Le Collège de Stanstead est bien représenté au Championnat mondial féminin
des M18 2022 de l’IIHF, présenté au Wisconsin.
En effet, Alexia Aubin et Karel Préfontaine, deux porte-couleurs des
Spartans de cette école secondaire des Cantons-de-l’Est, au Québec,
ont été sélectionnées parmi les 13 attaquantes de la formation
canadienne au tournoi.
Les deux joueuses ont amorcé leur parcours dans le hockey au sein d’équipes
composées majoritairement de garçons avant de faire le saut avec des
équipes féminines.
« Je me rappelle la première fois que je l’ai vue, je jouais contre elle
quand j’étais plus jeune dans la division bantam avec les As de Québec,
explique Aubin. J’avais peur d’elle. Elle était plus petite que moi, mais
elle était intimidante. Dans un concours de "push-up", c’est elle qui va
gagner. Elle a de gros bras et de grosses épaules, mais quand tu apprends à
la connaître, c’est un nounours. Elle est toujours fine, souriante et
joyeuse. »
Après s’être affrontées pendant plusieurs années, elles se sont retrouvées
avec la même équipe lorsqu'on leur a offert une place à Stanstead.
« Lors d’un match à Ottawa, l’entraîneur-chef de l’école était venu voir la
rencontre, raconte Préfontaine qui est originaire de Gatineau. J’ai dû
faire bonne impression parce qu’il a contacté mes parents. Il leur a
demandé si on pouvait le rencontrer, car il y avait un camp estival à
Stanstead. Il était vraiment intéressé. On est allé faire un tour au
collège cet été-là. On a continué à parler avec lui, et j’ai ensuite pris
la décision d’y aller l’année suivante. »
De son côté, Aubin a profité d’un heureux hasard pour se retrouver à cet
établissement scolaire situé aux abords de la frontière américaine.
« Ma mère est amie avec la sœur du directeur du programme de hockey à
Stanstead, révèle la joueuse de 16 ans. C’est comme ça que les liens se
sont faits. Il a entendu parler de moi et je suis allée visiter l’école un
été. J’avais vraiment aimé ça. Ça m’a donné le goût d’aller là. »
Cette saison, l’équipe a pu participer au Défi mondial féminin des écoles
sport-études à Winnipeg, un tournoi réunissant des écoles privées du Canada
et des États-Unis. C’est Stanstead qui a remporté la compétition en
défaisant Kelowna en finale.
« On a quand même eu un bon départ, analyse Préfontaine qui jouera pour
l’Université Cornell à partir de l’automne 2023. Ça nous a aidées à nous
donner du rythme en vue de la finale. On était plus prêtes que quand on est
arrivées là-bas. On a croisé le fer avec de bonnes équipes, surtout Kelowna
qu’on avait vraiment hâte d’affronter. C’était plaisant de les battre en
finale. »
« On était toutes fébriles d’aller à Winnipeg, de prendre l’avion et de
participer à un tournoi, se rappelle Aubin qui a grandi à Lévis. On savait
que ce serait notre dernier tournoi ensemble. Ç’a super bien été. On
n’avait jamais battu Kelowna. Notre victoire nous a fait réaliser qu’on
était plutôt bonnes. Les filles étaient très positives. »
À la fin décembre 2021, seule Préfontaine avait été sélectionnée pour faire
partie de l’équipe canadienne qui aurait dû participer au Mondial des M18
aux dates habituelles.
Aubin a, quant à elle, utilisé cette annulation pour avoir une nouvelle
chance de faire l’équipe lorsque le tournoi reprendrait. Elle est
d’ailleurs la plus jeune joueuse de la formation canadienne et compte
acquérir de l’expérience en vue du tournoi de l’année prochaine puisqu’elle
sera encore admissible à y participer.
