qu’elle passe son temps à jouer à des jeux vidéo, qu’elle est lâche. On se plaît à observer ces jeunes et à se dire que dans notre temps, ça ne se passait pas comme ça. Mais la prochaine génération est si ouverte d’esprit et dans l’acceptation que je trouve notre avenir très prometteur. Je pense que sur les plans de la diversité et de l’inclusion, notre société est entre bonnes mains avec la jeunesse d’aujourd’hui.

Pour conclure, je veux que les personnes qui vivent des difficultés sachent qu’elles ne sont pas seules. Il existe des ressources et des gens qui sont disponibles pour nous aider à nous sentir acceptés. C’est dans la nature humaine de ne voir que le côté négatif, mais plusieurs d’entre nous essaient de faire tomber les barrières pour que les personnes queers se sentent à l’aise de travailler dans le monde du sport ou d’y jouer en accord avec leur véritable identité.

« Jamais je ne voudrais être exclu du sport que j’adore en raison de mon orientation sexuelle. Pendant un moment, j’ai pensé que ce serait le cas, mais c’est le contraire qui s’est passé. »

Qui l’eût cru? Le monde du hockey, ce sport malsain, n’est peut-être pas si malsain que ça après tout.

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Harrison Browne Pride Month

Le pouvoir de la visibilité

Harrison Browne, ancien d’Équipe Canada, champion de la Coupe Isobel et défenseur des droits des personnes transgenres, utilise sa plateforme pour sensibiliser le monde du hockey, et la société

Paul Edmonds
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17 June 2022

Le hockey a fourni à Harrison Browne l’occasion de se sentir totalement à l’aise et une voix pour parler fièrement de son parcours.

Maintenant qu’il est à la retraite, son message et son leadership sont probablement plus importants et mieux accueillis que lorsqu’il jouait.

« Je ne serais pas où je suis aujourd’hui sans le hockey », affirme Browne, double champion de la Coupe Isobel avec les Beauts de Buffalo de la Premier Hockey Federation (PHF). « Je ne serais pas qui je suis et n’aurais pas la plateforme que j’ai sans le hockey.

« C’est le premier endroit où je me suis senti assez à l’aise pour être moi-même et où j’ai pu tisser des liens avec des personnes avec qui je me sentais soutenu et à qui je savais que je pouvais révéler mon identité sans craindre d’être jugé. »

En tant que personne transgenre et ancien athlète, Browne est reconnaissant d’avoir une tribune à partir de laquelle il peut parler des enjeux de la communauté LGBTQ+ et de son acceptation, et sensibiliser la population à cet égard.

Aujourd’hui, cette tribune s’étend au-delà du hockey, jusque dans la société en général.

« Je n’avais pas prévu être un militant, explique-t-il. Mais lorsque j’ai constaté l’impact de la visibilité trans et LGBTQ+, j’ai senti que j’avais le devoir de m’exprimer et d’être visible afin d’aider celles et ceux qui ne peuvent l’être.

« Je suis très protecteur de ma communauté, alors oui, maintenant, je me considère comme un militant. »

Le Mois de la fierté, fêté en juin au Canada et dans de nombreux autres pays du monde, est une occasion de célébrer et de soutenir les personnes LGBTQ+ au moyen de parades, de danses, de festivals et d’autres événements.

Pour Harrison Browne, le Mois de la fierté, c’est tout ça et bien plus.

« Il s’agit de souligner tout le chemin parcouru tout en reconnaissant qu’il y a encore beaucoup de pain sur la planche, précise le résident de Toronto. C’est un excellent rappel de la force et de la solidarité de cette communauté, ainsi qu’une bonne façon de célébrer qui nous sommes en tant que personnes. »

Browne, qui a grandi à Oakville, en Ontario, a commencé à jouer au hockey à neuf ans, « un âge avancé », selon ses dires.

Âge avancé ou non, c’était le début d’une solide carrière qui a duré 16 ans, au cours de laquelle Browne a porté les couleurs d’Équipe Canada au Championnat mondial féminin des M18 2011 de l’IIHF et joué au hockey universitaire pendant quatre saisons aux États-Unis, les trois dernières à l’Université du Maine, après avoir accepté une bourse d’études.

Il a ensuite fait le saut chez les professionnels, passant trois saisons dans la PHF (alors nommée la National Women’s Hockey League) : deux avec Buffalo et la dernière, en 2018, avec les Metropolitan Riveters.

Il fut le premier athlète ouvertement transgenre à participer à un sport d’équipe au niveau professionnel.

