Dans mes propres mots : Dampy Brar
L’entraîneur, mentor, instructeur et lauréat du prix Héros de la communauté Willie-O’Ree nous parle de son parcours et de l’importance de laisser sa marque au sein de la communauté sud-asiatique
Pendant d’innombrables générations, ma famille a vécu au Pendjab, en Inde. C’étaient des gens bien, honnêtes et travaillants. La terre a été cultivée de génération en génération, les traditions et le style de vie se perpétuant au sein de la famille.
Mon père rêvait d’autre chose pour lui-même et sa future famille. Il rêvait de venir au Canada et d’y refaire sa vie, d’explorer de nouveaux horizons. Mais il n’avait jamais imaginé que son rêve au Canada inclurait le hockey.
J’ai un vif souvenir de moi, à quatre ans, assis sur le perron de la maison à Sparwood, en Colombie-Britannique, la ville où je suis né. Je regardais des garçons plus âgés jouer au hockey dans la rue. Ça m’a tout de suite intrigué. Mon père a constaté mon intérêt et m’a acheté un bâton de hockey en plastique avec une lame rose, un manche jaune et un embout en caoutchouc noir, qui venait avec deux rondelles en plastique. Je jouais sans relâche dans notre sous-sol non aménagé, tirant dans une caisse de lait.
Nous avions la chance d’avoir des amis des Indes orientales dont les garçons jouaient au hockey mineur à Sparwood. À l’approche de la saison de hockey, mon père m’a inscrit. Il n’y avait qu’un seul problème : je n’avais jamais patiné.
J’ai eu la chance inouïe d’avoir un excellent instructeur en patinage. Il s’appelait Tander Sandhu et avait 11 ans. Il dit qu’il m’a fallu 15 minutes pour commencer à patiner tout seul, chaussé d’une de ses vieilles paires de patins qui n’étaient même pas à ma taille. À huit ans, j’ai été surclassé pour jouer avec les plus vieux après avoir marqué 21 buts en deux matchs.
J’ai continué à accumuler les buts. Au début de la saison, à 11 ans, une nouvelle règle est entrée en vigueur selon laquelle on ne pouvait marquer plus de trois buts par match. Même si j’étais un bon fabricant de jeu et que je faisais beaucoup de passes, il était bien connu que cette règle avait été créée à cause de moi. Avec le recul, je crois que cela a fait de moi un meilleur passeur. Ma famille se demande toutefois si, sans cette règle, je n’aurais pas reçu encore plus d’attention et de visibilité dans la communauté du hockey.
Je suis né au Canada, et j’adorais tout simplement ce sport. Je voyais tout le monde dans mon équipe et leurs familles de la même manière, mais ce n’est pas tout le monde qui me considérait comme un égal. Enfant, je ne remarquais pas trop les regards et les commentaires. Le racisme m’est apparu lorsque j’avais huit ans. Après mon troisième but lors d’un match, un joueur de l’équipe adverse, qui venait d’une ville voisine, m’a crié quelque chose à plusieurs reprises pendant la mise au jeu contre lui. Un mot qui commençait par P, mais je ne comprenais pas trop.
Après deux autres buts, le garçon a continué à crier le même mot encore et encore. Je peux encore voir ce qu’il portait, les expressions sur son visage et sa colère. Je me souviens de la peur que j’ai ressentie. J’ignorais ce que j’avais fait de mal et pourquoi il était si en colère contre moi. Mon coéquipier m’a expliqué que notre adversaire disait des choses vraiment méchantes à mon sujet. À propos de mon apparence. Les railleries ont continué, mais j’ai réussi à me concentrer sur le jeu et à m’amuser. Après le match, dans lequel j’avais fini par marquer 13 buts, le garçon m’a serré la main et m’a répété ce mot, « Paki », en pleine face.
J’ai rejoué l’incident dans ma tête toute la fin de semaine. Le lundi matin, à la récréation, j’ai demandé à mon ami indien plus âgé, qui jouait aussi au hockey, ce que signifiait « Paki ». Il m’a expliqué qu’on nous appelait ainsi pour se moquer de nous. C’était un nom qu’on m’avait donné en raison de la couleur de ma peau.
Je me suis habitué à l’entendre au fil des ans. Le pire, ça a toutefois été de l’entendre d’un parent lorsque j’avais 15 ans. Juste avant le début d’un match, tandis que le calme régnait dans l’aréna, le père du gardien de but adverse a crié à son fils : « Ne laisse pas ce maud*t Paki marquer! », puis il m’a regardé droit dans les yeux.
Vers la fin de la saison, nous nous sommes rendus dans une petite ville du col Crowsnest, dans le sud de l’Alberta, pour un match. C’était un vendredi soir, et un groupe d’ados était venu encourager leur équipe locale. Au lieu de regarder le match, ils se tenaient à l’écart des parents et me lançaient constamment des insultes racistes tout en faisant des gestes déplacés.
Je n’ai jamais répété ce qu’ils ont dit. Jusqu’à aujourd’hui. Car si l’on espère provoquer un changement, il faut parler ouvertement de ces paroles, de ces gestes. « Retourne chez toi, Paki », « Mets un peu de cari sur la rondelle, ça va t’aider », « Où est passé ton point rouge sur le front? ». Voilà le genre de moqueries que ces jeunes me lançaient. Chaque fois que le jeu sur la glace m’amenait près d’eux, ils se mettaient à frapper sur la baie vitrée depuis les gradins pour me faire peur, pour m’intimider.
Nous avons gagné 6-4 ce soir-là. Mes parents étaient tout sourire sur le chemin du retour, ils trouvaient que j’avais bien joué. Moi, j’étais silencieux, comme engourdi. En rentrant à la maison, les larmes aux yeux, j’ai dit à mes parents, « On s’en fout du match, vous n’avez pas vu ce qui se passait? » Leur réponse? Si je voulais devenir un joueur d’élite et représenter notre culture, c’était le genre de choses auxquelles j’allais devoir m’habituer. Mon père m’a ensuite parlé du racisme qu’il avait lui-même subi dans les rues et au travail. Il voulait m’en protéger, mais malheureusement, ce n’était pas possible.