« Je suis arrivée au deuxième camp avec le couteau entre les dents, affirme
celle qui a obtenu une aide dans le match de mardi face à la Suède. Je
voulais me démarquer et leur montrer ce que je pouvais faire. Je pense que
c’était plus stressant pour Karel qui devait garder sa place alors qu’elle
avait déjà été sélectionnée. Dans mon cas, je n’avais qu’à faire l’équipe
tandis qu’elle tentait d’y rester. »
Il est évident que ce choix allait faire plaisir à Préfontaine qui
retrouverait un visage familier dans la formation.
« C’est sûr que c’est rassurant parce qu’elle parle français, révèle celle
qui a été nommée capitaine adjointe avec la formation canadienne. C’est
bien d’avoir quelqu’un que tu connais. Je sais ce qu’elle vit. On est
toutes les deux entourées de joueuses anglophones. On n’est peut-être pas
aussi à l’aise qu’elles lorsqu’on parle anglais donc ça aide. C’est une
bonne amie à moi. S’il y a quoi que ce soit, je
sais que j’ai quelqu’un à qui je vais pouvoir aller parler. Je la comprends
mieux que n’importe qui d’autre dans l’équipe canadienne. »
Toutes les jeunes femmes qui participent au championnat représentent le
Canada sur la scène internationale pour la première fois de leur carrière.
Selon Aubin, il y a beaucoup de fierté au sein du groupe.
« On est arrivées dans le vestiaire et nos chandails étaient déjà
accrochés, partage celle qui pourra recevoir des offres d’universités dès
le 15 juin prochain. On les a enfilés. Toutes les filles étaient vraiment
émotives. On s’est regardées et on avait les larmes aux yeux. On s’est
donné des câlins. Je pense que le fait de représenter ton pays et ses
valeurs, c’est quelque chose de beau. »
Toutefois, elle rappelle que plusieurs joueuses telles que Blayre Turnbull
ont participé aux Jeux olympiques sans pour autant être sélectionnées au
Mondial des M18.
Ce tournoi ne représente donc pas le but ultime, mais plutôt une étape vers
les plus hauts sommets.
« Il faut continuer de travailler très fort au fil des années sur la glace,
mais aussi en dehors, confie Aubin. Je pense que je commence bien et je
suis contente de ça, mais je dois continuer de travailler très fort. Ça
s’enligne bien, mais il ne faut pas que je me contente de ça. »
« Tu joues pour Équipe Canada donc tu veux performer, réitère Préfontaine.
Tu veux prouver à tout le monde qu’on t’a choisie pour une raison. Je pense
que c’est plus du stress que de la pression. Il ne faut pas que je prenne
les matchs à la légère. Même si je participe au tournoi des M18, ça ne veut
pas dire que ma place avec l’équipe nationale senior est garantie. C’est un
processus où tu dois travailler fort chaque année. »
La future Marie-Philip Poulin?
Alexia Aubin fait beaucoup parler d’elle depuis quelques semaines alors
qu’elle est souvent présentée comme étant la prochaine Marie-Philip Poulin.
« C’est gros, affirme la joueuse de 16 ans. Jusqu’à ce qu’il y ait plein
d’articles à mon sujet, je pensais que j’étais juste une fille qui jouait
au hockey comme les autres. Je ne me trouve pas vraiment meilleure que les
autres, mais c’est un grand honneur d’être comparée à elle. C’est une femme
extraordinaire et une excellente joueuse de hockey. C’est flatteur. »
Poulin est la joueuse préférée d’Aubin. D’ailleurs, son père lui a enseigné
au secondaire et a remarqué son côté compétitif.
« J’aime beaucoup Marie-Philip Poulin depuis que je suis jeune, de dire la
jeune attaquante. C’est le modèle de beaucoup de monde dans le hockey
féminin. J’aime son jeu, c’est une fille intense autant défensivement
qu’offensivement. Je prends exemple sur elle. »
Il ne reste plus qu’à suivre les traces de la légende canadienne. En
participant au Championnat mondial féminin des M18, Aubin est exactement là
où elle se doit d’être.