Browne, âgé de 29 ans, se consacre aujourd’hui à ses carrières de conférencier et de comédien, qui sont toutes deux des plateformes pour la visibilité trans et LBGTQ+ et la défense des droits de ces communautés.

« J’ai eu beaucoup de chance. Même après ma retraite sportive, je suis encore une voix qu’on écoute dans la communauté du hockey. J’ai intégré cela à ma carrière de comédien. Je peux faire côtoyer ces deux mondes et je sais que ma voix porte. J’en suis très fier et ce n’est pas quelque chose que je prends à la légère. »

Browne a notamment pris part à des matchs de hockey et à des événements mettant en vedette des célébrités, donné des conférences, participé à des publicités de la Banque Scotia et joué dans un épisode de Y, Le dernier homme, une série télévisée adaptée de la bande dessinée du même nom.

Browne avoue que sa nouvelle carrière et son horaire ne lui permettent plus tant de jouer au hockey récréatif, ce qu’il déplore.

Mais le hockey occupera toujours une grande place dans son cœur pour ce qu’il lui a donné avant, mais surtout après la révélation de son identité de genre en 2016.

Il affirme que ses coéquipières ainsi que la PHF et ses partisans lui ont offert un immense soutien lors de sa transition sociale, qui s’est avérée un moment charnière dans l’inclusion des personnes LBGTQ+ dans le sport.

« Toutes ces personnes m’ont permis d’accepter qui je suis. Quand j’ai fait mon dévoilement au monde du hockey, je crois que ma visibilité a aidé beaucoup de gens, et la communauté du hockey m’a aidé en retour. »

Browne croit que le hockey féminin, par son rôle crucial dans l’inclusion, l’acceptation, la visibilité et l’égalité des personnes LGBTQ+, a été un phare pour les autres sports.

« Les autres sports et la société en général devraient suivre l’exemple du hockey féminin pour ce qui est de l’inclusion de la communauté LGBTQ+ et de la célébration de la différence. Dans ce sport, tout le monde fait partie de la même équipe. »

En ce mois de célébrations, Browne s’inquiète toutefois des obstacles qui nuisent à l’avancée des droits de la communauté LGBTQ+.

L’influence récente de lois et de projets de loi « non inclusifs » un peu partout en Amérique du Nord est une grande source de préoccupation.

À certains endroits, ces lois visent à restreindre l’accès au sport pour les jeunes personnes LBGTQ+. Pour Browne, c’est un recul pour la société.

« J’ai constaté beaucoup de progrès au cours des cinq dernières années, mais c’est malheureux que ce soit accompagné d’une certaine opposition.

« Nous devons encore lutter pour faire notre place, mais je vois beaucoup d’espoir. »

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Avec fierté et authenticité

Depuis sa transition en 2018, Dee McWatters se donne pour mission de créer un espace de confiance et de confort pour les autres membres transgenres de la communauté du hockey

Mario Annicchiarico
|
10 June 2022

Pour Dee McWatters, fierté rime avec respect, honneur, détermination, et surtout, acceptation.

En 2018, l’officielle de hockey mineur et gardienne de but de hockey récréatif originaire de Summerland (C.-B.) se dévoile à la communauté et au monde entier en annonçant sa transition d’homme à femme.

Officielle de l’Association de hockey mineur de Penticton et joueuse elle-même, McWatters a surmonté l’adversité grâce au sport.

« Ça va au-delà de mon histoire, confie-t-elle à propos de l’acceptation immédiate que lui a témoignée la communauté. Soyons honnêtes, le milieu du hockey peut être assez macho. Ce n’est pas l’endroit le plus facile où dévoiler son identité de genre.

« Je me rappelle de l’ambiance des vestiaires du temps où j’étais ado. C’était une autre époque. Maintenant, ce sont mes enfants qui entraînent et dirigent les vestiaires. Ils sont bien placés pour instaurer un milieu sans jugements. L’idée, c’est de vivre une expérience sportive ensemble en acceptant les différences. »

« Peut-être que nous avons raté le prochain McDavid, Gretzky ou Ovechkin parce qu’il a abandonné le hockey à 14 ans à cause de l’hostilité de l’environnement, spécule celle qui a aujourd’hui 48 ans. Ce serait vraiment dommage. Personne ne devrait arrêter le sport à cause de son identité. Tout le monde devrait se sentir bienvenu. On se rapproche de ce monde-là. »

McWatters, aussi gestionnaire de l’exploitation chez TIME Family of Wines, tente maintenant de bâtir un espace où règne la confiance pour les autres athlètes transgenres.

Elle se remémore de son dévoilement devant la communauté, après qu’elle se soit acceptée elle-même il y a cinq ans.