C’est là que j’ai commencé à penser qu’un jour, je me servirais du hockey pour gagner le respect, et que j’aiderais à mon tour d’autres jeunes issus de la communauté sud-asiatique et leurs familles.
J’avais pour objectif de devenir hockeyeur professionnel. Un chemin parsemé d’embûches, vous l’aurez deviné. Avec des parents immigrants, sans mentor et sans Internet, il était très difficile de m’y retrouver dans le système. Je suis parvenu tant bien que mal à me frayer un chemin dans le junior B, le junior A, jusqu’à l’équipe du Collège universitaire Concordia de l’Alberta à Edmonton. Puis, je me suis mis à douter. Le hockey universitaire était-il vraiment la meilleure voie pour atteindre mon objectif?
Après quelques matchs, un ancien entraîneur dans la LNH devenu agent de joueurs, du nom de Bill Laforge père, est venu nous voir en action. Il a eu la gentillesse de me prendre sous son aile et m’a aidé à atteindre les rangs professionnels aux États-Unis.
En sept ans de carrière, j’ai passé cinq saisons avec les Sabercats de Tacoma dans la West Coast Hockey League (WCHL), où j’ai joué sous les ordres de deux entraîneurs remarquables en John Olver pendant trois ans et Robert Dirk pendant deux ans. Robert et moi sommes aujourd’hui tous deux entraîneurs à l’Okanagan Hockey Academy.
J’estime avoir pris du galon durant ces années, et pas seulement comme hockeyeur. J’ai appris l’importance de m’impliquer dans ma communauté. La ville m’a témoigné beaucoup d’amour en retour, au point d’effacer ou presque l’impact de toute discrimination contre moi. J’ai remporté le championnat de la WCHL avec les Sabercats en 1999 et pris part au match des étoiles de la ligue. J’ai aussi été élu Joueur le plus populaire par les partisans et partisanes à chacune de mes cinq saisons avec le club.
D’autres jalons ont marqué mon parcours, notamment mon rappel par le Thunder de Las Vegas dans la Ligue internationale de hockey (IHL). L’année suivante, j’ai signé un contrat à deux volets avec les Bulldogs de Hamilton dans la Ligue américaine de hockey (AHL), un club affilié à mon équipe favorite, les Oilers d’Edmonton.
En accrochant mes patins à la fin de la campagne 2002-2003, j’ai su que j’avais un nouvel objectif à atteindre. C’était à moi de donner au suivant.
Lorsque mon fils, aujourd’hui âgé de 16 ans, a commencé à jouer chez les Timbits, j’ai décidé de m’impliquer en accompagnant les jeunes de la communauté sud-asiatique et leurs familles, tantôt à titre de mentor, tantôt comme entraîneur, ou simplement en offrant mes conseils. Quelques années plus tard, quand ma fille a commencé à jouer, je me suis impliqué davantage dans le hockey féminin. J’ai même eu la chance de contribuer à bâtir des ponts à l’international lorsqu’une équipe féminine de Leh Ladakh, en Inde, est venue au Canada pour la première fois afin de participer au WickFest, une initiative menée par nulle autre que Hayley Wickenheiser, figure emblématique d’Équipe Canada.
Au bout du compte, c’est ma passion pour le hockey qui m’amène à offrir du soutien et des conseils aux joueurs et joueuses des communautés sud-asiatiques et de diverses origines, à créer des liens dans la communauté, à mettre les jeunes et les parents à l’avant-plan, et à diffuser l’information.
Mon travail auprès de la communauté sud-asiatique m’a valu l’honneur, en 2020, de recevoir le prix Héros de la communauté Willie-O’Ree. Je devenais ainsi le premier membre de cette communauté à remporter un prix de la LNH, ce qui m’a motivé à poursuivre mes efforts pour favoriser la diversité et l’inclusion dans notre sport.
Des équipes de la LNH ont déjà emboîté le pas en tenant des soirées du patrimoine sud-asiatique pour souligner les contributions de notre communauté. J’ai eu le privilège de prendre part aux cérémonies lors de ces soirées organisées par les Kings de Los Angeles, les Jets de Winnipeg, les Oilers d’Edmonton et les Flames de Calgary, soit au sein de la garde d’honneur, soit à la mise au jeu protocolaire.
Il faut du temps pour changer les choses. Mais avec assez de volonté, on y parvient. Ensemble, nous contribuerons à améliorer la culture du hockey et favoriserons l’essor du sport que nous aimons tant. Tout comme dans mon parcours de hockeyeur, depuis l’âge de quatre ans jusqu’à mon dernier match professionnel, il faut faire preuve de persévérance, de résilience.
Car le succès est une œuvre qui reste à jamais inachevée.
Mordre dans sa nouvelle vie grâce au hockey
Bridget Vales n’avait jamais entendu parler du hockey avant de déménager en Saskatchewan depuis les Philippines; aujourd’hui, le sport du Canada meuble son quotidien
Bridget Vales a eu un premier contact avec le hockey lorsqu’elle a assisté à une séance d’entraînement de son demi-frère peu de temps après avoir quitté les Philippines pour White City, en Saskatchewan. Elle avait huit ans. Et rapidement, elle a eu le goût d’essayer ce sport.
Cette première expérience ne s’est pas déroulée comme prévu.
« Ça a été difficile », confie Bridget, maintenant âgée de 14 ans. « C’était gênant, je participais aux essais, mais je ne savais pas patiner. Je pleurais à l’aréna. Tout le monde était meilleur que moi. »
Elle a fini par être sélectionnée au sein de l’équipe, et de match en match, elle s’améliorait. La saison suivante, alors âgée de neuf ans, elle a été choisie pour jouer avec le club « B » de l’Association de hockey mineur Prairie Storm. Elle a travaillé sans relâche pour améliorer son coup de patin et ses habiletés.
« J’étais heureuse de ma progression, lance-t-elle. Mais la transition n’a pas été de tout repos. »
La passion du hockey est venue naturellement à Bridget. Sa mère, Reynilda Vales, était rapidement tombée en amour avec ce sport à son arrivée au Canada en provenance des Philippines avec un visa de travail de sage-femme en avril 2015. À l’époque, elle n’était pas autorisée à être accompagnée de membres de sa famille, mais après deux ans, elle a obtenu son statut de résidente permanente et a pu faire venir Bridget à Regina en 2018. Son employeur de l’époque l’a initiée au hockey, et c’est là que son histoire d’amour avec le hockey a commencé.
