Les étoiles montantes du sport en vedette
Célébrer la prochaine génération d’athlètes de la communauté noire du Canada qui s’illustrent au hockey grâce à leur talent, leur dévouement et leur amour du sport
La prochaine génération de hockeyeuses et hockeyeurs canadiens regorge de talents.
En ce Mois de l’histoire des Noirs, voici quelques noms à retenir d’athlètes en train de laisser leur marque tant à l’échelle nationale qu’à l’international.
Megan Duplantie (Laval, Québec)
Duplantie joue au hockey depuis l’âge de quatre ans. Après les M9 au hockey féminin, elle a rejoint les garçons au sein des Patriotes de Laval, chez les M11. Ses prouesses au hockey masculin lui ont valu une invitation à l’école Kent, au Connecticut.
Maintenant âgée de 17 ans, Duplantie a eu l’honneur d’être sélectionnée au sein d’Équipe Québec en vue des Jeux d’hiver du Canada à l’Île-du-Prince-Édouard, mais a dû déclarer forfait en raison d’une blessure.
Evan Elliott (Whitby, Ontario)
Membre des Wildcats de Whitby dans la division M16 AAA, Elliott représentera l’Ontario aux Jeux d’hiver du Canada 2023. En 32 rencontres cette saison, Elliott a montré toute l’étendue de son talent offensif, récoltant 18 buts et 21 mentions d’aide.
Lors du tournoi à l’Île-du-Prince-Édouard, il a inscrit deux buts en ronde préliminaire ainsi qu’une mention d’aide dans une victoire en quart de finale face au Nouveau-Brunswick.
Maasilan Etchart (Ottawa, Ontario)
Etchart a gravi les échelons au sein du programme des Nationals de Rockland, faisant ses débuts cette saison dans la Ligue de hockey du Canada central. L’arrière de 15 ans présente une fiche de six buts et autant de mentions d’aide en 32 parties cette saison chez les M18 AAA.
Etchart a joué un rôle prépondérant à la ligne bleue de l’équipe ontarienne lors des Jeux d’hiver du Canada 2023, et a obtenu son premier but du tournoi en quart de finale.
A RIP FROM ETCHART 2007 born Ottawa, ON native Maasilan Etchart with a perfect shot from the high slot as he scores his 6th of the season for the @RocklandNatsU18 pic.twitter.com/XPwLJvgJIO
— HEO U18 AAA (@HEOU18AAA) January 30, 2023
Jade Iginla (Lake Country, Colombie-Britannique)
Iginla continue de monter en rang au sein de l’équipe nationale féminine du Canada. La fille de Jarome – membre du Temple de la renommée – est en train de tracer sa propre voie , elle qui a participé à la conquête de la médaille d’or de l’équipe nationale féminine des moins de 18 ans du Canada au Championnat mondial féminin des M18 2022 de l’IIHF.
Après avoir raté la ronde préliminaire du tournoi en raison d’une blessure, Jade a fait son entrée en scène avec Équipe Canada en quart de finale. En trois matchs, elle a inscrit un but et deux aides.
L’ancienne de la Rink Hockey Academy (RHA) à Kelowna en est à une première campagne à l’Université Brown, et ses 15 buts et 21 points la placent au sommet du classement de son équipe.
.@jadeiginla snipe to get 🇨🇦 started!#U18Worlds | @IIHFHockey pic.twitter.com/022rN59DAf
— Hockey Canada (@HockeyCanada) June 12, 2022
Tij Iginla (Lake Country, Colombie-Britannique)
À l’image de sa sœur aînée, Tij a fait ses débuts avec Équipe Canada en 2022, s’alignant avec Canada Rouges lors du Défi mondial de hockey des moins de 17 ans. Fort d’une récolte de deux buts et cinq mentions d’aide en sept affrontements, Iginla a aidé son équipe à remporter la médaille d’argent.
Le centre de 16 ans, qui en est à sa saison recrue avec les Thunderbirds de Seattle dans la WHL, a obtenu trois buts et 11 aides en 39 rencontres jusqu’ici. Il sera admissible au repêchage 2024 de la LNH.
Iginla off the rush! Tij opens the scoring for the @SeattleTbirds. pic.twitter.com/iVBpTpLwQF
— The WHL (@TheWHL) January 22, 2023
Cayden Lindstrom (Chetwynd, Colombie-Britannique)
Après un bref passage de six matchs dans la WHL en 2021-2022, Lindstrom assume pleinement son rôle à sa première campagne avec les Tigers de Medicine Hat.
Comptant actuellement 14 buts et 30 points en 45 parties – ce qui le place au septième rang des pointeurs de son équipe – Lindstrom a été un ajout de dernière minute à la formation de Canada Blancs lors du Défi mondial de hockey des moins de 17 ans 2022. Il a pourtant bien fait sentir sa présence au tournoi, comme en fait foi sa fiche de quatre buts et deux aides en six parties.
Forget speed of sound, this Cayden Lindstrom shot reached the speed of light.@tigershockey pic.twitter.com/T5uVKzCYH2
— The WHL (@TheWHL) December 17, 2022
Jordan Martin (Abbotsford, Colombie-Britannique)
Martin n’avait que trois ans quand il a chaussé les patins pour la première fois. Il voulait suivre les traces de son frère Jayden, qui a joué pour la Yale Hockey Academy avant de se joindre aux Outlaws de Mission City. C’est maintenant au tour de Jordan de laisser sa marque avec Yale, chez lui.
Le défenseur de 16 ans a obtenu deux buts et 13 points en 25 parties cette saison avec l’équipe préparatoire des M18. Sélectionné 41e au total par les Blades de Saskatoon lors du Repêchage des espoirs 2022 de la WHL, Martin a récolté une mention d’aide jusqu’ici pour Équipe Colombie-Britannique aux Jeux d’hiver du Canada.
Harry Nansi (Nepean, Ontario)
C’est pendant une séance de patinage libre que Nansi, âgé de six ans à l’époque, a aperçu une équipe de hockey s’entraîner sur une autre patinoire. Il n’en fallait pas plus pour que lui aussi veuille s’essayer. Aujourd’hui, le jeune de 15 ans présente des chiffres fort impressionnants.
En 2021-2022, il a inscrit 15 buts et 45 points en 25 matchs de saison régulière avec les Myers Automotive d’Ottawa, dans la division M15 AAA. Cette saison, il est en train de se faire un nom avec les Raiders de Nepean chez les M18 AAA grâce à une récolte de 21 buts et 47 points en 34 affrontements, en plus d’avoir pris part à deux matchs pour Équipe Ontario aux Jeux d’hiver du Canada. Nansi confie qu’il s’inspire d’Anthony Duclair, qui selon lui « n’est pas qu’une personne de couleur, mais aussi quelqu’un de très humble, qui travaille fort et qui est infatigable sur la glace. »
WOW!! 🤯 What a game for Harry Nansi! (via @RaidersU18AAA) pic.twitter.com/Vvu52PISdU
— NHL (@NHL) September 29, 2022
Jaeden Nelson (Vaughan, Ontario)
Nelson a connu une saison fantastique la saison dernière avec les Myers Automotive d’Ottawa (M15 AAA). En 14 matchs, il a présenté une moyenne de buts alloués de 1,19 et une fiche de 10-2-2, obtenant sept jeux blancs. En séries éliminatoires, il a continué de briller en maintenant une moyenne de 1,20 et un dossier de 5-0 en cinq matchs, signant un jeu blanc.
Le gardien de but des Marlboros de Toronto est l’un des deux portiers d’Équipe Ontario aux Jeux d’hiver du Canada de 2023. L’adolescent de 15 ans a repoussé 29 des 32 rondelles dirigées vers lui lors d’un revers en prolongation contre l’Alberta en ronde préliminaire et il s’est fait battre deux fois sur 25 tirs dans un gain en quart de finale face au Nouveau-Brunswick.
Highlights of @TorontoMarlboro goaltender Jaeden Nelson from the Toronto Titans U16 Early Bird Prospect Tournament this past weekend. Check out these tremendous saves made him during the event!! #OHLDraft #2023OHLDraft pic.twitter.com/eIvvLNyAN8
— Pinnacle Hockey Management (@_pinnaclehockey) October 6, 2022
Aaron Obobaifo (Calgary, Alberta)
Obobaifo, qui porte les couleurs d’Équipe Alberta ce mois-ci aux Jeux d’hiver du Canada, est voué à un bel avenir. La saison dernière, le joueur de Calgary a eu une année remarquable avec la formation M14 AAA de Shattuck-St. Mary’s au Minnesota, où il a récolté 44 buts et 91 points en 52 parties.
Cette performance a attiré l’attention des Giants de Vancouver, qui ont sélectionné Obobaifo 19e au total lors du Repêchage des espoirs 2022 de la WHL. Selon le dépisteur en chef des Giants, Terry Bonner, le jeune de 16 ans est « un fort patineur et un compétiteur avec de bonnes mains et une bonne touche autour du filet. » Cette saison, l’attaquant a accumulé 34 buts et 21 aides en 43 rencontres avec l’équipe M15 AAA de Shattuck. Obobaifo a obtenu un but et deux aides jusqu’ici aux Jeux d’hiver du Canada, aidant Équipe Alberta à atteindre les quarts de finale.
Cameron Schmidt (Prince George, Colombie-Britannique)
Schmidt, qui a déjà joué deux matchs dans la WHL, fait partie d’Équipe Colombie-Britannique. Le joueur d’avant a fait ses débuts dans la WHL le 6 janvier avec Vancouver, qui l’a choisi au septième rang lors du Repêchage des espoirs 2022 de la WHL. Il a inscrit son premier filet dans ce circuit pour aider les Giants à vaincre les Tri-City Americans 3-2.
Le jeune de 16 ans a 11 buts et 19 points en 12 matchs cette saison avec la Rink Hockey Academy (RHA) à Kelowna. Depuis le début des Jeux d’hiver du Canada, il a accumulé deux buts et quatre aides.