« À l’époque, je passais beaucoup de temps à entraîner et à arbitrer à Summerland. Pour que mes activités d’entraîneuse ne soient pas affectées, j’ai confié à l’Association que j’allais transitionner. Je voulais également leur signifier mon soutien, de la même manière que je m’attendais au leur. »

Elle était alors arbitre, mais ne jouait pas.

« J’étais gardienne de but, mais je ne m’intéressais pas vraiment aux ligues de garage. Par contre, j’aimais les arbitrer. C’était un bon exercice et ça me rapportait un peu d’argent. Quelques années plus tard, j’ai arbitré quelques matchs de la ligue de hockey féminin de South Okanagan. Lors de la fête de fin de saison, quelqu’un m’a demandé si je jouais encore.

« J’ai répondu "Pas vraiment. J’entraîne, mais je n’ai pas été devant le filet depuis un moment". On m’a alors dit "Tu es gardienne de but? C’est encore plus important". J’ai expliqué "Gardienne? En fait, je ne suis pas encore une femme à part entière". On m’a répondu "Bien sûr que si. Tu t’identifies comme une femme, donc oui, tu es une des nôtres". »

À partir de cet instant, McWatters a renoué avec son amour pour le jeu et a rejoint une équipe à l’automne 2019.

« Il y avait une seule fille qui me connaissait, et les autres se demandaient "c’est qui la nouvelle? Elle est super. Elle va rester avec nous pour la saison?". Elles m’ont acceptée en tant qu’égale. C’était fantastique. »

Au même moment, elle a entendu parler d’une équipe de joueuses transgenres qui allait à Boston affronter la Boston Pride, une équipe de joueuses gaies, pendant une fin de semaine. Elles avaient un autre évènement planifié l’année suivante, cette fois-ci à Madison, dans le Wisconsin.

« Je voulais aller à Madison, alors j’ai commencé à recueillir de l’argent pour le voyage, et mon initiative a suscité tellement de soutien que je l’ai transformée en collecte de fonds pour des programmes locaux qui accompagnent la jeunesse LGBTQ. Ensuite, la pandémie a frappé et j’ai dû faire une croix sur Madison. Le hockey s’est arrêté pour une saison. La vie a continué son cours, se remémore-t-elle.

« Les choses recommencent à bouger depuis l’année dernière. J’ai organisé une autre collecte de fonds pour aider cinq organisations pour les jeunes et deux bourses pour des athlètes d’écoles secondaires locales, et j’ai fait don d’une partie de l’argent à la Team Trans North America. Je voulais aider les personnes qui n’auraient pas eu la possibilité d’aller en tournoi autrement. »

Elle a finalement pu jouer au Wisconsin l’année dernière, à 47 ans, encouragée de voir des athlètes dans leur vingtaine pratiquer le sport qu’elles aiment sans avoir à cacher leur identité.

McWatters a donné forme à son idée lorsqu’elle a proposé à Hockey C.-B. de créer un programme de formation visant à promouvoir la diversité et à appuyer les associations de hockey.

Elle a récemment rencontré sur Zoom l’Association de hockey mineur de Kamloops, dont la direction compte une de ses amies.

« Une de leurs joueuses [et sa famille] vit le processus de transition, et l’association veut s’assurer que tout est en place pour les accompagner, raconte McWatters, qui s’est naturellement portée volontaire pour aider.

« C’est mon objectif, que personne n’abandonne le hockey. Quiconque aime ce sport ne devrait pas avoir à s’en écarter parce qu’il ou elle n’est pas bien dans sa peau, que ce soit une question d’identité ou de préférence sexuelle. Tout ça ne devrait pas faire de différence. On est simplement là pour jouer à ce sport merveilleux. »

Elle a également arbitré le tournoi provincial des M15 à Kelowna.

« L’arbitre en chef de l’Association de hockey mineur de Penticton a appuyé ma candidature, mais je voulais surtout montrer qu’il y avait des gens comme moi dans le monde du hockey.

« Je suis particulièrement visible. Je n’oublie pas que je suis là pour arbitrer, mais je veux aussi que les gens remarquent mon identité. Peut-être que certains joueurs, entraîneurs ou officiels me verront et réaliseront qu’ils peuvent continuer de jouer au hockey en affirmant leur véritable identité. »

Elle se passionne pour ce sport depuis ses huit ans et a commencé à arbitrer à douze. Aujourd’hui, elle espère faire office de modèle pour les autres. Elle encourage d’ailleurs les gens à lui demander ce qu’ils peuvent faire pour aider les joueurs qui vivent la même expérience.

