Il restait encore trois semaines à la saison régulière de 2011-2012, mais
l'entraîneur-chef Jeff Andrews sentait quelque chose de spécial à propos de
ses Hawks de Pembina Valley.
Lors d'un tournoi avant la saison à Melville, Sask., les Hawks – doubles
championnes en titre de la Ligue de hockey féminin midget du Manitoba – ont
signé quelques victoires faciles avant de croiser le fer avec les Gold
Wings de Weyburn, l'une des meilleures équipes dans la Ligue de hockey
midget AAA de la Saskatchewan.
« Nous avons vaincu Weyburn 5-1 », exprime Andrews. « Tout a commencé là.
C'était le 18 septembre 2011. C'était évident pour moi à partir de là que
nous allions accomplir quelque chose de vraiment spécial avec ce groupe. »
L'équipe avait présenté un dossier de 18-1-1 en saison régulière pour
terminer en tête du classement de la MFMHL. Quatre joueuses ont terminé
parmi les dix meilleures pointeuses du circuit. Incluant les matchs de la
ligue, les Hawks ont disputé 72 matchs cette saison-là. Ils en ont remporté
54.
« Habituellement, chaque année une équipe doit passer à travers une
épreuve, mais nous n'avions rien eu de majeur », confie la capitaine des
Hawks, Madison Hutchinson. « Nous avions une solide équipe. Nous jouions
pour chacune d'entre nous à chaque match. »
Juste avant le championnat provincial, l'équipe a participé à un tournoi à
Shattuck-St. Mary’s à Faribault, Minn. Les Hawks ont fait match nul avec
les Queens de Thunder Bay – les championnes de la Coupe Esso 2010 – avant
de s'incliner 3-1 devant l'équipe féminine de Shattuck. Ensuite, elles se
sont mesurées au Mission de Chicago, une autre équipe de joueuses de M19.
Pointage final : Chicago 7, Pembina Valley 1.
« Nous avions atteint un point où nous devions nous regarder dans le miroir
et nous dire que cette équipe venait de nous démolir et de nous faire
paraître comme une équipe bien ordinaire », exprime Andrews. « Ce fut un
réveil pour nous. »
Les Hawks sont retournées à la maison et ont gagné trois séries 3 de 5 de
suite par balayage, battant les Chiefs de Yellowhead, l'Ice de Winnipeg et
les Avros de Winnipeg pour remporter un troisième championnat de la MFMHL
de suite.
Mais le plus gros obstacle les attendait à Wilcox, Sask.
Les Hounds de Notre Dame venaient de participer deux années de suite à la
Coupe Esso, gagnant le Championnat national midget féminin du Canada en
2011 et repartant avec la médaille d'argent en 2010. Les deux fois, elles
avaient battu les Hawks au championnat régional de l'Ouest pour se rendre à
la Coupe Esso.
Toute la saison, les Hawks s'étaient mesurées à une compétition plus forte
– comme à Shattuck-St. Mary’s – pour se tester, encaissant les coups qui
viennent avec des défaites. « Nous avons essayé d'affronter des équipes qui
allaient nous pousser et nous permettre de grandir », commente Andrews, «
pour faire face à de l'adversité et savoir quoi faire et comment répondre
en pareille circonstance dans l'avenir. »
Les Hawks ont ouvert la machine tôt dans le premier match, l'emportant 2-1.
Elles ont pris une avance de 2-0 dans le deuxième duel avant de voir les
Hounds pousser le match en prolongation.
« Nous avons alors senti la soupe chaude », affirme Andrews.
Mais tout s'est bien passé par la suite. Le tir frappé de Lauren Keen du
haut du cercle de mise au jeu a mis fin à la série en prolongation.
« Quand cette rondelle a touché la cible, je me suis sentie comme si je
venais de monter une montagne », affirme Andrews. « Battre Notre Dame nous
a donné du vent dans les voiles avant le championnat national. »
Pembina Valley a amorcé la Coupe Esso avec une séquence de 22 victoires de
suite en matchs de ligue et en séries éliminatoires. À Charlottetown,
Î.-P.-É, l'équipe avait d'abord rendez-vous avec le Thunder d’Edmonton, qui
effectuait une quatrième présence de suite à la Coupe Esso.
Les deux clubs ont joué 65 minutes sans faire scintiller la lumière rouge
avant que le but de Jessica Kaminsky en septième ronde des tirs de barrage
ne donne finalement la victoire aux Hawks.