We’ve got a rookie lap for 7th overall pick Cameron Schmidt! pic.twitter.com/51n3THbVW4
— Vancouver Giants (@WHLGiants) January 7, 2023
Malcolm Spence (Mississauga, Ontario)
Après une récolte de 56 points en 28 affrontements à sa dernière saison avec les Senators de Mississauga, Spence a été repêché deuxième au total lors de la sélection prioritaire 2022 de l’OHL. À sa première campagne avec les Otters d’Erie, il a obtenu 12 buts et 16 aides jusqu’à maintenant, ce qui le place parmi les dix meilleures recrues de l’OHL au chapitre des points.
Ses performances lui ont valu une sélection au sein de Canada Noirs lors du Défi mondial de hockey des moins de 17 ans 2022, où il a récolté une aide en deux matchs sur la scène internationale avant de subir une blessure qui a mis fin à son tournoi.
WHAT A GOAL FROM MALCOLM SPENCE 😱 The second-overall pick strips the defender of the puck and dekes around the goaltender to bring the @ErieOtters within one 🎥 pic.twitter.com/61uj5qE6vP
— OntarioHockeyLeague (@OHLHockey) January 13, 2023
Nathan Watson (Mascouche, Québec)
Watson a été inspiré par les Canadiens de Montréal lorsqu’il les regardait à la télévision à l’âge de quatre ans. Onze ans plus tard, le natif de Mascouche, au Québec, a récolté trois mentions d’aide pour sa province aux Jeux d’hiver du Canada.
Watson étudie à la Cardigan Mountain School au New Hampshire, où il a été nommé Joueur par excellence de son équipe cette saison. Il s’est aussi signalé ailleurs qu’à l’aréna; la communauté de Cardigan l’a honoré avec un prix pour son leadership lors de l’année scolaire 2022-2023.
Bill Zonnon (Montréal, Québec)
Zonnon a fait rapidement tourner des têtes dans la LHJMQ. Choisi sixième au total au au repêchage 2022 de la LHJMQ, Zonnon n’a pas tardé à se mettre au travail. Il a connu une séquence de sept matchs de suite avec au moins un point, soit cinq buts et sept aides, avant d’être nommé Recrue du mois de septembre et d’octobre. L’athlète de 16 ans a 15 buts et 17 aides cette saison; il se trouve au septième rang des pointeurs des Huskies de Rouyn-Noranda et au neuvième échelon parmi les recrues de la ligue.
Il a également joué avec Canada Blancs au Défi mondial de hockey des moins de 17 ans 2022, notamment aux côtés de Lindstrom. L’ailier gauche a disputé six parties, accumulant un but et deux aides.
Le festin offensif se poursuit! Bill Zonnon inscrit son 2e du match ! C'est notre 6e but de la 2e période! RN 6 DRU 0#LHJMQ pic.twitter.com/OcMTRmEnua
— Huskies de Rouyn-Noranda (@HuskiesRn) January 21, 2023
L’implacable résilience de Réginald
Peu bavard, Réginald Savage s’est exprimé sur la patinoire en ne reculant devant aucune épreuve, ce qui lui a ouvert bien grandes les portes du Temple de la renommée de la LHJMQ
Discret. Empathique. Humble. Résilient.
Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire Réginald Savage. Cet ancien joueur, aimé de tout le monde, a rendu l’âme le 24 décembre en Floride. Un cancer fulgurant a eu raison de lui, à seulement 53 ans.
« À ses funérailles aux États-Unis, plusieurs personnes qui l’ont connu après sa carrière de joueur nous disaient qu’elles ne savaient même pas qu’il avait joué au hockey », raconte fièrement Sonia Savage, sa sœur aînée. « Il ne se vantait jamais de ça. »
Des raisons de parler de ses exploits, il en aurait pourtant eu plusieurs. Ce pionnier de la communauté noire du hockey québécois a été un prolifique marqueur des Tigres de Victoriaville dans les années 1980. 177 buts et 329 points. C’est ce qu’il a accumulé en 185 matchs de 1987 à 1990 avec les Tigres, qui ont retiré son numéro 77 en 2011.
Son grand impact sur la glace lui aura ouvert les portes du Temple de la renommée de la LHJMQ; le 29 décembre dernier, la ligue a annoncé son intronisation au sein de la prochaine cuvée. Un choix unanime du comité de sélection.
Malheureusement, Réginald ne l’aura jamais su. Il a rendu son dernier souffle avant. Entouré de ses proches, la veille de Noël.
Fidèle à lui-même, il a été combatif jusqu’à la toute fin pour réussir à dire un dernier au revoir à son fils, Félix-Antoine.
À des milliers de kilomètres de son père, le jeune homme de 27 ans a mis fin abruptement à ses vacances en Europe pour venir à son chevet.
« Il m’a attendu, confie-t-il. Je suis arrivé en début d’après-midi et vers 17 h, il est décédé. »
Ce n’était pas la première fois que les deux étaient loin l’un de l’autre. Réginald et Félix-Antoine n’ont pratiquement jamais habité ensemble. Après un stage exceptionnel dans le junior, Réginald a connu une longue carrière professionnelle qui l’a fait voyager aux États-Unis et en Europe.
La distance ne l’a toutefois jamais empêché de rester soudé avec les siens.
« Mes parents se sont séparés lorsque j’étais jeune », explique Félix-Antoine, qui a lui aussi joué pour les Tigres de 2012 à 2014. « Je vivais avec ma mère et mon beau-père, mais Regge a toujours été en contact étroit avec eux et présent dans les moments importants de ma vie. Malgré tout, on est toujours restés très proches. »
La grandeur d’homme de Réginald était évidente pour sa garde rapprochée, mais elle a été accentuée lors de l’annonce publique de son décès. Les témoignages de sympathies n’ont pas tardé à fuser aux quatre coins de l’Amérique et du Québec pour ce choix de première ronde des Capitals de Washington en 1988.
« J’ai été vraiment impressionné de voir à quel point mon père avait marqué les gens, commente Félix-Antoine. J’ai revu des images de lui sur la glace. Ça a un peu amplifié ma peine, mais en même temps, j’étais vraiment fier de lui. »
Réginald pose fièrement avec son père Jean-Guy Savage et sa mère Rita Ouellette au Repêchage 1988 de la LNH.
Un grand homme
Discret, Réginald a marqué chaque personne qu’il a croisée sur son passage.
« Regge était un gars qui ne parlait pas, mais il voulait toujours que son monde soit bien, confie Sonia. Un jour, je suis allée le visiter dans un hôtel où il a travaillé après sa carrière de joueur. Quand je suis montée dans ma chambre, il y avait un panier de fruits qu’il avait fait préparer pour moi. Il a fallu que je lui tire les vers du nez pour savoir que cette attention venait de lui. »
Être un homme bon, Réginald l’a appris dès son jeune âge.
Il a été adopté par Jean-Guy Savage et Rita Ouellette, en 1970, à l’âge d’un mois dans un orphelinat. Né dans un hôpital de Montréal d’une mère haïtienne qui avait fui son pays tandis qu’elle était enceinte de lui, il a grandi à St-Hubert avec sa sœur et ses deux frères, André et Pierre.
« Il a été accueilli dans une famille très aimante, ajoute Sonia. Nos parents géraient le restaurant de l’aréna, et on passait notre temps ensemble sur la patinoire. Il était l’un des seuls enfants noirs de la région, mais dans notre famille, on ne constatait pas la différence de couleur que les autres voyaient. Il était l’un des nôtres. »
Réginald à ses débuts sur la patinoire de l’aréna à St-Hubert avec son père Jean-Guy.
Cette différence de couleur, Réginald a dû composer avec autant sur la glace que dans sa vie au quotidien. Sur la route, des partisans l’accueillaient en lui lançant des bananes.
« Quand ça arrivait, ce qui le dérangeait le plus, c’était que ses coéquipiers en payaient le prix aussi, confie Sonia. Mon père lui disait toujours : "Ce n’est pas parce que tu es noir que les gens te lancent des bananes, c’est parce que tu es bon." »
Réginald a pu compter sur un autre allié pour l’aider à briller dans l’adversité : son entraîneur John Paris Jr.
Une rencontre marquante
Sous la gouverne de John avec les Riverains du Richelieu, il a connu un succès monstre dans la Ligue de hockey midget AAA du Québec. Réginald a inscrit son nom dans le livre des records pour ses exploits lors de la saison 1986-1987 : au premier rang pour le plus grand nombre de buts avec 82 et au troisième échelon pour le plus grand nombre de points avec 139. Il a surpassé Mario Lemieux dans ces deux colonnes, rien de moins.
En John, Réginald a découvert non seulement un entraîneur avec qui il a gagné la Coupe Air Canada 1987 (aujourd’hui connue sous le nom de Coupe TELUS), mais aussi un grand ami pour la vie.
La puissante formation des Riverains du Richelieu, championne de la Coupe Air Canada 1987. Réginald pose au centre de la rangée du bas et John Paris Jr. à la gauche de la rangée du haut.
« Reggie était une personne très discrète, mais avec moi, il était beaucoup plus ouvert », se remémore John, aujourd’hui âgé de 77 ans. « Avec les années, nous sommes devenus très proches et nous nous faisions des confidences. Il était un peu comme mon propre fils. »
Ensemble, les deux complices étaient unis dans les triomphes comme dans l’adversité.
« C’était difficile à cette époque, nous avons été victimes d’agressions, même contre nos familles, raconte John. Quand on jouait sur la route, je disais toujours : "On ne rentre pas par la porte arrière, on rentre par en avant, et même chose pour nos familles. Je voulais passer un message. On est ici pour jouer, et on va sortir quand on le décide." »
Réginald aurait pu ainsi avoir toutes les raisons du monde de tenir son fils loin des arénas.