« Je voulais que Bridget puisse aussi essayer ce sport, commente Reynilda. Je suis une mordue de hockey. Je ne passe pas inaperçue dans les estrades avec mes encouragements intenses. Je ne me possède plus dans un aréna. Aux Philippines, on est habitués qu’il fasse vraiment chaud, mais quand les enfants jouent au hockey ici, je ne me soucie pas du froid. »
Là-bas, Bridget mettait l’accent sur ses études. Elle ne s’adonnait à aucun sport. Depuis son arrivée en sol canadien, elle a découvert son côté sportif; elle pratique le hockey, le baseball, la crosse, le badminton, le volleyball et l’athlétisme. Mais c’est le hockey qu’elle préfère.
« J’adore jouer des matchs et rencontrer de nouvelles coéquipières, raconte-t-elle. Ce que je préfère, c’est patiner et donner des mises en échec. Le hockey est mon sport favori, ça me rend tellement joyeuse et fébrile. C’est un sport tellement amusant à pratiquer. »
Le hockey n’est qu’un moyen parmi tant d’autres dont Bridget s’est servie pour mieux comprendre la vie au Canada. Non seulement elle a pu rencontrer de nouvelles personnes et nouer des amitiés, mais cela l’a également aidée à s’adapter à une nouvelle vie, ainsi qu’à une culture, un climat, des aliments, une langue et un système scolaire qu’elle ne connaissait pas.
« Je suis contente que le hockey soit un sport chéri ici. C’est amusant à regarder et à pratiquer, j’aime apprendre des choses sur le hockey. Avec mon équipe, je suis à ma place et je sens que je fais partie de quelque chose de plus grand. »
Reynilda a été une influence importante dans la vie de Bridget. Elle l’a aidée à se débrouiller dans une nouvelle ville et un nouveau pays.
« C’est facile pour moi de guider ma fille, car je suis arrivée ici avant elle et j’ai ressenti le même choc culturel, explique Reynilda. Le hockey est dans nos vies maintenant. Ça nous garde occupés et nous aide à veiller au bien-être des enfants. C’est dans notre quotidien. »
Ce n’est pas évident de faire un changement radical dans sa vie et de déménager dans un nouveau pays, mais le hockey a facilité les choses. Avec les commentaires que Reynilda entend aujourd’hui, elle comprend à quel point Bridget a fait du chemin.
« Les parents me demandent si Bridget a grandi ici en la voyant patiner, témoigne Reynilda. Elle n’a pas l’air de quelqu’un qui vient de commencer à pratiquer ce sport. C’est fou comment elle a progressé. Je pense que c’est parce que le hockey coule dans ses veines. Elle adore ça. »
Reynilda et Bridget ont adopté entièrement le style de vie canadien – apprenant la pêche sur glace et le hockey – mais elles font aussi découvrir leur culture.
« Avant, je me sentais mal à l’aise parce que j’étais différente, mais maintenant, quand les gens savent que je suis une Philippine, ils veulent en apprendre sur moi et ma culture, ils veulent connaître ma langue, dit Bridget. Ça me rend heureuse de m’ouvrir. Comme tout le monde, au hockey, je me sens à la maison. »
Brian, derrière le banc
Au cours des trente dernières années, Brian Sugiyama a entraîné ses enfants, ses petits-enfants, d’autres enfants de la communauté et même d’autres entraîneurs et entraîneuses qui, comme lui, ne veulent qu’améliorer le sport
Quand on passe des décennies à faire ce qu’on aime, on évolue.
Derrière le banc, dans le vestiaire et sur la patinoire, Brian Sugiyama aide des enfants et de jeunes adultes à devenir de meilleurs joueurs et joueuses et de meilleures personnes depuis 30 ans.
À 72 ans, le résident de Nanaimo, en Colombie-Britannique, n’a peut-être pas tout vu, mais avec son expérience inégalée, il a une bonne idée de ce qu’il faut pour être un entraîneur ou une entraîneuse de hockey d’exception.
« Quand j’ai commencé à donner des formations sur l’entraînement, j’abordais surtout la technique et la science du métier, explique-t-il. Aujourd’hui, j’insiste plutôt sur l’art de l’entraînement. Je travaille avec de jeunes adultes qui parfois viennent de terminer leur parcours de hockey mineur, ou encore avec des parents. On semble croire que le rôle d’un entraîneur ou d’une entraîneuse, c’est de tracer des X et des O et de diriger des séances d’entraînement, mais ce qui compte le plus selon moi, c’est l’aspect psychologique, le développement des enfants, les liens qui se créent entre les membres d’une équipe, et le respect qui est démontré au sein de l’équipe, mais aussi à l’égard des adversaires et des autres personnes impliquées dans le sport, comme les arbitres et juges de lignes. »
En plus d’être membre du groupe de présentation des programmes d’entraînement de Hockey Canada, Sugiyama est coordonnateur des entraîneurs du district de l’île de Vancouver et personne-ressource pour les programmes Entraîneur 1, Entraîneur 2 et Développement 1 du Programme national de certification des entraîneurs, dans le cadre desquels il enseigne chaque année à des centaines de personnes de toutes expériences. Il est également entraîneur-conseil Haute performance 1 et évaluateur sur le terrain pour le programme Développement 1.
Obtenir ces qualifications requiert du temps, du dévouement, de l’expérience, de la patience et une connaissance plus qu’approfondie de notre sport national.
Sugiyama possède toutes ces qualités.
Comme bien des histoires au hockey canadien, la sienne a commencé sur les patinoires extérieures. C’est à Edmonton, où il est né et a grandi, qu’il a commencé à jouer sur une patinoire que son père avait aménagée dans la cour.
Plus son amour du sport grandissait, plus ses habiletés et son engagement se développaient. À l’adolescence, il a joué au hockey compétitif avec le Maple Leaf Athletic Club. Son parcours derrière le banc a commencé lorsqu’il a prêté main-forte au personnel entraîneur de l’équipe de son frère cadet. Puis, au début des années 1980, il a fait comme bien des pères : il a entraîné l’équipe de son fils. Son épouse Karen et lui ont quatre enfants, et les quatre ont joué au hockey.