« Je suis passée par de nombreuses étapes : m’accepter comme je suis, me faire accepter par les autres, transitionner socialement, puis physiquement, partage Dee. J’ai choisi l’hormonothérapie et la chirurgie de réassignation sexuelle, mais ce n’est pas le seul choix valide. C’était le mien. Je vis chaque jour et sans réserve dans la peau de la femme que j’ai toujours été. »

Mario Annicchiarico est un rédacteur pigiste vivant à Victoria. Il a déjà couvert les activités des Oilers d’Edmonton dans la Ligue nationale de hockey et celles de la Ligue de hockey de l’Ouest.

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Lancer un message

La mission de Hockey Terre-Neuve-et-Labrador est parmi les premières au pays à miser sur l’inclusion

Lee Boyadjian
|
09 June 2021

Sécurité. Plaisir. Inclusion. Parmi les trois piliers de l’énoncé de mission de Hockey Terre-Neuve-et-Labrador (HNL), il y en a un qui lance un message distinct à toute personne voulant sauter sur la glace.

« Nous voulions faire en sorte que tout le monde qui souhaite pratiquer notre sport puise le faire », exprime le Dr Jared Butler, vice-président et médecin en chef de HNL.

« Si vous lisez notre énoncé de mission, vous y trouverez le mot inclusive aux côtés des mots sécuritaire et amusante, et nous croyons que ce sont trois facteurs clés de l’essor du hockey », fait remarquer le directeur administratif de HNL, Craig Tulk. « L’essence même et la valeur de nos programmes consistent à favoriser une participation inclusive. »

L’énoncé de mission – Favoriser une expérience au hockey sécuritaire, amusante et inclusive – a été adopté au printemps 2020. Tulk affirme que l’intention est de veiller à ce que tout le monde, peu importe le genre, l’origine ethnique, le handicap ou le niveau d’habileté, se sente bienvenu sur la glace partout dans la province.

L’idée d’intégrer la notion d’inclusion à l’énoncé de mission est liée à la politique d’inclusion des personnes trans de HNL, rédigée par le D r Butler en 2019.

« Le but était d’essayer d’établir une tendance et de sensibiliser les gens à la nécessité d’être plus inclusifs et d’obtenir la participation de tout le monde à notre sport », explique le Dr Butler. « Le hockey est le sport du Canada, et il n’y a aucune raison qu’une personne ne puisse y jouer en raison d’une identité de genre différente de celle qu’elle avait à la naissance. »

Le Dr Butler traite plusieurs patients dans le cadre de sa pratique en médecine familiale et sportive dans le centre de la province de Terre-Neuve-et-Labrador. Il raconte qu’il a eu l’inspiration d’élaborer cette politique quand il a aidé un patient dans sa quête complexe de sa propre identité. Au cours des deux mois au cours desquels il a rédigé la politique, il a consulté les parents du jeune homme, un psychologue pour enfants, un médecin spécialisé en soins pour personnes trans et un athlète trans.

« Faire participer des enfants qui pourraient autrement ne pas être enclins à le faire, et ce, à l’endroit et avec les personnes de leur choix, c’est ce qui compte le plus », confie le Dr Butler.

« Nous voulons pouvoir dire au public que les adeptes du hockey ont la possibilité de participer à nos programmes d’une manière avec laquelle ils sont à l’aise », ajoute Tulk.

La politique d’inclusion des personnes trans fournit des renseignements sur l’admissibilité des athlètes, une politique sur les vestiaires et un guide de mise en œuvre. Cependant, aux yeux du Dr Butler et de Tulk, le rôle le plus important de la politique pour HNL est de faire savoir que tout le monde est le bienvenu.

« Nous sommes fiers du stade où nous en sommes, mais nous avons encore beaucoup de travail à faire et nous sommes prêts à nous y attaquer », commente Tulk.

« Juste de penser que les athlètes peuvent se rendre à l’aréna et jouer avec qui ils veulent sans se faire de soucis et de savoir que nous sommes pour eux un havre de paix, c’est phénoménal » témoigne le Dr Butler. « Pour moi, c’est tout ce qui compte. Si les enfants sont contents, s’amusent en jouant au hockey et se font des amis, tous ces efforts en valent la chandelle. »

Pour plus de renseignements sur la politique d’inclusion des personnes trans de Hockey Terre-Neuve-et-Labrador, veuillez visiter le HockeyNL.ca.

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Pour plus d'informations :

Esther Madziya
Responsable, communications
Hockey Canada

(403) 284-6484 

[email protected]

 

Spencer Sharkey
Responsable, communications
Hockey Canada

(403) 777-4567

[email protected]

 

Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
Hockey Canada

(647) 251-9738

[email protected]

 

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