« Il ne l’a pas eu facile au hockey, commente Félix-Antoine. Sa première réaction a été de dire qu’il fallait m’inscrire à un autre sport, il voulait me protéger. Mais aussitôt qu’il a vu des photos de moi sur la patinoire avec mon sourire qui transperçait mon casque, il a réalisé que je serais heureux. »
Félix-Antoine aura une autre occasion de sourire en septembre prochain lorsqu’il reverra des prouesses de son père défiler sous ses yeux.
Réginald était tout sourire au repêchage de la LHJMQ en 2012. Son fils Félix-Antoine a été une sélection des Tigres de Victoriaville.
Célébrer plus qu’une carrière
C’est donc à titre posthume que Réginald sera décoré de l’ultime honneur de la LHJMQ. Un honneur que recevront fièrement les membres de sa famille en son nom le 18 septembre prochain.
Ce prix honorera la mémoire d’un grand joueur. La mémoire aussi d’une personne exceptionnelle, comme son parcours en témoigne.
« Il a vécu des choses difficiles, mais il ne s’est jamais plaint et n’a jamais rabaissé personne, commente Félix-Antoine. Il voyait le bien dans tout le monde. Pour moi, il est la preuve que tout est possible. »
« Sa résilience était l’une de ses plus grandes qualités, ajoute Sonia. Il a prouvé qu’il fallait croire en soi. Même après sa carrière de joueur, il a grimpé les échelons rapidement dans le domaine de l’hôtellerie jusqu’à un poste de directeur de la sécurité. C’est en travaillant fort qu’il est allé au bout de ses rêves. »
L’imparable Réginald aura laissé un riche héritage. Sur la glace, certes, mais à l’image des grands, aussi dans le cœur de bien des gens.
Entretien avec Esther Madziya
La responsable des communications à Hockey Canada parle à cœur ouvert de son cheminement de carrière, de son travail dans les médias sportifs en tant que femme issue d’une minorité et de ce qu’elle souhaite transmettre à la prochaine génération
Si vous travaillez dans les médias et avez couvert l’équipe nationale féminine du Canada au cours des quatre dernières années, vous connaissez assurément le nom d’Esther Madziya.
Et pour ceux et celles qui n’ont pas cette chance, nous avons le plaisir de vous la présenter aujourd’hui.
Responsable des communications à Hockey Canada, Esther a fait partie du personnel de l’équipe féminine qui a remporté la médaille d’or aux Jeux olympiques de Beijing 2022 ainsi que des équipes qui ont triomphé aux éditions 2021 et 2022 du Championnat mondial féminin de l’IIHF. Elle a passé des semaines, voire des mois dans des bulles et en quarantaine pendant la pandémie de COVID-19, loin de ses proches, avec un seul objectif en tête : atteindre l’or.
Outre son travail au sein d’Équipe Canada, Esther fait partie intégrante de la grande famille de Hockey Canada et a reçu le prix Hal-Lewis, remis au membre du personnel de l’année, pour son apport à l’organisation pendant la saison 2018-2019.
À l’occasion de la Journée nationale des femmes et des filles dans le sport et du Mois de l’histoire des Noirs, HockeyCanada.ca s’est entretenu avec Esther pour discuter de son parcours et de l’évolution de l’industrie pour les femmes issues d’une minorité.
HC : Comment as-tu débuté dans les médias sportifs?
EM : J’ai étudié au Southern Alberta Institute of Technology (SAIT) à Calgary en journalisme parlé. Le programme a évolué depuis, mais à l’époque, il s’appelait CTSR : cinéma, télévision, scène et radio. On pouvait ensuite se spécialiser dans le domaine de notre choix.
Avant cela, je ne savais pas trop vers quel domaine m’orienter. J’ai pensé étudier en comptabilité, ce qui n’est pas du tout mon truc, mais j’ai aussi toujours aimé le sport. Alors j’ai fini par me lancer dans le sport. Je me suis inscrite au SAIT dans l’espoir de travailler dans les médias sportifs, peut-être à TSN un jour.
J’ai plutôt trouvé un emploi à la radio. J’ai effectué un stage dans une station de Lethbridge, ma ville natale. La station avait les droits de diffusion des matchs des Hurricanes de Lethbridge. Je faisais les reportages pendant les entractes et mettais à jour les scores et les statistiques. C’est là que tout a commencé.
HC : Quelle était la place des femmes dans le monde des médias sportifs lorsque tu es sortie de l’université?
EM : À l’époque, il n’y avait pas beaucoup de femmes dans le monde du sport. Il n’y avait pas beaucoup de diversité non plus, en radiodiffusion et dans le sport en particulier.
Mes parents m’ont toujours dit : « Quoi qu’il arrive, tu devras travailler plus fort que les autres. Tu devras constamment faire tes preuves, parce que tu es une femme et parce que tu fais partie d’une minorité. Rien ne sera facile pour toi. »
Ça m’est toujours resté. Au SAIT, à l’approche de la remise des diplômes, certaines personnes m’ont dit qu’il me serait plus facile de trouver un emploi parce que j’étais une femme et une minorité. J’avais mes réserves, mais si le fait d’être une femme et de faire partie d’une minorité me permettait de mettre le pied dans la porte, je n’allais pas me gêner. En même temps, si je ne fais pas le travail, la porte ne restera pas ouverte très longtemps.
On revient à ce que mes parents disaient : tu vas devoir travailler deux fois plus fort que les autres si tu veux que des occasions s’ouvrent à toi.
HC : Plus tard cette semaine, tu célébreras tes neuf ans à Hockey Canada; quel a été ton parcours pour en arriver là?
EM : J’ai travaillé à la station de radio de Lethbridge pendant quatre ans, à l’émission du matin et aux reportages sur les Hurricanes pendant les entractes. J’ai ensuite travaillé à la télévision à Global Lethbridge pendant quelques années, puis j’ai eu la chance d’obtenir un poste de journaliste des sports à Global Saskatoon en 2002. Je couvrais surtout de nombreux sports universitaires, notamment le hockey masculin et féminin. C’était devenu ma spécialité. Au football junior canadien, j’ai couvert les Hilltops de Saskatoon. J’ai couvert le volley-ball, le curling – j’ai beaucoup appris sur le curling! –, le hockey de la SJHL, le hockey mineur, tout ce genre de choses.
En 2010, il y a eu des coupes budgétaires, et l’ensemble du milieu était en train de changer. J’ai donc décidé de rentrer à Lethbridge. Je suis retournée à la station de radio, encore à l’émission du matin, et j’ai couvert les matchs des Hurricanes à la télévision et à la radio.
Un an plus tard, la personne responsable des communications des Hurricanes a trouvé un autre emploi dans la Ligue de hockey de l’Ouest, et l’équipe m’a proposé son poste. J’ai fait partie de l’équipe pendant quatre ans avant que le poste à Hockey Canada ne soit annoncé, et j’ai commencé à travailler pour l’organisation en février 2015.
HC : Tu as l’occasion de travailler avec des athlètes d’exception, de voyager dans des endroits extraordinaires et d’être aux premières loges de l’histoire du hockey canadien. Comment c’est?
EM : Honnêtement, c’est difficile à dire, parce qu’à moins de le vivre, on ne peut pas vraiment le décrire. Mais jamais, dans mes rêves les plus fous, je n’aurais imaginé avoir les occasions qui se sont présentées à moi. Je n’aurais jamais imaginé aller dans certains des endroits où je suis allée, avoir l’occasion de travailler avec les athlètes que j’ai côtoyés, avoir l’occasion de couvrir des événements, que ce soit pour le comité organisateur ou au sein d’une équipe.
Je pense que ce qui rend cet emploi spécial, c’est aussi ce qu’il représente pour mes proches. Ma famille est extrêmement fière de me voir occuper ce poste aujourd’hui, même si je n’étais pas toujours très centrée sur mes études lorsque j’étais plus jeune.
Il m’est arrivé d’organiser une conférence de presse et que ma famille dise fièrement : « C’est notre enfant. C’est ma sœur. C’est ma fille. » Ils en sont très fiers, et ça me touche énormément. J’essaie toujours d’être très respectueuse, de travailler fort et de faire honneur au nom Madziya. Cela représente beaucoup pour eux, autant que pour moi.
HC : Tu as parlé de ta famille à plusieurs reprises et de l’influence qu’elle a eue sur toi. Quelle a été l’importance de ce soutien au cours de ta carrière?
EM : Peu importe ce que je voulais faire dans la vie, ils ont toujours été à mes côtés. Et je pense que, lorsqu’on est enfant, c’est une bonne chose que nos parents nous disent, « Nous sommes très fiers de toi, quoi que tu fasses. Nous voyons le travail que tu fais. »
Notre nom de famille est Madziya. Nous sommes la seule famille Madziya au Canada, et c’est une grande source de fierté. Leur soutien est très important, ils ont toujours été là pour moi. Ma mère me dit toujours : « Pense aux occasions qui t’ont été offertes, aux emplois que tu as eus, et sois reconnaissante. Et même s’il y a des moments difficiles en cours de route, ces épreuves te rendent plus forte, et c’est grâce à elles que les occasions continuent de se présenter à toi. »
HC : Être l’un des visages d’Équipe Canada auprès des médias nationaux et internationaux… Est-ce que cela a un peu plus de poids, un peu plus de signification, parce que tu es une femme issue d’une minorité?
EM : Tout à fait. Parce qu’il subsiste toujours un petit doute. As-tu vraiment ta place ici? Fais attention à ta démarche, à ton attitude, à tes relations avec les autres médias, car si tu offenses quelqu’un, il est facile de dire, « c’est elle qui a fait ça ».
Je pense toujours à travailler deux fois plus fort. Je ne veux pas faire de faux pas, car j’ai l’impression que quelqu’un attend que je fasse une erreur pour dire, « Vous voyez, cette personne ne peut pas le faire. Elle n’est pas qualifiée, elle n’a été embauchée que pour des raisons symboliques. »
Ces choses sont imprimées dans mon esprit. Je ne pense pas qu’elles disparaîtront un jour.
HC : Le hockey féminin s’est développé à pas de géant ces dernières années, et tu as été en mesure de le constater de près. Quelle est ta perspective de cet essor?