« J’ai commencé par les divisions récréatives chez les plus jeunes, et comme je voulais m’améliorer, j’ai suivi des cours. J’ai ensuite entraîné une équipe compétitive M11. Même si j’ai vu du bon et du moins bon, j’en ai retiré beaucoup de choses. Je voulais contribuer au développement non seulement de mes propres enfants, mais aussi des enfants de ma communauté. »
Plus tard, la famille a déménagé sur l’île de Vancouver, où elle réside toujours. Le nom Sugiyama est peut-être aussi connu à Nanaimo qu’il l’est à Edmonton, compte tenu du nombre d’années que Brian et sa famille y ont passées au service de la communauté du hockey.
TJ Fisher a passé la saison 2023-2024 avec Brian derrière le banc d’une équipe récréative mixte M15 dans laquelle jouait l’un de ses enfants et l’une des petites-filles de Brian.
« C’est super de voir un grand-père entraîner ses petits-enfants, souligne Fisher. On ne voit jamais ça. Pour les gens de mon âge, réussir à évoluer avec la prochaine génération, c’est un peu un objectif de vie. Brian maîtrise les nouvelles technologies, ce qui l’aide à rester sur la même longueur d’onde que les adultes qu’il forme et les jeunes qu’il entraîne. »
Sugiyama a également inspiré Erin Wilson. Les deux ont travaillé ensemble pendant la saison 2021-2022 et se connaissent depuis près de trois décennies.
« En tant que parent et entraîneur, j’estime vraiment l’importance que Brian accorde au franc-jeu et à l’esprit sportif, explique Wilson. Il encourage tous les joueurs et les joueuses à faire partie intégrante de l’équipe; c’est très précieux pour le développement du caractère, l’estime de soi et le jeu collectif. Ces valeurs de franc-jeu et d’esprit sportif sont essentielles pour moi et j’essaie de les appliquer à mon tour quand j’entraîne une équipe. »
Si au sein des équipes compétitives, on trouve bon nombre de parents qui veulent entraîner, c’est beaucoup moins vrai pour les équipes récréatives. Brian Sugiyama, qui a travaillé dans les deux univers, est à même de le constater.
Mais l’influence de Brian ne se fait pas sentir uniquement chez des parents canadiens ordinaires. Ces dernières années, il a animé des cours auxquels participaient d’anciens joueurs de la LNH bien connus, qui souhaitent s’impliquer en entraînement.
« La saison dernière, j’avais comme élèves Andrew Ladd, Brent Seabrook et Duncan Keith, raconte-t-il. Ils veulent transmettre leurs connaissances à une école de hockey ou à une équipe, et soutiennent les initiatives de Hockey Canada en matière de formation des entraîneurs et entraîneuses. »
Pendant ses cours, Sugiyama aime blaguer qu’il commence à se faire vieux, mais il continue de s’impliquer, et le fera aussi longtemps qu’il le peut. C’est une bonne nouvelle non seulement pour les enfants sur la glace, mais aussi pour les adultes qui apprennent de lui.
« C’est spécial de voir cette famille à l’œuvre, conclut TJ Fisher. Il est toujours entraîneur, ses enfants le sont aussi, et ses petits-enfants jouent au hockey. C’est formidable. »
Sur la voie de la réussite
À la veille de conclure sa carrière au hockey junior à la Coupe du centenaire avec les Blues de Collingwood, Noah Pak est promis à un brillant avenir, tant sur la glace qu’à l’extérieur des patinoires
Jouer devant le filet n’intéressait pas du tout Noah Pak, du moins pas au départ. Celui qui défend aujourd’hui la cage des Blues de Collingwood s’était montré bien réticent à enfiler les jambières à sa première occasion, mais il s’est vite ravisé.
« C’était le premier match de la saison, personne ne voulait jouer dans les buts, alors mon père a dit que je me porterais volontaire, se souvient Pak. Ça m’avait mis en colère, j’étais en larmes pendant que je mettais mes jambières. Mais j’avais fini par jouer toute la partie. J’avais adoré ça et j’étais bien content que mon père m’ait poussé dans le dos. »
Voilà une décision qui continue de rapporter pour le jeune de 19 ans, lui qui est devenu l’un des meilleurs gardiens de but au pays dans le junior A. Ses exploits durant la saison parlent d’eux-mêmes : 16 victoires, moyenne de buts alloués de 1,37 et pourcentage d’arrêts de 0,947, trois catégories dans lesquelles il a terminé au tout premier rang. Pak a permis aux Blues, une équipe réputée pour son jeu défensif, de remporter leur tout premier titre de l’OJHL et ainsi d’accéder à la Coupe du centenaire.
« On rêvait de se rendre jusqu’ici pour tenter de remporter un championnat national, c’était même un objectif en début de saison », explique Pak au sujet du Championnat national junior A. « On est bien préparés et on a selon moi ce qu’il faut pour atteindre le but ultime, mais il faut aussi prendre le temps d’apprécier l’expérience. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut jouer sur la scène nationale. »
L’athlète originaire d’Oakville, en Ontario, a été nommé Joueur par excellence des séries éliminatoires dans l’OJHL. Malgré toute l’attention que lui valent ses prouesses individuelles, il préfère rendre crédit à l’équipe, qui l’incite sans cesse à atteindre son plein potentiel tant sur la glace qu’à l’extérieur des patinoires.
« L’équipe et la culture à Collingwood ont contribué à mon développement comme joueur, mais aussi comme personne. On n’a jamais douté de nos chances de remporter le championnat. Oui, c’est bien toutes ces statistiques individuelles, mais on est ici pour gagner en équipe. »
Le regard tourné vers l’avenir
Pak se prépare aussi à ce qui l’attend en dehors du hockey. Celui dont le parcours se poursuivra à l’Université Yale à compter de l’automne prochain comprend l’importance de se garder le plus de portes ouvertes possible, au hockey comme dans les autres sphères de sa vie.
