Personne au sein de la formation canadienne pour le Championnat mondial
féminin 2017 de l'IIHF n'a joué plus souvent à ce tournoi que Meghan Agosta, ce qui veut dire que personne n'a participé à plus de camps de
préparation qu'elle.
Tout au long de ses sept voyages au championnat mondial, les semaines
précédant le tournoi se sont suivies et se sont ressemblées – retrouver des
coéquipières, rétablir la chimie, s'unir en tant qu'équipe et tenter de
remporter l'or.
Cette année, l'expérience s'avère plus marquante pour Agosta, qui sautera
sur une patinoire près de chez elle. Leamington, Ont., où les Canadiennes
se sont réunies avant de faire le voyage vers le sud pour se rendre au
Mondial, à Plymouth, Mich., se trouve à quelques minutes de Ruthven, sa
ville d’origine.
« Ça ne prend même pas cinq minutes en voiture », dit Agosta au sujet du
trajet qu'elle a fait des centaines de fois durant son enfance. « Il suffit
de prendre l'autoroute 34 qui mène directement à Leamington. Quand je
jouais pour les Capitals de Southpoint, nous avons joué souvent au vieil
aréna de Leamington. »
Le retour de l'héroïne locale – Agosta est triple médaillée d’or olympique
et double championne mondiale – a attiré beaucoup d'amis et de membres de
la famille au Kinsmen Recreation Complex, ce qui comporte de bons et de
moins bons côtés.
« C'est plaisant de croiser des gens à l'aréna », affirme Agosta. « Ils
sont avec leurs enfants, ils me demandent comment ça va et ils me disent
que ça fait très longtemps qu'ils m'ont vue. C'est déchirant, parce que
j'ai envie de continuer de parler avec eux, mais je ne peux pas, car je me
concentre sur le hockey, tandis que les gens veulent des photos et des
autographes. »
Cette semaine marque un premier retour à la maison en plus de deux ans pour
Agosta. Après avoir gagné sa troisième médaille d'or aux Jeux olympiques de
Sotchi en 2014, elle est partie vers l'ouest pour se joindre au service de
police de Vancouver, et les seules vacances qu'elle a sont consacrées à
Équipe Canada.
Ces quelques jours ont donc été particulièrement spéciaux pour elle, qui
vit ainsi un retour à ses racines dans sa petite municipalité et se
rapproche des partisans qui ont pris d'assaut l'aréna dès le premier
entraînement vendredi dernier.
« On s'entend, qui veut assister aux entraînements! L'ambiance est amusante
», dit Agosta en riant. « Nous avons tellement de partisans et tellement de
soutien, c'est incroyable. Leamington est une ville de hockey, et je suis
très chanceuse d'avoir grandi à un endroit où j'ai reçu un tel appui, non
seulement de ma famille et de mes amis, mais de toute la communauté aussi.
»
Ce soutien semble s'étendre d'un océan à l'autre pour Agosta. Comme ses
responsabilités auprès du service de police de Vancouver occupent la
plupart de son temps, elle n'a pas joué de saison complète de hockey avec
une équipe de club depuis sa saison 2012-2013 avec les Stars de Montréal,
où elle a mené la LCHF pour le nombre de points.
Cela dit, elle profite de toutes les occasions possibles pour sauter sur la
glace, et de nombreuses options s'offrent à elle en Colombie-Britannique.
« Je m'entraîne avec les Hawks de Valley West, une équipe midget de Langley
», explique Agosta, « et ces gars-là se comparent aux autres équipes qu'on
affronte pendant une année de centralisation [olympique] – ils sont plus
forts, plus vite, et ils ont une meilleure portée. Ce sont ces gars-là qui
m'aident à atteindre mon plein potentiel en vue de disputer un championnat
mondial. »
« Je joue aussi pour les Centurions de Vancouver (l'équipe de hockey du
service de police de Vancouver), et, maintenant que j'ai 30 ans (elle a
atteint la trentaine le 12 février), je joue dans l'équipe de mon frère
pour les 30 ans et plus. Donc, quand je viens ici, je ne me sens pas
dépassée du tout. J'ai l'impression d'avoir participé à plus de matchs que
d'entraînements, donc ça ne me dérange pas vraiment. »
Ce sont de bonnes nouvelles pour les entraîneurs canadiens, qui comptent
sur Agosta tant sur la glace – elle occupe le sixième rang parmi les
meilleures pointeuses de tous les temps d'Équipe Canada, forte d'une
récolte de 155 points en 155 matchs – qu'à l'extérieur de la patinoire.
En tant que joueuse la plus expérimentée au sein de la formation, Agosta
doit jouer un rôle de meneuse et aider à préparer la prochaine génération.
Pour elle, c'est un rôle qui s'apparente à son travail à Vancouver et
qu'elle prend très au sérieux.
« Comme policière, j'ai beaucoup de responsabilités, et j'ai le même état
d'esprit ici [pendant le camp] », affirme Agosta. « Mon expérience et mes
connaissances au hockey sont plus grandes, donc je peux faire partie des
joueuses qui prennent les plus jeunes sous leurs ailes pour qu'elles se
sentent à l'aise et en confiance. »
Avec un bagage de près de 13 ans de hockey avec Équipe Canada, Agosta
hésite à parler de son avenir dans le sport. Elle sait qu'elle veut tenter
une nouvelle conquête de l'or aux Jeux olympiques l'année prochaine à
PyeongChang, mais cette décision implique une année de congé du service de
police de Vancouver, un sacrifice qu'elle se dit prête à faire.
Pour l'instant, elle se concentre sur le moment présent et ne se préoccupe
pas du reste.
« Je prends les choses une journée à la fois. Je suis très chanceuse de
pouvoir encore être dans cette position, où j'ai une carrière à temps plein
tout en pratiquant ce sport que j'aime tant », estime Agosta.
« Dans mon métier, on ne sait jamais ce qui nous attend au travail d'une
journée à l'autre, on peut devoir risquer nos vies, donc je ne tiens rien
pour acquis. Le simple fait de me rendre à l'aréna, d'être excitée
d'enfiler mes patins et de porter ce chandail… ça ne perd jamais de son
charme, vraiment. »