RÈGLES DE JEU
Les règles pour les Jeux olympiques stipulaient l’utilisation de sept joueurs sur la glace (les six positions habituelles et un maraudeur) et les matchs étaient de deux périodes de 20 minutes séparées par un entracte de 10 minutes. Une égalité à l’issue de ce temps réglementaire nécessitait la tenue d’une prolongation jusqu’à ce qu’un gagnant soit déterminé. Aucun substitut n’était autorisé et si un joueur était blessé, un joueur de l’autre équipe devait être rappelé au banc pour poursuivre le match à égalité numérique. Une telle situation est survenue dans la deuxième moitié du match du Canada face à la Suède, quand Connie Johannesson a subi une blessure. Les deux équipes ont joué à six joueurs pendant qu’il récupérait à la suite d’un tir bloqué. Pendant ses cinq minutes d’absence, les Canadiens ont inscrit cinq buts.
Les règles de jeu du Canada ont été adoptées à ces Jeux olympiques, entièrement grâce à la force de persuasion de William Hewitt (le père de Foster), dont les connaissances au hockey lui ont amené un respect instantané de la communauté internationale du hockey. En fait, la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) a été tellement impressionnée par Hewitt qu’elle lui a fait l’honneur de lui permettre d’arbitrer le premier match de l’histoire du hockey olympique opposant la Suède à la Belgique.
Fait incroyable, il y avait quatre juges de buts, deux de chaque côté, un groupe de chronométreurs et un chronométreur des punitions qui prenait place dans le coin de la patinoire, séparé de ses collègues. Le succès de Hewitt en tant qu’arbitre pour son interprétation déterminée, mais posée des règles a été si important, que le CIO, lors de réunions qui ont eu lieu pendant les Jeux olympiques, a décidé d’adopter les règles de jeu canadiennes pour toutes les compétitions internationales à venir.
Hewitt a décrit les filets des buts du Palais de Glace d’Anvers comme davantage des « portes pliantes » que des filets comme ceux utilisés au Canada et, même si ces buts étaient peints en rouge traditionnel, ils étaient fixés dans la glace seulement par des petits clous. Les dimensions de la glace naturelle étaient minuscules en comparaison avec les normes canadiennes, d’une longueur de seulement 165 pieds par une largeur de 58 pieds et demi. L’aréna avait été évidemment conçu pour le patinage artistique et la danse sur glace, pas le hockey. Les bandes formées de panneaux et peintes en blanc produisaient des rebonds irréguliers. Durant les matchs, des filets installés autour de l’aréna protégeaient les partisans.
Fait intéressant, des chaises et des tables étaient disposées à une extrémité et d’un côté de la patinoire pour que les clients qui voulaient manger et boire en regardant l’action — et écouter l’orchestre qui jouait sans cesse du matin au soir — puissent le faire en tout confort (l’ancêtre des loges de luxe!).
Avant chaque partie du Canada, les hymnes nationaux des équipes participantes retentissaient et après la sirène de la fin, le Ô Canada jouait pour honorer l’équipe gagnante, alors que les spectateurs se tenaient debout en guise de respect.
LA VÉRITÉ À PROPOS DES ADVERSAIRES DU CANADA
Sur le plan vestimentaire, les joueurs d’Équipe Canada portaient des chandails noirs et jaunes avec une grosse feuille d’érable cousue à la hauteur de la poitrine. Ils étaient déconcertés par l’apparence de deux membres de l’équipe française, un qui avait une longue barbe noire et un autre qui était chauve et au début de la quarantaine!
Les Suédois sont arrivés au tournoi en étant plus habitués à une autre forme de hockey, soit le bandy, un sport qui se joue avec des bâtons courts comme au hockey sur gazon et une grosse balle de caoutchouc. Ils étaient emballés et déroutés par la balle (rondelle) « plate » canadienne. Le bandy se jouait sur la glace, mais les joueurs portaient des patins de vitesse et la surface de jeu était aussi large que celle d’un terrain de soccer. Ainsi, les Suédois étaient des patineurs élégants, mais ils avaient de la misère à freiner et à faire des départs comme les Canadiens et ils avaient encore moins d’expérience dans l’art de donner des mises en échec.
Aussi, ils étaient vêtus comme des joueurs de soccer, ne portant pratiquement aucun équipement protecteur pour le haut du corps, aucune jambière et des gants de hockey très rudimentaires. Le gardien de but portait ce que Hewitt décrivait comme un « mélange entre un tablier de forgeron et un blouson d’aviateur. » Le jeu de l’équipe suédoise s’est grandement amélioré lors des premiers jours à Anvers, principalement sa capacité à donner des mises en échec et à contrôler la rondelle, grâce à ses séances d’observation des Canadiens à l’entraînement. Cependant, quand le Canadien Mike Goodman a refusé de vendre ses patins aux Suédois après le tournoi (tous les Américains se sont fait un plaisir de réaliser un profit), ils ont pensé que Goodman avait un moteur intégré au tube de sa bottine ou quelque part dans sa lame! Un mois avant de mettre le cap sur l’Europe, Goodman avait en fait remporté le championnat nord-américain de patinage de vitesse.
Quant aux Tchécoslovaques, Hewitt ne les portait vraiment pas en haute estime. « Ils avancent sur leurs patins en faisant des mouvements maladroits, ils prennent des tirs du poignet et ils jouent uniquement de façon individuelle », a-t-il noté. Les Américains, avec tellement de Canadiens au sein de leur formation (voir plus bas), étaient clairement la seule autre équipe du tournoi à offrir de l’adversité.