Après avoir fait tourner des têtes à la Coupe Cottage de Collingwood au début de la saison 2021-2022 – saison écourtée en raison de la pandémie – Pak n’a pas hésité bien longtemps quand l’occasion s’est présentée : c’est avec les Bulldogs qu’il se voyait jouer.
« Ça allait de soi : rien n’égale le programme là-bas, tant pour le hockey que pour la qualité de l’enseignement. Il faut que je songe à mon avenir après le hockey. C’était un moment chargé d’émotion, surtout pour mes parents, étant donné tout ce qu’ils ont fait pour moi au fil des ans. »
S’il n’a pas à s’arrêter sur une majeure dès sa première année à Yale, Pak dit en revanche s’intéresser au commerce et à l’économie. Il ajoute néanmoins qu’à l’école comme au hockey, il tient à garder ses options ouvertes. Peu importe la voie qu’il choisira, Pak est reconnaissant pour tout le soutien qu’il a reçu de ses parents.
« Sans eux, je ne serais pas ici. Tout le temps qu’ils ont passé sur la route avec moi, à m’aider à me préparer pour les matchs, l’argent qu’ils ont déboursé en équipement, pour les entraînements… Quand je pense à ce que j’ai accompli, j’ai une pensée pour eux aussi, c’est certain. »
Les principaux intéressés, Dennis et Nancy, ont toujours su qu’ils avaient un garçon autonome. Ils se rappellent tout le sérieux qu’il mettait dans sa préparation avant les matchs, son attitude devant l’adversité, sa décision d’opter pour la NCAA... Le hockey représentait beaucoup pour leur fils, et ils le sentaient bien. Cela n’a fait que resserrer les liens familiaux.
« Noah s’est toujours démarqué par sa détermination, souligne Dennis. Il se donnait à fond dans ses entraînements et était résolu à poursuivre son développement près de la maison à Collingwood. Pour notre part, nous l’avons soutenu en adaptant notre mode de vie à son horaire. Tant qu’il est heureux, nous l’appuierons dans ses décisions et nous serons toujours là pour lui. »
À l’aube d’une nouvelle étape dans sa carrière de hockeyeur en fin de semaine à la Coupe du centenaire et d’un été qui s’annonce bien occupé, Pak comprend qu’il peut servir d’exemple dans son sport, ce à quoi il accorde une grande importance. Son enfance à Oakville lui a permis de voir l’évolution du hockey, qui tend toujours vers une plus grande diversité, tendance qu’il espère voir durer.
« Le hockey, c’est pour tout le monde », tient à rappeler l’ancien des Rangers d’Oakville dans la catégorie AAA. « J’ai eu la chance d’avoir l’appui de mes parents dans mes décisions. N’importe qui peut décider d’enfiler des jambières ou des patins, alors tant mieux si je peux inspirer ne serait-ce qu’un seul jeune à adopter le sport, que ce soit dans le but d’en faire une carrière ou un simple loisir. C’est le plus beau sport au monde. »
Bien que Pak soit concentré sur la mission de son équipe, à savoir remporter un titre national pour Collingwood, il tient aussi à ce que ses coéquipiers et lui savourent chaque instant avant de tourner la page.
« J’ai hâte au prochain chapitre de mon histoire, et je veux que mes succès se poursuivent, conclut Pak. Rien ne me ferait plus plaisir que d’exceller sur le plan scolaire et avec les Bulldogs, mais j’y vais une étape à la fois. On verra bien où me mènera le hockey. »
Le regard tourné vers l’avenir
À seulement 14 ans, Aydan se concentre sur sa carrière de hockeyeur, mais il est déjà conscient de la voie qu’il trace pour les autres joueurs de descendance asiatique
Aydan Wang n’a peut-être que 14 ans (il en aura 15 le 29 juin), mais il pave déjà la voie pour la prochaine génération de hockeyeurs d’origine asiatique.
L’adolescent de Winnipeg achève sa dixième année à la St. George’s School de Vancouver, où il a inscrit 15 buts et 16 mentions d’aide en 31 matchs pour l’équipe M15 préparatoire de l’établissement. Il a déménagé de sa ville natale (où il fréquentait la St. John’s Ravenscourt School) pour aller étudier à St. George’s après que ses parents eurent entendu parler de la prestigieuse école par le bouche-à-oreille.
« Après avoir mené nos recherches, nous avons conclu que St. George’s serait parfaite pour moi, car elle a non seulement un excellent programme scolaire, mais aussi une équipe de la Canadian Sports School Hockey League (CSSHL), explique Aydan. C’est drôle, parce que l’un de mes meilleurs amis, qui habite en Californie et avec qui j’avais déjà joué au hockey, songeait lui aussi à faire une demande d’inscription. Nous avons donc pris contact et décidé de présenter notre candidature. Nous avons communiqué avec le directeur du programme de hockey; il a ensuite parlé à ses sources à Winnipeg et m’a offert une place dans la formation. Cette année, notre équipe n’a pas connu une excellente saison, mais je crois que nous avons quand même beaucoup progressé. »
Aydan, qui évolue aux trois positions à l’attaque, est récemment retourné dans sa province natale pour participer au camp des 40 meilleurs joueurs du Programme d’excellence M16 masculin de Hockey Manitoba, qui s’est tenu du 6 au 8 mai à la Stride Place, à Portage la Prairie. Il a été choisi après avoir pris part avec plus d’une centaine d’autres joueurs au camp de sélection de l’événement, qui a eu lieu à Niverville au début avril.
Bien qu’il soit un hockeyeur de niveau élite, le jeune homme est entièrement dévoué à ses études. Comme en fait foi sa moyenne générale non pondérée de 4,0 (sur 4,0), il vient d’une famille où l’excellence scolaire est la norme depuis plusieurs générations.
Sa mère Fang, professeure de marketing à l’Université du Manitoba, et son père Gang, gestionnaire financier à IG Gestion de patrimoine, ont immigré de Chine à la fin des années 1990 pour poursuivre leurs études universitaires en Amérique du Nord. Fang est née à Hanzhong, dans la province du Shaanxi, et Gang, à Guangzhou, dans la province du Guangdong. Ils se sont rencontrés alors qu’ils étudiaient tous deux à l’Université du Minnesota.