EM : C’est très agréable à voir, surtout quand on sait tous les efforts qui sont déployés pour populariser ce sport, quand on connaît la passion de ces athlètes, mais aussi du personnel. Le fait de voir où en sont les choses et de voir tant de gens travailler si fort m’apporte beaucoup de joie, parce que ces athlètes en rêvent depuis qu’elles sont toutes petites. Voir où en sont les choses et voir ce qu’elles ont pu faire et accomplir, mais aussi être aux premières loges, c’est vraiment cool.
Et je pense que l’une des choses les plus intéressantes pour moi est que, parce que je suis ici depuis neuf ans et que j’ai travaillé un peu partout au sein du programme national féminin, lors d’événements nationaux comme le Championnat national féminin des moins de 18 ans, j’ai pu voir des joueuses de 16, 17, 18 ans évoluer jusqu’à l’équipe nationale et je les vois changer les choses aujourd’hui. C’est vraiment impressionnant de suivre leur évolution en tant que joueuses de hockey, mais aussi en tant que femmes.
HC : Pendant ta carrière dans le monde des médias, as-tu pu voir les portes s’ouvrir aux femmes et aux membres des minorités?
EM : C’est le jour et la nuit. L’industrie a changé en mieux. Il y a plus de débouchés, plus de portes qui s’ouvrent aujourd’hui. Je pense que beaucoup d’organisations ont examiné leur produit et se sont demandé si leur émission de télévision, leur bulletin de nouvelles ou leur émission de sport montrait un portrait représentatif de la population du Canada. Parce qu’il le faut, sans quoi on n’établit pas de lien avec les gens et on les perd.
Il existe aujourd’hui une multitude de possibilités. On peut lancer un balado, être influenceur ou influenceuse sur les médias sociaux et tant d’autres choses que les gens font de leur propre initiative. On voit de plus en plus de femmes dans différents rôles. Et la tendance est à la hausse, car ce qui compte, c’est d’embaucher la meilleure personne possible.
HC : Quels conseils donnerais-tu aux femmes ou aux membres des minorités qui souhaitent se lancer dans le monde du sport, mais qui n’ont pas l’impression d’avoir une voie toute tracée?
EM : Si c’est ce que vous voulez faire, tentez votre chance. Ne laissez personne vous arrêter. On peut essuyer des refus, voir des portes se fermer, mais ce n’est pas définitif, il y aura d’autres occasions à saisir. Ça fait toujours mal de se faire dire non, mais ça signifie simplement que ce n’est pas le bon moment. Sachez que vous y avez votre place au même titre que les autres. En fin de compte, tout le monde s’habille de la même manière, en mettant une jambe à la fois dans son pantalon.
Alors, foncez. Ne jetez pas la serviette, faites vos recherches, ayez confiance et allez-y en sachant que vous êtes capable de faire le travail. Traitez les gens avec respect et vous pourrez espérer obtenir ce respect en retour. Ne laissez personne vous dire que vous n’êtes pas à votre place.
Le Fonds d’aide en action : Brismoh Mansaray
Grâce au Fonds d’aide de la Fondation Hockey Canada, le jeune de 12 ans brille à sa première saison dans le hockey M13 AA à Edmonton
Pour Brismoh Mansaray, tout a commencé par une simple question posée à son père, du haut de ses cinq ans.
« On regardait le hockey », se remémore le jeune originaire d’Edmonton, maintenant âgé de 12 ans. « Je lui ai demandé si je pouvais jouer moi aussi et il a dit oui. »
Les parents de Brismoh ont fait ce que bien des parents font : ils ont inscrit sa sœur et lui à des cours de patinage.
« On voulait d’abord qu’il apprenne à patiner pour le plaisir », explique sa mère Iyesatu Jalloh. « Mais ça n’a pas été long avant qu’on nous suggère de l’inscrire au hockey. On a eu de l’aide de ce côté. »
Iyesatu savait bien que son fils souhaitait jouer au hockey, mais elle avait quelques craintes et hésitait à l’inscrire dans une ligue.
« J’ai même tenté de le convaincre d’opter pour le soccer, prétextant qu’il faisait trop froid sur une patinoire, confie-t-elle. Il était inconsolable, son éducatrice à la garderie m’a même suppliée pour que je le laisse jouer. »
Quant au père de Brismoh, il se doutait que le hockey pourrait être bénéfique à plusieurs égards pour leur fils.
« Pour lui, ça valait le coup d’essayer, question de voir si Brismoh allait aimer ça pour vrai, se rappelle Iyesatu. Il y voyait une manière pour notre garçon de canaliser son énergie et de laisser un peu de côté les appareils électroniques. J’ai donc donné mon accord. »
C’est ainsi que Brismoh a commencé à jouer chez les Timbits M7 en 2016. Un an plus tard, il jouait dans une ligue maison pour le KC Hockey Club, dirigé par le Knights of Columbus Athletic Club d’Edmonton. S’il a fait ses débuts avec l’équipe comme défenseur, on n’a pas tardé à le convertir en avant.
« J’aimais bien me lancer à l’attaque », explique Brismoh, un fervent partisan des Oilers d’Edmonton qui rêve de jouer dans la LNH un jour.
L’ailier droit en est maintenant à une première saison complète au niveau compétitif dans la division M13 AA avec les KC Lancers.
« Je ne me lasse jamais de jouer au hockey, c’est si amusant, s’exclame-t-il. Et c’est sans compter tous les amis que je me fais chaque saison. »
Brismoh occupe actuellement le troisième rang de l’équipe avec 26 points et est à égalité au troisième rang des buteurs avec 10. Il excelle sur les bancs d’école également, et sa mère s’en réjouit.
« Il réussit bien au hockey comme à l’école, souligne-t-elle. Ses notes se situent dans les 90 %, et ça se passe très bien à la maison aussi. »
Au hockey, les matchs et les entraînements sont nombreux, surtout dans les équipes compétitives. À cela s’ajoutent des attentes élevées. Brismoh explique que tout ça ne fait que l’aider à se concentrer et à ne pas dévier de ses objectifs, tant sur la glace qu’ailleurs.
« Le hockey m’a appris à rester centré sur plusieurs aspects de ma vie, décrit-il. Après mes entraînements, je fais mes travaux d’école et je vais me coucher. Je n’ai pas beaucoup de temps pour autre chose. »
Aune main tendue
Brismoh est né à Edmonton, mais ses parents ont immigré au Canada il y a plus de 20 ans. En Sierra Leone – leur pays d’origine – le hockey est pratiquement inexistant, surtout le hockey sur glace.
« On ne joue pas au hockey là-bas, rapporte Iyesatu. En Sierre Leone, c’est principalement le soccer, l’athlétisme, le basketball… C’est normal avec des températures qui dépassent constamment les 30 degrés. »
Même s’ils avaient déjà regardé le hockey à quelques occasions, les parents de Brismoh n’étaient pas vraiment au fait de tout ce qu’implique le sport, notamment l’équipement requis, ou même la façon de l’enfiler.
« On ne savait même pas comment il devait porter son équipement, dévoile la mère de famille. Il a fallu regarder des vidéos sur YouTube pour l’apprendre. C’était dur. Les autres parents ont dû m’apprendre la façon d’attacher ses patins. »
Afin que Brismoh poursuive son développement comme hockeyeur, sa famille a eu recours à des programmes comme le Fonds d’aide de la Fondation Hockey Canada, qui offre aux familles qui en ont besoin une subvention de 500 $ pour les frais d’inscription au hockey.
« Le Fonds d’aide nous a été très utile cette saison, reconnaît Iyesatu. Dans la division AA, les coûts sont élevés. Ça m’inquiétait. J’étais donc très heureuse de recevoir ce soutien du Fonds d’aide. »
Malgré ses réticences initiales, Iyesatu se dit extrêmement fière des succès de son fils, tant sur la patinoire que dans les autres sphères de sa vie, et est ravie de le voir pratiquer le sport qu’il aime tant.
« Je suis comblée », conclut-elle.
« Si ce n’est pas maintenant, quand? »
Inspiré par la vague de reconnaissance raciale au hockey et par « l’éveil », l’année dernière, face à la justice sociale, Rane Carnegie perpétue l’héritage familial et milite pour l’intronisation de son grand-père au Temple de la renommée du hockey
REMARQUE : L’article original sur Carnegie a été publié une première fois en février 2021.
Rane Carnegie aura enfin vu son grand-père, qui a pavé la voie pour tant de gens, être admis au Temple de la renommée du hockey.
Fondateur de la toute première école de hockey et membre de l’Ordre du Canada, Herb Carnegie a été intronisé à titre posthume en novembre dernier dans la catégorie des bâtisseurs, en compagnie de Roberto Luongo, Daniel Alfredsson, Henrik Sedin, Daniel Sedin et Riikka Sallinen, qui complétaient la cuvée 2023.
Il a ainsi rejoint Grant Fuhr, Willie O’Ree, Angela James et Jarome Iginla en tant que seules personnes noires admises au Temple de la renommée du hockey.
« Il le mérite, a souligné Rane. Mon grand-père était une personne exceptionnelle, c’était bien connu. »Honoured to welcome Herb Carnegie, posthumously, to the Hockey Hall of Fame! Herb's children Bernice and Dale are presented with his Honoured Member plaque by Angela James #HHOF10.@CarnegieInit | #HHOF2022 | #HHOF | 📸 Dave Sandford/HHOF pic.twitter.com/BRQx7wrCFz
— Hockey Hall of Fame (@HockeyHallFame) November 15, 2022
C’est grâce aux efforts renouvelés des Carnegie que le Temple a enfin ouvert ses portes à Herb, ce qui représente la plus haute distinction du hockey. En 2020, Rane a lancé une pétition demandant au comité de sélection du Temple de la renommée du hockey et à la LNH d’introniser son grand-père, décédé en 2012. Il a recueilli près de 11 000 signatures.
