Pour l’essentiel, tout ressemble à 2013 pour Geneviève Lacasse.
Elle gare sa voiture sur le même terrain derrière le Markin MacPhail Centre
et elle emprunte le même sentier – elle longe le Joan Snyder Arena, tourne
à droite pour entrer dans l’aréna de WinSport, passe devant les portes
vitrées du Hall des champions arborant le logo de Hockey Canada et tourne à
gauche pour pénétrer dans le vestiaire d’Équipe Canada.
Même le calendrier est similaire – cinq mois de matchs contre des équipes
de la Ligue de hockey midget de l’Alberta et une série de six matchs contre
les États-Unis, sans oublier la Coupe des 4 nations.
Mais là s’arrêtent les ressemblances. Il s’agit peut-être de la même
centralisation, mais c’est une tout autre gardienne de but.
Il y a quatre ans, Lacasse s’est rendue à Calgary après avoir été nommée
Gardienne de but de l’année de la Ligue canadienne de hockey féminin
(LCHF), mais avec seulement trois matchs sur la scène internationale à son
actif, elle était inscrite derrière les médaillées d’or Shannon Szabados et
Charline Labonté au tableau des performances.
Elle a revêtu l’uniforme une seule fois à Sotchi, n’a pris part à aucun
match et a regardé nerveusement des gradins lorsque le Canada a effectué
une remontée tardive pour vaincre les États-Unis en prolongation et
remporter l’or.
« Aller aux Olympiques, vivre la sensation de gagner [ce fut fantastique,
mais] être dans les gradins a été difficile... je n’avais aucun contrôle et
j’essayais de faire tout ce que je pouvais dans le vestiaire entre les
périodes », dit Lacasse. « Je ne veux certainement pas rejouer le même
rôle. »
Alors lorsque la Montréalaise de naissance qui a grandi à Kingston est
arrivée dans la ville du Stampede en août pour entreprendre un autre
périple olympique, elle avait une tout autre confiance, une confiance bâtie
au fil des hauts et des bas avec l’équipe nationale féminine du Canada et
dans la LCHF.
Après les Jeux de Sotchi, Lacasse est devenue la gardienne de but numéro un
de l’équipe nationale – elle a aidé le Canada à remporter l’or à la Coupe
des 4 nations 2014 à Kamloops, Colombie-Britannique, et était devant le
filet pour son premier Championnat mondial féminin de l’IIHF le printemps
suivant.
Avec son club, elle a ajouté une deuxième Coupe Clarkson à son palmarès en
2015, aidant les Blades de Boston à remporter un autre championnat de la
LCHF tout en accumulant une moyenne de buts contre de 1,68, la meilleure de
la ligue.
Puis la bulle a rapidement éclaté. La création de la Ligue nationale de
hockey féminin à l’été 2015 a entraîné un important exode parmi les
vedettes américaines des Blades, laissant à Lacasse et à sa coéquipière
médaillée d’or Tara Watchorn la tâche de mener une équipe jeune et
inexpérimentée.
Boston s’est retrouvé au bas du classement de la LCHF en 2015-2016, ne
remportant qu’un de ses 24 matchs, et Lacasse n’a jamais été appelée à
endosser le rouge et le blanc avec Équipe Canada.
Mais là où la plupart trouvent de la frustration, Lacasse a trouvé de la
motivation. Elle a été la pierre angulaire des Blades, jouant tous les
matchs sauf un et établissant un record de la ligue en réalisant 1 023
arrêts – une moyenne de 44,5 par match. Elle décrit la saison comme l’une
des plus importantes dans son cheminement pour devenir la gardienne de but
qu’elle est aujourd’hui.
« Pour être gardienne de but, tu dois surveiller les schémas et voir la
façon dont les jeux se développent dans ta zone », dit-elle. « J’ai
certainement vu beaucoup de jeux dans ma zone, et j’ai donc pu voir
beaucoup de schémas, beaucoup de tirs et de rebonds. J’ai probablement vu
l’équivalent de trois saisons [de tirs] comparativement à ce que j’aurais
affronté avec une autre équipe.
« J’ai aussi pu assumer un rôle de leadership au sein de cette équipe; les
filles se tournaient vraiment vers Watchorn et moi, et ce fut bien dans ce
sens, car nous avons motivé les filles. Ce fut sans doute l’une des
meilleures équipes dont j’ai fait partie pour ce qui est de l’esprit
d’équipe, et nous n’avons gagné qu’un match. Je ne changerais pas cette
année-là pour rien. »
Cet été-là, Lacasse est passée de la dernière place à la première. Elle a
été échangée à l’Inferno de Calgary, championne en titre de la Coupe
Clarkson, et cet échange lui a permis de retrouver ses coéquipières
d’Équipe Canada; au cours de la saison 2016-2017, la formation de l’Inferno
comprenait huit joueuses qui se sont jointes à la gardienne de but pour la
centralisation, et Lacasse a aidé Calgary à participer à nouveau à la
finale de la ligue au printemps dernier.
L’échange et un nouveau départ ont fait en sorte que Lacasse devait
affronter les meilleures chaque jour et la situation lui a offert un grand
nombre d’occasions de rehausser son jeu.
« Tu vois l’éthique de travail de tout et chacune, chaque jour », dit-elle.
« Tout donner, sur la glace et dans le gymnase; nous sommes très
compétitives dans tout ce que nous faisons. Nous avons beaucoup joué au spike ball l’an dernier, et la compétition était vive. »
Cette compétition s’est transposée au parcours vers PyeongChang où Lacasse,
Szabados et Ann-Renée Desbiens tentent de trouver un équilibre entre
s’appuyer les unes les autres tout en voulant obtenir le poste principal en
février.
« Je connais Shannon depuis plus longtemps », dit-elle. « Nous nous
poussons, mais nous avons aussi beaucoup de plaisir, et c’est comme ça
aussi avec Desbiens; elle arrive et elle est très calme, et nous nous
motivons les unes les autres. Nous créons des liens; c’est une compétition,
mais nous sommes aussi très détendues.
« Au bout du compte, [nous sommes toutes prêtes à faire] tout ce qu’il faut
pour aider l’équipe. Je sais que nous voulons toutes les trois être devant
le filet pour le match pour la médaille d’or, et c’est notre objectif à
nous toutes. »