« C’est un peu stéréotypé, mais le travail acharné, la persévérance et une soif intarissable d’excellence sont des valeurs typiquement chinoises qu’incarnent parfaitement mes parents. Ils sont hautement scolarisés, travaillent sans relâche et visent l’excellence autant dans leur vie professionnelle que dans leur rôle de parents », souligne le jeune homme.
La culture et les valeurs chinoises ont toujours fait partie intégrante de la vie d’Aydan. La plupart des membres de sa famille vivent toujours en Chine, et il leur a souvent rendu visite (mais pas récemment en raison de la COVID-19). Il parle couramment le mandarin, langue qu’il utilise avec ses parents, et est très proche des communautés chinoises de Winnipeg et de Vancouver.
En tant qu’immigrants de première génération, les parents d’Aydan ne connaissaient pratiquement rien au hockey. Voulant que leur fils fasse du sport, ils l’ont encouragé à jouer au tennis et au soccer.
« Aydan a commencé à jouer au hockey à six ans, se rappelle son père. À cette époque, nous ne connaissions pas du tout ce sport, mais notre philosophie en tant que parents était de faire en sorte qu’il essaie le plus de choses possible. Dès le début, on pouvait voir qu’il se plaisait sur la glace. Peu importe combien de fois il tombait, il se relevait toujours. »
La passion d’Aydan pour le hockey est vite devenue évidente. À dix ans, il a représenté le Manitoba au prestigieux Brick Invitational Hockey Tournament à Edmonton, un tournoi qui réunit certains des meilleurs hockeyeurs de neuf et dix ans en Amérique du Nord. L’année suivante, son père l’a amené à Toronto afin qu’il prenne part à des essais pour une équipe de printemps formée uniquement d’enfants d’origine chinoise.
« Nous voulions lui montrer qu’il était loin d’être le seul garçon asiatique qui jouait au hockey, explique M. Wang. La plupart des joueurs de cette équipe évoluaient au niveau AA ou AAA. Il a tellement aimé son expérience qu’il est retourné au printemps suivant. »
Même s’il est lui-même très jeune, Aydan est bien conscient que d’autres joueurs d’origine asiatique l’admirent et suivent sa carrière de près.
« Chaque fois que je gravis les échelons en tant que hockeyeur sino-canadien, je montre aux plus jeunes que moi, qu’ils soient asiatiques ou non, qu’eux aussi peuvent faire ce que je fais, tout comme je m’inspire de ceux qui se sont rendus au hockey universitaire, dans la Ligue junior de l’Ouest ou dans la LNH. »
Cet automne, Aydan jouera pour l’équipe préparatoire des M17 de St. George’s, et il a déjà hâte à la prochaine étape de sa jeune carrière de hockeyeur.
« Je veux continuer à développer mes habiletés et devenir plus gros et plus fort. Au cours des prochaines années, je devrai composer avec les mises en échec et j’évoluerai aux côtés de joueurs plus vieux, plus forts et plus rapides. Il faut donc que je gagne du coffre. Je dois aussi améliorer ma vitesse, mon tir et mon maniement de bâton – bref, toutes les facettes de mon jeu. »
Attachée à ses racines
Vicky Sunohara est une légende du hockey féminin, une double médaillée d’or olympique et une septuple championne mondiale, mais elle est surtout fière de ses origines japonaises
Dès qu’elle a chaussé des patins pour la première fois, Vicky Sunohara ne voulait rien faire d’autre.
Cet amour du hockey était tout naturel pour la légende du hockey féminin. Son père, David Sunohara, a joué pour les Rams de Ryerson, une équipe de hockey universitaire.
« C’est lui qui m’a fait découvrir le sport, dans notre sous-sol, et dès que j’ai appris à patiner, c’est la seule chose que je voulais faire, raconte-t-elle. Il fabriquait une patinoire dans notre cour; bon nombre des souvenirs que j’ai de lui sont associés au hockey. Je partageais sa passion et j’adorais ça. »
Après le décès de son père alors qu’elle avait sept ans, elle a continué de porter cet amour du hockey, mais avec un besoin de compétition.
« Je suis très compétitive et je voulais jouer au plus haut niveau possible. Mon oncle m’a récemment raconté qu’un jour, alors que j’avais trois ans, nous jouions au hockey et je lui ai dit qu’il n’y mettait pas assez d’efforts. »
Élevée à Scarborough, en Ontario, Sunohara a beaucoup joué au hockey dans sa jeunesse – dans la rue, sur les lacs et dans des ligues. C’est également à Scarborough qu’elle a appris à développer son jeu afin de devenir une joueuse dominante sur les plus grandes scènes du sport.
Sunohara compte bon nombre d’exploits à sa liste, notamment deux médailles d’or et une d’argent aux Jeux olympiques et sept titres au Championnat mondial féminin de l’IIHF. Avec Cassie Campbell-Pascall et Hayley Wickenheiser, elle faisait également partie intégrante du groupe de meneuses au début des années 2000.
Elle a grimpé maintes fois au sommet du monde du hockey, mais plus jeune, Sunohara peinait à saisir l’importance de son ascendance et ce qu’elle signifiait pour elle.
Comme son père était japonais et sa mère est ukrainienne, elle a subi des quolibets et de l’intimidation.
« Oui, il y a eu des fois où je voulais être comme tous les autres, confie-t-elle. J’ai eu une très belle enfance, mais parfois on m’insultait à cause de mes origines asiatiques. Dans ces moments, je voulais être quelqu’un d’autre. En vieillissant, je m’en suis voulu d’avoir entretenu de telles pensées. Je suis fière de qui je suis. »
Sunohara souligne que c’est sa mère qui lui a permis de voir les choses autrement en lui parlant de son patrimoine et en lui expliquant qu’elle venait d’une longue lignée de travailleurs acharnés.