« Tant de gens se sont unis pour faire de cette cause la leur, a décrit Rane. C’était un travail de longue haleine, pas seulement l’affaire d’une année. De voir toute cette joie, tout cet amour, c’était formidable. »
Lisez ci-dessous l’article original sur la carrière de Herb Carnegie et sur les efforts de Rane pour que son grand-père soit enfin reconnu.
George Floyd.
Breonna Taylor.
Ahmaud Arbery.
En pleine pandémie mondiale, ces noms sont devenus des cris de ralliement partout en Amérique du Nord à l’été 2020, quand le continent a été confronté à des siècles de racisme systémique.
Pour Rane Carnegie, les événements de l’année dernière font ressortir l’urgence d’agir.
« C’était traumatisant », raconte l’ancienne vedette du hockey junior de 36 ans.
« J’ai un fils noir et une fille noire. L’impact sur ma famille est indescriptible. »
Le mouvement pour la justice sociale soulevé l’an dernier à la suite de la mort d’hommes et de femmes noirs comme Floyd, Taylor et Arbery est né dans la foulée d’un courant de reconnaissance raciale dans le milieu du hockey, lancé par Akim Aliu à l’automne 2019.
La confluence de ces mouvements représente, pour Carnegie, un éveil.
« Ça m’a donné la force dont j’avais besoin pour prendre conscience que je peux être un meneur et que mes gestes comptent, que ma voix compte. »
« Je n’allais plus rester passif, sans agir. »
UNE PASSION POUR LE HOCKEY
La passion de Carnegie pour le hockey est sincère.
Son grand-père Herb Carnegie, généralement reconnu comme la première vedette noire de ce sport, était un centre au coup de patin fluide et le gagnant de trois prix du Joueur par excellence de la Ligue senior du Québec dans les années 1940.
Fils d’immigrants jamaïcains, c’est lui qui a offert à son petit-fils de Toronto sa première paire de patins et qui l’a initié au hockey.
« Je suis tombé amoureux du hockey dès que j’ai mis le pied sur la glace avec mon grand-père. »
Comme son aîné, qui a appris à jouer sur les étangs gelés du nord de Toronto, le jeune Carnegie n’a pas tardé à exceller sur ses patins.
Devenu lui-même une étoile montante du sport, il a rapidement attiré l’attention des dépisteurs du hockey junior. En 2001, il a été sélectionné en première ronde par les Bulls de Belleville lors du repêchage de la Ligue de hockey de l’Ontario (OHL).
Son propre parcours au hockey l’a mené dans l’OHL et la Ligue de hockey junior majeur du Québec, où il a brillé avec les Mooseheads de Halifax, ainsi que dans la Ligue américaine de hockey et d’autres équipes professionnelles aux États-Unis et en Europe.
« Comme Canadiens, on rêve de jouer pour les Leafs et de gagner la Coupe Stanley. C’était le rêve de bien des enfants, et je n’y ai pas fait exception. »
« Mon rêve était d’autant plus grand que mon grand-père était une légende du hockey. »
Herb Carnegie, malgré ses nombreuses réalisations sur le circuit senior au Québec – la même ligue dans laquelle son ancien coéquipier des As de Québec et grand ami Jean Béliveau a fait ses premières armes –, n’a jamais pu réaliser son propre rêve, soit celui de jouer dans la Ligue nationale de hockey.
Ce rêve a été brisé par le racisme institutionnel dans le sport. Malgré tout ce qu’il a vécu, Herb Carnegie n’a jamais cessé d’aimer le hockey ni de croire que ce sport pouvait devenir un moteur de changement social.
Après avoir accroché ses patins de joueur en 1953, il a fondé l’école de hockey Future Aces, considérée comme la première de son genre au monde.
Il a également signé le credo Future Aces , un code de conduite personnel qui s’inscrit dans sa quête perpétuelle de promouvoir le respect et la tolérance chez les jeunes, et qui vise à ce que les générations futures ne soient pas confrontées à la discrimination qu’il a subie.
Pionnier du hockey et champion de la diversité et de l’inclusion, Herb Carnegie a reçu l’Ordre de l’Ontario en 1996, a été intronisé au Panthéon des sports canadiens en 2001 et a été nommé au sein de l’Ordre du Canada en 2003.
Il s’est éteint en 2012 à l’âge de 92 ans.
SES GESTES COMPTENT, SA VOIX COMPTE
Pour Rane Carnegie, une reconnaissance manque toujours aux décorations remises à son grand-père : celle du Temple de la renommée du hockey.
L’été dernier, après des semaines de tensions sociales aux États-Unis et au Canada, et de nombreux appels de proches et d’amis, Rane passe à l’action.
Il lance une pétition s’adressant au comité de sélection du Temple de la renommée du hockey et à la LNH, dont l’objet est, selon lui, bien simple : l’intronisation de Herbert H. Carnegie au Temple de la renommée du hockey .
« Je l’ai fait en tant qu’appel à l’action pour ma famille et mes amis caucasiens qui se sont tournés vers moi après la mort de George Floyd », explique Carnegie.
« Ils me disaient, ‘‘Nous voulons que tu saches que nous sommes des alliés.’’ »
Le petit-fils croit que l’intronisation de Herb Carnegie au Temple de la renommée du hockey aurait pour effet non seulement d’aider à réparer une injustice raciale du passé, mais aussi de reconnaître à juste titre l’implication de son grand-père au hockey et ses réalisations sur la glace.
Béliveau, qui a été intronisé au Temple de la renommée du hockey il y a 49 ans, a affirmé que Herb Carnegie était l’un des meilleurs joueurs avec qui il ait joué.
« Ça me confirme que mon grand-père n’était pas un joueur ordinaire. »
« Quand une étoile comme Jean Béliveau déclare publiquement que mon grand-père était l’un des meilleurs joueurs avec qui il ait joué, je n’ai pas besoin d’en entendre plus, et ça devrait être le cas pour tout le monde. »
Dans l’élan de la formation de la Hockey Diversity Alliance l’été dernier, Carnegie souligne le travail humanitaire de son grand-père avec Future Aces et estime qu’il n’y a pas meilleur moment pour reconnaître les contributions de celui-ci dans le monde du hockey en tant que joueur et en tant que bâtisseur.
« La diversité et l’inclusion, c’est ce que mon grand-père a enseigné pendant des décennies. »
Dans les mois qui ont suivi sa publication en ligne, la pétition a attiré l’attention de bien d’autres personnes que les amis et proches de Carnegie. Plus de 7 000 signataires ont manifesté leur appui.
« On ne devrait pas avoir à attendre une année de plus. »
« Si ce n’est pas maintenant, quand? Il est temps. »
SUIVRE SES TRACES
Rane Carnegie essaie également de perpétuer l’héritage de son grand-père d’autres façons.
L’an dernier, il a lancé le O.W.N. Aces Sports Group, une initiative de mentorat et de développement des habiletés fondamentales dont l’objectif est similaire à celui de Future Aces : développer de futurs meneurs.
L’ancien capitaine des Mooseheads veut partager avec les jeunes les dures leçons de vie qu’il a apprises tant sur la glace qu’ailleurs. Son grand-père n’est jamais bien loin.
« Il est mon guide. »
« Mon grand-père était un rayon de soleil. Il l’est toujours, d’ailleurs. Et je serai toujours fier et honoré d’être associé à ce grand homme. »
« Grâce au hockey, nous avions un lien privilégié et une passion commune. »
Et tout comme Herb, Rane Carnegie redonne à son sport. Aujourd’hui, il est entraîneur au hockey mineur avec les Young Nationals de Toronto dans la Ligue de hockey du Grand Toronto.
« J’aime le hockey. Je l’enseigne, maintenant. Et mon fils y joue. »
« La boucle est bouclée. »
Honneur à de futures meneuses du hockey
Trois étoiles montantes du sport du Canada reçoivent des bourses du Black Girl Hockey Club
Ayant pour mission d’inspirer et d’entretenir la passion du hockey dans la communauté noire, l’organisme Black Girl Hockey Club (BGHC) offre des formations et des espaces pour rendre le sport plus inclusif pour les femmes noires et leur famille, leurs amis et leurs alliés. Le BGHC a mis en place un programme de bourses d’études pour contribuer à financer les coûts du sport afin d’encourager les femmes noires à poursuivre leur intérêt pour le hockey.
Au début du mois de février, Andrea Murray, Hailey James et Dayton O’Donoghue ont chacune reçu une bourse du BGHC. Découvrez le parcours de ces jeunes étoiles et la façon dont elles sont des meneuses pour leur équipe et le sport.
Andrea Murray Ville d’origine : Mississauga (Ontario)
Issue d’une famille de sportifs, Andrea Murray a d’abord joué à la ringuette avec sa sœur avant de troquer l’anneau pour la rondelle et de suivre les traces de son père et de son frère, tous deux hockeyeurs.
« Je n’étais pas la meilleure; j’ai dû prendre le temps de m’améliorer, se remémore la jeune fille de 18 ans. Au début, je savais patiner, mais je n’avais pas de bonnes mains, et mon tir… disons que j’ai mis du temps à devenir bonne. Mais, je suis tombé en amour avec le sport et je n’ai jamais arrêté d’y jouer. »
Pour Murray, l’un des points forts du hockey, c’est la possibilité de tisser des liens solides avec d’autres jeunes femmes.
« Le hockey, ce n’est pas qu’un sport. Il s’y crée une dynamique familiale qui dépasse largement la patinoire, poursuit la joueuse des Canadettes de Brampton. Les amitiés qu’on forge et les gens qu’on rencontre sur la glace, c’est surtout ça, le hockey. »
Grâce au BGHC, Murray a pu rencontrer d’autres joueuses noires qui aiment le hockey autant qu’elle, et ainsi étendre son réseau.