« Ce match a donné le ton à la semaine », lance Hutchinson. « Dès le
départ, nous avons pu voir comment nous devions jouer. »
La cerbère Brittni Mowat a été parfaite à nouveau le lendemain dans un gain
de 4-0 contre les Rebelles du Saguenay-Lac-St-Jean. Quand le Metro Boston
Pizza a fait mouche en deuxième période au jour 3 de l'événement, Mowat a
alors vu sa séquence sans accorder de but s'arrêter à 157 min 08 s, ce qui
est encore à ce jour le record de la Coupe Esso. Ce fut le seul tir de la
journée qu'elle n'a pu bloquer, dans un triomphe de 2-1.
La gardienne de but auxiliaire Kristen Hunt a ensuite effectué 24 arrêts
dans un gain de 4-2 face aux Cyclones de Capital City, l'équipe hôte, pour
permettre à Pembina Valley d'améliorer sa fiche à 4-0.
La séquence victorieuse a pris fin en ronde préliminaire. Les Queens de
Thunder Bay, également invaincues jusque-là, ont poursuivi leur domination
offensive dans un gain de 5-4. Les Queens ont marqué 36 buts en cinq
rencontres, soit 22 de plus que la deuxième meilleure équipe à ce chapitre,
les Hawks.
« C'était intéressant parce que Thunder Bay avait survolé la compétition
tout au long du tournoi », fait remarquer Andrews. « Il y avait vraiment un
sentiment qu'elles allaient triompher. Tout le monde parlait à quel point
elles étaient bonnes. C'était assez facile pour nous de passer en dessous
du radar. »
Mais le fait de perdre seulement une fois en ronde préliminaire a prouvé
que les Hawks pouvaient rivaliser avec elles.
« Nous ne nous considérions pas comme les favorites avant d'entreprendre le
tournoi », exprime Andrews. Se faire trop d'attentes les aurait
inévitablement menées vers une déception. Mais l'espoir était là tout au
long : si l'équipe jouait de la façon dont elle l'avait fait durant
l'année, elle aurait une chance de se rendre jusqu'à la fin. « Alors il ne
faut pas se surprendre quand on est rendu là », dit alors Andrews. « Et
saisir le moment si vous en avez la chance. »
Cassidy Carels a inscrit les deux buts des Hawks dans un gain de 2-1 en
demi-finale contre le Thunder.
Elle en a marqué deux autres au match pour la médaille d’or contre Thunder
Bay et Mowat – nommé Meilleure gardienne de but – a repoussé 35 rondelles.
Pointage final? Pembina Valley 4, Thunder Bay 2.
« Nous savions que nous étions les négligées avant le tournoi », lance
Mowat. « Je me souviens des derniers instants, nous étions debout et nous
pensions que nous avions finalement réussi. »
L'affiche accrochée sur la bande du fond s'était avérée prophétique : « 12
villages = Pembina Valley = Coupe Esso! »
« Je n'ai jamais fait partie d'Équipe Canada », raconte Hutchinson, qui a
remporté le titre de Meilleure défenseure, « alors de pouvoir gagner le
trophée pour notre équipe, pour nos petits villages, de plusieurs endroits
du Manitoba dont personne n'a probablement déjà entendu parler, c'était pas
mal cool. »
Mowat a été fêtée à un rassemblement communautaire dans son village
d'origine de Glenboro et Hutchinson a eu droit au même traitement à son
école secondaire de Manitou. L'équipe a été invitée à diverses parades. «
Nous avons fait le tour des villages avec la coupe et notre bannière »,
confie Mowat. « C'était cool de nous rendre dans nos villages et de montrer
ce que nous avions mérité. »
Hutchinson a continué de jouer avec l'équipe quand elle revenait à la
maison pour Noël en provenance de l'Université Bemidji State, où elle et sa
colocataire Mowat en sont à leur quatrième année.
Les deux hockeyeuses encourageront les Hawks de cette année quand la
formation sera l'hôte de la Coupe Esso 2017. Il y a cinq ans, la jeune sœur
de Hutchinson, Mackenzie, regardait l'action depuis les estrades, tandis
que Madison recevait la coupe au nom de l'équipe. Mackenzie est aujourd'hui
la capitaine des Hawks et Madison a partagé ce qu'elle a appris.
« Il faut jouer chaque match comme si c'était le dernier », explique
Hutchinson. « Vous ne pouvez pas dire "J'aurais dû faire si, j'aurais dû
faire ça". Il faut tout donner à chaque partie. »
En d'autres mots, nous devons saisir le moment quand nous en avons la
chance.