« Ma mère a été extraordinaire. Elle m’a dit que je devais choisir entre les laisser gagner ou pousser encore plus fort. Je voulais jouer et elle m’a donné la motivation nécessaire pour que je réalise mon plein potentiel. Je n’ai pas oublié ses leçons. Je suis si chanceuse de faire partie de la famille Sunohara. Quand je pense à tout ce qu’ils ont traversé, à leur résilience et à leur persévérance, je suis fière d’être une Sunohara et de partager l’histoire de ma famille. »
Tout au long de sa carrière de joueuse, elle a pu parler à des jeunes de la vie et du hockey et raconter son histoire. Elle continue à le faire en tant qu’entraîneuse. Sunohara a d’ailleurs reçu en 2020 le prix Sakura, décerné par le Centre culturel canadien japonais à une personne qui a grandement contribué à la promotion de la culture et du patrimoine japonais.
« Vers la fin de ma carrière, on m’a sollicité un peu plus; j’apporte donc ma petite contribution afin de redonner. Le sport a toujours fait partie intégrante de ma vie et je veux aider les autres – surtout les jeunes – à en profiter. Je n’ai pas toujours parlé de ce que j’ai vécu plus jeune, mais j’ai pensé que de raconter mon histoire serait bénéfique. »
Sunohara a eu un peu de difficulté à apprivoiser son après-carrière, mais a malgré tout fondé une académie de hockey féminin; elle a apprécié le défi d’apprendre une nouvelle compétence et a beaucoup aimé travailler avec les jeunes.
« Je ne me voyais pas comme une entraîneuse, mais j’adore compétitionner, apprendre et aider les jeunes hockeyeuses », explique-t-elle.
Elle est l’entraîneuse de l’équipe de hockey féminin de l’Université de Toronto depuis 2011, et en juin, elle sera entraîneuse adjointe de l’équipe nationale féminine des moins de 18 ans du Canada au Championnat mondial féminin des M18 de l’IIHF au Wisconsin.
« Je suis très contente de voir comment le groupe d’entraîneurs prépare les filles. C’est tellement important d’avoir accès à des ressources et à de l’information. J’ai vraiment hâte de partager mon expérience et de leur donner de la rétroaction. Je peux très bien imaginer à quel point elles sont enthousiastes à l’idée de représenter le Canada et d’avoir du succès sur la scène mondiale. »
Quand le hockey devient une famille
Malgré une interdiction de jouer au hockey quand il était jeune, Pat Lam est devenu un fier père de hockeyeurs et un bénévole aguerri à l’Association de hockey mineur de Nepean
Pat Lam a porté pratiquement tous les chapeaux au hockey mineur – entraîneur-chef et entraîneur adjoint dans des ligues maison et compétitives, soigneur, responsable d’équipe, entraîneur des gardiens de but, de même que simple parent et partisan dans les gradins. Lam a même été vice-président du fonctionnement au sein de l’Association de hockey mineur de Nepean (NMHA). Avec tout ce bagage, dur à croire qu’il s’est mis au hockey à l’âge adulte seulement.
D’origine coréenne, Lam a été adopté par une mère philippine et un père chinois. Selon lui, ses parents accordaient peu d’importance aux sports d’équipe, ils mettaient l’accent sur les études et la musique : « Ils ne voyaient pas le hockey comme un atout pouvant m’aider à réussir dans la vie, donc je n’ai pas joué du tout au hockey mineur pendant mon enfance. »
Même s’il ne pouvait y jouer, Lam s’est découvert un amour pour ce sport en regardant de grands noms comme Gretzky, Yzerman, Kurri, Bourque, Lemieux et Roy à l’œuvre à la télé tous les samedis soirs pendant les années 1980 : « J’étais impressionné par l’énergie, la vitesse et la pure passion pour le hockey des gens autour de moi. »
Une fois à l’université, Lam s’est initié lui-même au patinage sur le canal Rideau et les patinoires publiques. Lorsqu’il s’est senti suffisamment solide sur ses patins, il a proposé à son voisin, un hockeyeur junior B, de l’aider à faire des exercices de tir additionnels en « revêtant des jambières de gardien pour lui servir de cible mouvante à la patinoire extérieure du coin », raconte-t-il en riant.
Lam n’a ménagé aucun effort pour s’améliorer au hockey à la fin de la vingtaine. Il a participé à des camps de hockey pour adultes et peaufiné son coup de patin en suivant des cours de patinage artistique. Depuis, il joue comme gardien de but ou défenseur dans des ligues locales à Ottawa. Même s’il s’était mis au hockey à l’âge adulte seulement, Lam ressentait les bienfaits de ce sport dans sa vie et s’est juré que, s’il avait des enfants, il veillerait à ce qu’ils puissent vivre la même expérience s’ils le souhaitaient.
Quelques années plus tard, devenu papa de deux hockeyeurs, Lam savait qu’il voudrait offrir toute l’aide qu’il pouvait sur la glace. C’est donc dans une ligue maison qu’il a pu être le premier entraîneur au hockey de son aîné. Il s’est ensuite impliqué à titre de directeur d’une division de ligue maison et a fait un premier passage au sein du conseil d’administration de la NMHA. Lorsque son plus jeune s’est mis à jouer à son tour, Lam a pu le diriger au hockey compétitif pendant deux ans. C’est au cours de la dernière année qu’il a été nommé à son poste de vice-président pour la NMHA.