« Plus jeune, je n’avais pas vraiment de coéquipières noires, et lorsque je voyais une autre joueuse noire à la patinoire, ça me réconfortait. C’était plaisant, et rassurant, de savoir qu’il y avait d’autres amatrices de hockey qui me ressemblaient. Le Black Girl Hockey Club m’a fait découvrir tellement d’autres joueuses noires de partout en Amérique du Nord… J’ai bien hâte de voir où leur parcours les mènera. »
Cet automne, Murray poursuivra son propre parcours dans l’équipe de hockey féminin de l’Université de Waterloo. Elle aimerait également se tailler une place au sein de l’équipe nationale féminine du Canada et, qui sait, représenter son pays aux Jeux olympiques.
« Ça va prendre beaucoup de travail et de détermination, mais je suis prête à mettre les efforts nécessaires et à m’exposer à différentes équipes. »
Hailey James Ville d’origine : Brampton (Ontario)
Pour Hailey James, le hockey, c’est une affaire de famille. C’est à quatre ans, après avoir vu son frère et son père jouer, qu’elle a chaussé les patins pour la première fois.
« Je voulais voir si j’allais aimer ça », confie James, maintenant âgée de 11 ans.
Aimer? Le mot est faible. Et son père Léo s’est impliqué comme entraîneur de l’équipe lorsque James a commencé son parcours au hockey mineur.
Pour elle, l’un des meilleurs aspects du hockey est de pouvoir jouer avec ses amies et de trouver de nouvelles façons d’améliorer son jeu chaque fois qu’elle met les pieds sur la glace. Sa motivation à toujours devenir meilleure s’est traduite par son implication comme une meneuse au sein de son équipe, les Sharks de Scarborough.
« Si une coéquipière joue à une position qu’elle connaît peu, ou si elle a de la difficulté à sa position actuelle, je l’aide, explique-t-elle. Si une fille a besoin d’aide, je l’aide… si elle croit avoir fait une erreur, je m’assure qu’elle va bien et je lui dis que tout va bien aller. »
Lorsqu’elle a appris qu’elle recevrait une bourse d’études du BGHC, James était ravie.
« J’étais tellement contente. J’en ai parlé à mes amis et à mon enseignant préféré. Tout le monde était fier de moi. »
S’il y a des hockeyeurs dans sa famille immédiate, la jeune joueuse d’aile gauche s’inspire également de sa tante Angela James, première femme canadienne à être intronisée au Temple de la renommée du hockey, pour tracer sa propre voie dans ce sport. Hailey espère faire comme sa tante lorsqu’elle sera plus grande : devenir joueuse professionnelle et membre d’Équipe Canada.
« Mon objectif ultime est de patiner dans ses traces et d’être aussi exceptionnelle qu’elle. Elle me donne beaucoup de conseils. Elle me dit de faire de mon mieux et ne ménager aucun effort. De ne jamais laisser l’échec m’abattre, et de réessayer jusqu’à ce que je réussisse. »
Dayton O’Donoghue Ville d’origine : Toronto (Ontario)
Dayton O’Donoghue a découvert le hockey par l’entremise de sa mère, qui venait d’y inscrire son grand frère.
« Ma mère a immigré de Jamaïque lorsqu’elle avait huit ans, et le hockey est bien ancré dans la culture canadienne, affirme-t-elle. Je n’y allais qu’à titre de spectatrice, mais j’adorais ça. La rapidité du jeu me fascinait. Un jour, mon frère n’a pas pu arriver à temps pour son temps de glace, et j’ai pris sa place. »
Ce fut le coup de foudre dès qu’elle s’est élancée sur la glace. Dans son parcours de hockeyeuse, la jeune joueuse de 16 ans a déjà vécu des expériences passionnantes, notamment à titre de membre du comité consultatif jeunesse de la LNH et de juge pour le Défi des échappées du concours des habiletés organisé dans le cadre du match des étoiles 2022 de la LNH.
La joueuse de centre des Jr. Aeros de Toronto est aussi l’une des vedettes de la campagne « The Barn » de Bauer, dans le cadre de laquelle elle raconte son cheminement au hockey.
« Que les gens de Bauer me connaissent et qu’ils choisissent de diffuser mon histoire sur leur plateforme… pour moi, c’était la validation que j’ai ma place dans ce sport. Même s’il n’y a pas beaucoup de filles, et encore moins de filles noires qui jouent, j’ai ma place. Je me sens aimée dans le monde du hockey » , confie-t-elle.
O’Donoghue a compris le pouvoir de la communauté du hockey tôt dans sa carrière, lorsque son père est décédé. Son sport et le soutien de son équipe lui ont été d’un grand réconfort.
« Peu importe comment je me sens quand j’arrive à l’aréna, que je sois bouleversée ou que je m’ennuie de mon père… Je sais que si je ne suis pas au sommet de ma forme, je peux toujours compter sur mes coéquipières. C’est correct d’avoir des hauts et des bas. »
C’est la deuxième fois que O’Donoghue reçoit une bourse d’études du BGHC. Il va de soi que le soutien financier l’a beaucoup aidée, mais elle a également été intégrée au programme de mentorat Saroya Strong, où elle reçoit les conseils de Saroya Tinker, une ancienne joueuse d’Équipe Canada et étoile de la Premier Hockey Federation.
Pour ce qui est de l’avenir, O’Donoghue rêve de porter un jour l’unifolié et a pour objectif de jouer au hockey universitaire tout en terminant ses études postsecondaires. Elle se dit encouragée de voir que le milieu du hockey devient de plus en plus inclusif et diversifié.
« J’ai bon espoir que nous pouvons ajouter de nouveaux points de vue à notre sport. Je pense que d’avoir des opinions différentes, des idées différentes et des personnes différentes qui aident à façonner notre jeu et à le faire évoluer en permanence, ça ne que peut qu’améliorer le hockey. »
L’importance de l’accessibilité
Josh Ho-Sang, de l’équipe olympique masculine du Canada, a grandement profité d’un programme d’accessibilité pour les familles issues des minorités
Josh Ho-Sang est un partisan des Maple Leafs de Toronto depuis qu’il est né. Lorsqu’il était enfant, ce natif de Thornhill, en Ontario, était toujours en train de bouger, mais ses parents ont découvert qu’ils pouvaient avoir un peu de tranquillité s’ils le laissaient regarder les Leafs.
« Les Leafs ont eu énormément d’influence sur ma vie, ne serait-ce que parce qu’ils sont omniprésents à Toronto, explique l’avant de l’équipe olympique masculine. Mon père regardait pas mal le hockey quand j’étais jeune, et moi, j’étais collé à la télé. »
Typiquement, les jeunes du Canada qui regardent le hockey finissent par enfiler des patins à leur tour, mais contrairement aux autres enfants pour qui le hockey est une histoire de famille, Ho-Sang était le premier de son clan à fouler la glace.
Ses parents, Wayne et Ericka, ont tous les deux immigré au Canada quand ils étaient jeunes. La famille de Wayne est originaire de la Jamaïque; celle d’Ericka, du Chili.
« Mon père a fait ses classes de hockey devant la télé, raconte Ho-Sang. Quand j’ai commencé à jouer, il s’y est intéressé davantage, juste pour pouvoir me donner des trucs et des conseils pour m’améliorer. Ma famille m’a beaucoup encouragé. »
Ce soutien a propulsé sa carrière. Ho-Sang a connu ses débuts avec la Goulding Park Hockey Association et a cheminé dans le système de hockey mineur, passant ses trois dernières saisons AAA avec le célèbre programme des Marlboros de Toronto, où il a joué avec nul autre que Connor McDavid.
Mais malgré la grande diversité de la région du Grand Toronto, la majorité de ses coéquipiers étaient blancs. Et s’il ne pensait pas vraiment à cet enjeu quand il était petit – il s’inspirait autant de Mario Lemieux et Sidney Crosby que de Jarome Iginla et Georges Laraque –, cela n’a servi qu’à accentuer l’importance de son expérience avec les Black Aces.
Relevant de l’initiative Skillz, ce programme printanier d’élite qui se déroule à Scarborough a été cofondé par Wayne Ho-Sang et l’entraîneur de hockey ontarien chevronné Cyril Bollers, en 2008.
Cyril, dont le fils C.J. était coéquipier de Ho-Sang, avait suggéré à Wayne de créer un programme de hockey pour les jeunes de couleur – programme qui allait devenir les Black Aces.
« À ce moment-là, on ne pensait pas au racisme, on ne pensait pas au manque d’occasions, explique Bollers, qui siège au conseil d’administration de la Ligue de hockey du Grand Toronto (GTHL). On voulait juste rassembler des jeunes de couleur, de tous les niveaux et de tous les âges. »
Ho-Sang a pu y côtoyer des joueurs de la LNH comme Darnell Nurse et Jordan Subban; environ 80 % des joueurs (et l’ensemble de l’équipe derrière le banc) étaient de couleur.
« Ça m’a inspiré quand j’étais jeune, dit Ho-Sang au sujet du programme. Cyril en a fait énormément pour la communauté du hockey et pour la diversité. Il a réussi à garder ça abordable pour qu’on puisse continuer de jouer pendant l’été, avec d’autres jeunes qui nous ressemblaient. »
Ho-Sang insiste sur le fait que le manque d’accessibilité, surtout pour les néo-Canadiens, est l’un des plus grands freins à la diversité au hockey.
« Mes parents, tous deux immigrants, sont venus ici avec peu de moyens, mais ils m’ont quand même permis de jouer au hockey et on n’a jamais manqué de rien. C’est vraiment une belle histoire », souligne-t-il.
Ericka Navarro-Ho-Sang n’a pas oublié le soutien que le programme Black Aces a offert à sa famille et à d’autres qui se familiarisaient avec le sport. « Nous étions presque tous des immigrants, à une ou deux exceptions près. Il n’y avait presque aucun parent qui avait déjà joué au hockey. Il y avait une belle solidarité parce que nos enfants avaient tous la même histoire. On partageait l’équipement et la bouffe, on se faisait des recommandations, on se racontait nos histoires… Et on était là les uns pour les autres. »
C’est exactement ce que Bollers espérait : que le programme crée une communauté de partage d’informations et de connaissances à propos d’un sport qui, pour ces familles, était une nouveauté.
Quatorze ans plus tard, Ho-Sang garde encore en lui l’inspiration et les enseignements des Black Aces, qui lui sont très utiles dans la réalisation de ses rêves de hockeyeur. Son talent et sa vitesse lui ont valu d’être repêché au 28e rang par les Islanders de New York en 2014. Il a joué 53 matchs en trois saisons dans la LNH, mais il a passé la saison 2020-2021 en Suède, avec le HK d’Örebro et le HC de Linköping.
L’automne dernier, il a réalisé un rêve d’enfance en participant au camp d’entraînement des Maple Leafs, avant de signer avec les Marlies de Toronto de la Ligue américaine de hockey.
« Toronto m’a remis sur le radar du monde du hockey. C’est extraordinaire. Passer de joueur autonome à représentant de son pays aux Olympiques, la marche est haute! Je suis vraiment reconnaissant envers Hockey Canada d’avoir pris le temps de m’évaluer. »
Jouer pour Équipe Canada prend un sens bien personnel pour Ho-Sang : « Je viens de deux familles d’immigrants. Quand on y pense, c’est fou de voir que la décision de mes grands-parents m’a permis de représenter ce pays qui m’a tant donné. »
Bollers est ravi pour son ancien joueur, et il est optimiste que les Jeux olympiques lui donneront de la visibilité.
« C’est une belle motivation pour les jeunes noirs, autochtones et de couleur. Ça leur montre qu’eux aussi, ils pourraient se rendre aux Jeux olympiques. Je pense que dans notre pays, on veut juste avoir les meilleurs joueurs sur la glace. Le reste importe peu. »
La mission Seaside
Une nouvelle association de la Ligue de hockey du Grand Toronto tend la main aux groupes sous-représentés et leur fait savoir que le hockey, c’est aussi pour eux
Trois hommes noirs ont fait un pari audacieux : populariser le hockey. Pour cela, il fallait rendre ce sport plus inclusif et plus ouvert, transmettre la passion aux jeunes et à leurs familles, et faire en sorte que chacun sente qu’il a sa place dans la culture du hockey, dans la culture du Canada.
Dire que Kirk Brooks, son fils Nathaniel Brooks et l’ancien de la LNH Anthony Stewart ont relevé le défi relève de l’euphémisme; Seaside Hockey pourrait bien s’avérer l’étincelle qui met le feu aux poudres.
« Imaginez le nombre de portes qui auraient été ouvertes pour les Noirs s’intéressant au hockey, si ce programme avait existé plus tôt. »
Ce genre de témoignage résonne auprès de Kirk Brooks. Le fondateur de Seaside s’implique dans le hockey depuis plus de 30 ans à titre d’organisateur de camps et de tournois pour joueurs noirs. Seaside cible la même clientèle, mais Brooks indique que les portes sont ouvertes à tous ceux qui s’intéressent au hockey.
« Les familles de Seaside proviennent de tous les horizons, mais elles ont quelque chose en commun : personne ne leur a demandé si leurs enfants voulaient jouer au hockey, explique Brooks. »
« Le marketing du hockey prêche à des convertis. Il faut changer ça. »
L’idée derrière Seaside Hockey – qui est très bien résumée par le slogan de l’association, Breaking Through Expectations (Défier les attentes) – circule de plus en plus depuis quelques années. Chaque incident lié au racisme dont Brooks était témoin, que ce soit personnellement ou à la télé, était une source de motivation de plus pour créer une association qui aiderait les communautés non desservies. Il a finalement envoyé sa demande à la Ligue de hockey du Grand Toronto la saison dernière, et son organisme est devenu officiellement accrédité à la fin juin 2021. Trois mois plus tard, 120 joueurs étaient inscrits et équipés de la tête aux pieds... même si leurs parents ne savaient pas toujours comment leur faire mettre leur équipement!
« Il y avait des bénévoles pour nous aider à lacer les patins et à enfiler l’équipement de hockey, raconte Dainah Ramsay en riant. C’était comme une chaîne de montage qui préparait les enfants à aller sur la glace. »
« J’étais tellement nerveuse quand mon fils a embarqué sur la glace. Je retenais mon souffle. »
Ces deux dernières années, le petit Moses, cinq ans, a commencé à jouer avec des mini-bâtons dans le salon pendant les congés scolaires imposés par la pandémie. Lorsqu’un ancien collègue lui a parlé d’une nouvelle association de hockey, Ramsay a dit à son mari et son fils d’aller voir ce qu’il en retournait.
À leur retour, ils débordaient de joie. Une semaine plus tard, Moses foulait la glace pour la toute première fois.
« Les mots nous manquent pour décrire sa passion, indique Ramsay. On veut le voir se développer avec Seaside.
Je n’ai que des bons mots pour eux. »
Avant de découvrir Seaside, ni les Ramsay ni les Arthur ne s’intéressaient particulièrement au hockey organisé. Makio et Mikhail Arthur avaient déjà essayé, mais ils n’avaient pas été séduits par le froid de la patinoire et les entraînements tôt le matin. Aujourd’hui, ils comptent les jours avant la prochaine séance sur glace, la fin de semaine.
Arthur remercie Seaside d’avoir donné la piqûre à ses garçons.
« Ils leur ont fait comprendre qu’ils n’avaient pas besoin d’exceller vu qu’ils ne font que commencer », explique-t-elle, ajoutant qu’au début de la saison, l’association met l’accent sur le développement des habiletés et le patinage.
« C’est un environnement axé sur le soutien plutôt que sur la compétition. »
Brooks s’attend à ce que Seaside continue de grandir; il pourrait y avoir 200 inscrits cette saison, mais l’organisme aura besoin d’aide pour équiper les nouveaux joueurs. L’objectif ultime est de soutenir les joueurs – et leur famille – dans leur parcours de hockey.
« Si vous êtes un immigrant ou membre d’une minorité, on veut que vous sachiez que le hockey, c’est aussi pour vous. C’est un sport magnifique, note Brooks. On veut démocratiser le hockey. Ça a toujours été ça ma mission. »
« Voir plus d’enfants jouer au hockey. »
Une vie consacrée au sport
Au hockey, en boxe et au baseball, en tant que joueur, entraîneur ou administrateur, Tommy Hamilton a laissé sa marque dans le nord-ouest de l’Alberta et au-delà
Tommy Hamilton est un ancien athlète élite qui a fait de l’entraide communautaire sa mission en tâchant de donner à tous les jeunes la chance de participer au sport.
Cet athlète noir, qui est né au Texas, mais qui a grandi à Kansas City, dans le Missouri, a vu son talent le mener à la région de Peace Country dans les années 1950, d’abord dans le nord-ouest de l’Alberta, puis dans le nord-est de la Colombie-Britannique.
La carrière sportive de Hamilton a commencé en boxe et au baseball. Dans le ring, cet amateur mi-moyen a remporté un tournoi Gants dorés à Kansas City. En 1940, il s’est enrôlé dans l’armée, et en 1945, il a remporté le championnat des mi-moyens de l’armée américaine.
Au baseball, où il avait la réputation d’être l’un des meilleurs receveurs qui soient, il s’est aligné pour des équipes d’un océan à l’autre, dont les White Sox de Los Angeles et les Beavers d’Oakland, affrontant à l’occasion des équipes de l’Ontario et de la Colombie-Britannique.
Ce sont ces voyages au Canada qui ont piqué sa curiosité pour notre pays. Lors d’une série hors concours entre les Beavers et l’Alliance Southern Alberta, le gérant de l’Alliance a invité Hamilton à se joindre à son équipe. Ce dernier a accepté sur-le-champ; il est donc parti, avec sa famille, en direction nord.
À son arrivée en Alberta, Hamilton a continué de s’adonner au baseball et à la boxe, mais après s’être installé à High Prairie, en 1952, il a commencé à se passionner pour un nouveau rôle : celui d’entraîneur. Il est devenu entraîneur au baseball, à la boxe et au hockey.
Celui qui n’avait jamais enfilé de patins de sa vie a dû apprendre les bases. Pendant ses deux années à High Prairie, il a été entraîneur de deux équipes qui ont atteint les finales provinciales.
En 1957, Hamilton, sa femme et leurs six garçons redéménagent, à Grande Prairie cette fois. Et qui dit déménagement, dit ménage : il en a profité pour accrocher ses gants de boxe et se concentrer sur son rôle d’entraîneur. Il a cependant continué de jouer au baseball pour l’équipe masculine locale, mais, usé par le temps qu’il avait passé derrière le marbre, Hamilton s’est de nouveau tourné vers le rôle d’entraîneur après un an.
Son désir de redonner aux sports qu’il aimait était sans égal, et son intégrité n’a jamais fait défaut. Il était toujours partant, toujours présent et toujours souriant. Au hockey comme au baseball, il s’assurait que chacun avait sa place dans l’équipe : il confiait des tâches aux parents des joueurs et trouvait une façon d’inclure les jeunes qui ne pouvaient pas jouer pour des raisons de santé ou à cause d’un handicap.
Toujours mû par le désir de redonner, Hamilton a parrainé un nouveau club dans la région de Grande Prairie : la House of Athletics. Destinée aux garçons de 14 à 20 ans, cette organisation avait pour but de commanditer des événements sportifs comme des tournois de hockey ou de baseball.
« J’aime les jeunes », disait Hamilton dans le Grande Prairie Herald Tribune. « Quelqu’un doit bien les aider, et c’est quelque chose que j’aime… Alors, pourquoi pas moi? »
En dehors du sport, Hamilton était un habitué de l’action communautaire; il a notamment construit des patinoires de hockey.
Fort de son expérience en tant que boxeur et joueur de baseball, Hamilton est devenu soigneur de l’équipe de hockey senior locale, l’Athletics de Grande Prairie. Il était la coqueluche du public et offrait souvent des conseils et des mots d’encouragement aux joueurs blessés.
Ses contributions ne sont pas passées inaperçues : dans un profil publié sur le site Web Grande Prairie Hockey Legends (en anglais seulement), Dave Emerson – qui a connu Hamilton alors qu’il était au secondaire – parle de l’influence de ce grand homme.
« Les activités de Tommy nous ont gardés en dehors de la rue, se remémore Emerson. C’est l’une de ces rares âmes qui veut améliorer les choses. Il donnait de son temps, le soir et la fin de semaine, à titre d’organisateur ou d’entraîneur d’équipes jeunesse. C’était ce genre de personne. Il avait le cœur sur la main. Il a tant fait pour tant de jeunes, à cette époque. »
Certains se sont demandé pourquoi son travail n’a jamais été officiellement récompensé. Lorsque le poste de responsable des sports est devenu vacant, il était d’emblée le candidat idéal… mais on lui a préféré quelqu’un d’autre.
Après 12 ans à Grande Prairie, Hamilton et son apport au domaine des loisirs communautaires étaient bien connus dans toute la région de Peace Country, et il a accepté un poste de responsable des sports à Dawson Creek. Les Hamilton ont alors déménagé à Pouce Coupe, et Tommy a continué de redonner à la communauté de Dawson Creek.
En 1973, on lui a remis le prix commémoratif Earl-Johnson en tant que sportif de Dawson Creek de l’année.
Il s’est éteint subitement en 1980 à l’âge de 66 ans, mais il a laissé un legs durable qui continue de profiter aux amateurs de sports et loisirs de la région de Peace River.
Pour en savoir plus sur Tommy Hamilton et le rôle important qu’il a joué dans l’histoire des sports du nord-ouest de l’Alberta, lisez son profil sur le site Grande Prairie Hockey Legends (en anglais seulement).
Haïti, hockey et cœur
Bien qu’ils soient nés en Haïti, Sam et Venel Campbell ont des histoires de hockey on ne peut plus canadiennes : un étang gelé, une famille aimante et l’amour du sport
Jeff Campbell dit que la compétition ne s’arrête jamais.
Ses fils Sam et Venel savent tourner tout et n’importe quoi en compétition : Qui peut attacher ses lacets le plus vite? Qui peut manger le plus au souper? Ça ne finit jamais.
« Ils ont toujours été comme ça. Quand ils étaient petits, dans l’auto, ils voulaient être le premier à attacher la ceinture de leur siège d’enfant. Ils tournent tout en compétition », dit Jeff en riant, chez lui à Keswick Ridge, au Nouveau-Brunswick. « Ils sont très compétitifs. Ils ne sont vraiment pas reposants. Même à 18 et 19 ans, ça continue : Qui a soulevé le plus de poids au gym aujourd’hui? Qui est allé au gym plus souvent? Qui a couru le plus loin? Ils se poussent l’un l’autre à se dépasser. Mais ils sont aussi meilleurs amis. Quand on a deux garçons, il faut s’y attendre.
« Il y a quelque chose qui ressort clairement de la pandémie : ils sont vraiment chanceux de pouvoir compter l’un sur l’autre. Ils se sont motivés, entraînés et soutenus mutuellement. Beaucoup de jeunes athlètes, et de gens en général, sont restés seuls et n’ont pas pu voir leurs amis. Sam et Venel ont toujours leur meilleur ami à proximité, même s’ils ont aussi d’autres amis. »
À bien des égards, Sam et Venel sont de jeunes hommes canadiens tout ce qu’il y a de plus typique. Ils ont grandi dans un petit village, reçu des bâtons de hockey et des patins tandis qu’ils étaient très jeunes, appris à patiner sur l’étang derrière leur maison, et sont devenus passionnés de hockey.
Les frères Campbell ont joué au hockey mineur du niveau M7 au niveau M15, et ils continuent de gravir les échelons. Aujourd’hui, ils jouent au niveau junior A dans la Ligue de hockey des Maritimes; Sam, pour les South Shore Lumberjacks, et Venel, pour les Crushers du comté de Pictou.
Aussi loin qu’ils se souviennent, le hockey a toujours occupé une place importante dans leur vie, mais cette histoire de hockey n’est pas cousue que de clichés canadiens. Sam et Venel sont nés en Haïti et ont été abandonnés en bas âge avant que Jeff et sa femme, Colleen O’Connell, les adoptent et les ramènent au Canada. Sam avait quatre ans; Venel, trois.
En 2002, Jeff, un informaticien, et Colleen, une professionnelle en réadaptation, ont créé une organisation à but non lucratif appelée Team Canada Healing Hands, qui offre des formations aux personnes handicapées et des services de réadaptation dans des secteurs défavorisés. Cette organisation, qui célèbre ses 20 ans cette année, a commencé ses activités en Haïti, mais aujourd’hui, elle est présente dans plusieurs pays. Plus de 500 professionnels en réadaptation y contribuent bénévolement.
Durant l’un des premiers séjours du groupe en Haïti, Colleen a entendu parler de Sam, qui avait été abandonné à l’hôpital général de Port-au-Prince. Après s’être informés, Jeff et elle ont entamé le processus d’adoption. Peu après, ils ont adopté Venel, et la famille a commencé un nouveau chapitre au Nouveau-Brunswick.
Le hockey était tout indiqué pour faire découvrir le Canada aux garçons.
« On vit en campagne, donc on a un grand terrain, avec un étang dans le fond, explique Sam. On se rendait là pour patiner. À cet âge-là, on n’avait jamais vu de neige ni de glace. Tout ça était très nouveau, et ça nous a immédiatement charmés. On enfilait nos patins et on allait à l’étang. C’est là qu’on a appris à patiner. J’ai commencé à jouer au hockey organisé vers six ou sept ans, dans notre petit village de Keswick Ridge. »
Sam a été le premier à s’initier au hockey mineur. Mais comme bon nombre de petits frères, Venel n’était pas loin derrière.
« Je suis vite tombé amoureux du hockey, raconte Venel. J’ai eu mes premiers patins quand j’avais quatre ou cinq ans, et je m’en servais sur l’étang. Je regardais mon frère jouer au hockey et j’aimais tellement ça. J’étais vraiment jaloux! J’ai pu commencer l’année suivante, et ça a été le coup de foudre. »
Sam et Venel s’entraînaient ensemble et se motivaient l’un l’autre, ce qui a fait d’eux de bons hockeyeurs. Comme ils n’ont qu’un an d’écart, ils jouaient dans la même catégorie d’âge une année sur deux. La saison M13 a été particulièrement marquante : les frères Campbell ont tous les deux été sélectionnés par l’Express AAA de Fredericton. Ils pouvaient se rendre à la patinoire, s’entraîner et jouer ensemble, dans la même équipe. Et, qui plus est, c’était leur père Jeff l’entraîneur.
Colleen, adepte de natation, et Jeff, lui-même hockeyeur, ont grandi dans des familles de sportifs. Ils ont appris l’importance des sports d’équipe, et aujourd’hui, ils sont ravis de voir ce que le hockey apporte à Sam et Venel.
« Ça leur a enseigné à avoir confiance en eux. Surtout Venel, qui a toujours été chétif. Quand il est arrivé au Canada, à trois ans et demi, il pesait 23 lb. Mais quand il enfile ses patins, on ne remarque pas qu’il est petit, souligne Colleen. Le hockey leur a enseigné la confiance et le fait que dans la vie, il y a des hauts et des bas. On perd un match, on ne fait pas l’équipe, c’est quelqu’un d’autre qui gagne le trophée… tout ça, ça arrive dans la vie. Et le hockey leur a aussi enseigné à être de plus en plus responsables à mesure qu’ils grandissaient. Responsables de leur forme physique, responsables de leur participation et responsables de leur attitude. En plus, ça leur a appris à composer avec toutes sortes de personnalités.
« Nos gars savent faire leur lavage, commander au restaurant, se comporter convenablement en voyage, et parler et interagir avec des adultes. Tout ça, c’est le sport et la vie en équipe qui le leur a enseigné. C’est un apprentissage essentiel. »
Les frères Campbell sont très reconnaissants de vivre au Canada, mais Haïti aura toujours une place spéciale dans leur cœur. La famille s’y est rendue deux fois au fil des ans et prévoit encore y retourner. Maintenant que Sam et Venel sont adultes (et étudiants – Sam, à l’Université du Nouveau-Brunswick, et Venel, à l’Université St. Francis Xavier), ils aimeraient contribuer à Healing Hands et aider leur pays natal.
« Quand j’étais jeune, on est allés en Haïti et on a pu aider plein d’enfants en leur donnant des vêtements et en leur lisant des histoires. J’avais l’impression d’être à ma place, se confie Venel. Ça m’a fait du bien de pouvoir redonner au pays de mon enfance. J’ai l’impression qu’un jour, je serai quelqu’un et j’aiderai Haïti. Mes racines sont là. Je ne peux pas oublier ça. Je veux juste que les choses aillent mieux. J’aurais un véritable sentiment d’accomplissement si je pouvais contribuer. »
Les Campbell sont une famille unie par l’amour. L’amour du hockey, l’amour d’Haïti et du Canada, et l’amour les uns pour les autres – comme en témoignent Sam et Venel, quand on leur parle de leurs parents.
« Nos parents, ce sont les meilleurs. Il n’y a pas d’autres mots pour les décrire. Sans eux, on ne serait pas ici. Ils nous ont donné une belle vie. On est vraiment chanceux. Ils nous ont essentiellement sauvé la vie », explique Sam.
« Plus le temps passe, plus notre famille se rapproche, ajoute Venel. Il n’y a pas que Sam et moi qui sommes compétitifs, nos parents aussi! On veut tous faire de notre mieux, et on veut tous ce qu’il y a de mieux pour les autres. Je ne pourrai jamais assez remercier mes parents pour tout ce qu’ils ont fait pour moi, pour tout le temps et l’argent investi dans mon éducation et dans le hockey. C’est grâce à eux si je suis qui je suis aujourd’hui. »
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
Hockey Canada
(647) 251-9738
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