Venu d’une famille où le hockey n’était pas reconnu comme un passe-temps valable, Lam a appris à quel point ce sport pouvait transformer les vies et souhaite permettre aux autres parents de faire le même constat. « Le hockey montre à ses participants qu’on collabore à forger l’avenir des enfants dans le sport et dans la vie, soutient-il. On s’assure qu’ils développent la confiance nécessaire pour se mesurer aux autres, qu’ils comprennent ce que veut dire gagner et perdre, qu’ils reconnaissent l’importance de l’esprit d’équipe et des coéquipiers et, ultimement, qu’ils sachent que le progrès et l’amélioration exigent des efforts et de l’ambition. C’est au cœur de l’expérience qu’offre le hockey. On pourrait penser que ces buts sont propres au hockey, mais ils s’appliquent tous à la vie en général. »
Lam insiste aussi sur l’importance de s’impliquer autant que possible. « C’est essentiel que toutes les personnes en mesure de soutenir leur association de hockey fassent tout ce qu’elles peuvent pour veiller à ce que les entraîneurs de leurs enfants soient bien formés et au fait des dernières normes et méthodes en entraînement. C’est ainsi que l’on peut s’assurer de donner à nos joueurs toutes les chances de tirer profit de ces leçons de hockey et de vie. »
Lam a une vision bien à lui de son sport. Invité à partager ses conseils avec les familles qui veulent s’impliquer au hockey, il persiste et signe. « Soyez de la partie et devenez bénévoles! Le hockey est une communauté. Plus on s’y investit, plus on apprécie à quel point c’est un sport amusant qui crée une famille que l’on retrouve avec bonheur année après année. »
Lam a également quelques conseils pour les familles asiatiques qui ne connaissent peut-être pas le hockey et qui se demandent s’il s’agit d’une activité appropriée pour leur enfant. « Si votre enfant veut jouer au hockey, permettez-lui de le faire. Apprenez à découvrir ce sport et sachez qu’il apportera une tonne de bienfaits à votre enfant sur le plan social et physique, tant dans son quotidien que pour le reste de sa vie. Faites connaissance avec votre nouvelle famille de hockey, même si ça vous sort de votre zone de confort. Il est vrai que certaines personnes sont réfractaires aux cultures asiatiques et que nos personnalités et nos manières de communiquer sont parfois différentes, mais la grande majorité de la communauté du hockey est composée de gens merveilleux qui accueilleront votre enfant et votre famille à bras ouverts. »
Lam est d’avis que la représentation joue un rôle clé pour faire de la communauté du hockey un milieu plus inclusif. Que ce soit par l’entremise de modèles dans les rôles d’entraîneur, de bénévole et d’administrateur pour donner une visibilité aux différentes identités et origines ou au moyen d’une présence accrue dans les médias, c’est important que les enfants voient des personnes qui leur ressemblent. Comme le dit Lam, il s’agit de « montrer à nos jeunes que c’est un sport qui s’adresse à tout le monde ».
Par ailleurs, Lam estime que les associations de hockey doivent cibler les communautés asiatiques, où le hockey n’est pas forcément dans les mœurs. « C’est à la communauté du hockey de changer les mentalités, vu l’apport immense de ce sport sur les aptitudes sociales et la croissance personnelle en général. Les interactions sociales, l’esprit d’équipe et les coéquipiers sont des assises fondamentales pour que votre enfant devienne un adulte équilibré et outillé pour affronter les défis qui l’attendent lorsqu’il quittera le nid familial. »
Né d’une famille qui ne croyait pas aux sports d’équipe, Pat Lam a sans contredit su s’établir comme un membre indispensable de la famille que forme l’Association de hockey mineur de Nepean, et il sera à jamais reconnaissant de pouvoir faire partie d’une si belle communauté du hockey.
Inspiré par des souvenirs au mur
Une photo au mur de Branden Sison lui rappelle constamment les défis qu’il a dû relever pour réaliser ses rêves
Une photo et une rondelle sont accrochées au mur de la maison de la famille Sison à Edmonton, deux symboles d’un rêve que la famille a commencé à partager il y a quelques années seulement, lorsque Branden, l’aîné, a essayé le parahockey pour la première fois.
« Ce fut le coup de foudre, parce que la sensation de patiner… le parahockey m’a redonné plus de contrôle », dit le jeune homme de 21 ans.
Sison, né sans péroné dans sa jambe droite (hémimélie fibulaire), a subi une amputation au-dessous du genou. Il a grandi avec une prothèse et n’a jamais laissé cette réalité le ralentir lorsqu’il faisait du sport avec ses amis, du moins pas de manière intentionnelle.
« Je me souviens qu’en jouant, j’avais parfois des problèmes avec ma prothèse, car le pied était fixé sur un pivot, et la vis se desserrait à l’occasion », raconte Sison en riant. « Mon pied faisait des tours sur lui-même pendant que je courais, alors c’était une situation un peu embarrassante. »
John Sison travaillait de nuit comme ambulancier au moment où son fils a essayé le parahockey pour la première fois, mais il affirme que c’est vite devenu le sujet de l’heure à la maison. La famille s’est même rendue à Leduc, en Alberta, pour assister au championnat national de 2016.
« C’est là qu’il a goûté pour la première fois à la compétition à l’échelle nationale et à l’intensité qu’elle implique », se souvient John. « Quand il a vu ça, il en a fait son objectif. Il devient très déterminé lorsqu’il est question d’atteindre les buts qu’il se fixe. »
La même année, à 16 ans seulement, Sison a été invité au camp de sélection de l’équipe nationale de parahockey du Canada. Bien que Sison n’ait pas été retenu, le personnel a constaté qu’il avait beaucoup de potentiel et lui a demandé de continuer à travailler avec l’équipe, ce qui a mené à sa participation à un camp de développement à Montréal et à une série contre les États-Unis.
Cette fois, John était dans les gradins, caméra à la main.
« Branden est parvenu tant bien que mal à récupérer une rondelle au centre de la glace, pour ensuite s’échapper », se souvient John, le sourire ému. « Je regardais à travers l’objectif et j’espérais simplement qu’il parvienne à marquer. Je me souviens que son visage s’est illuminé comme le mien en ce moment. Le fait qu’il ait pu vivre ce moment et qu’il sache qu’il a atteint son objectif, pour moi, c’est tout ce dont j’avais besoin. »
Pour Sison, cela dit, ce n’était que le début. Le défenseur, qui en est à sa deuxième saison avec Équipe Canada, se concentre sur le prochain Championnat mondial de parahockey sur glace du CIP et les Jeux paralympiques d’hiver de 2022. Son objectif, qu’il partage avec l’équipe, consiste non seulement à remporter une médaille lors de ces deux événements, mais à les gagner.
« Nous nous donnons à fond les uns pour les autres et pour l’équipe, car nous savons que nous avons de très bonnes chances de remporter les prochaines éditions du Mondial et des Jeux paralympiques, et nous voulons donc travailler très fort les uns pour les autres, parce que nous voulons être redevables les uns envers les autres », explique Sison.
Compte tenu de la pandémie de COVID-19, qui complique les déplacements et la tenue de camps, la plupart des activités de l’équipe ont pris un virage virtuel. Les joueurs participaient à des réunions au moins deux fois par semaine, mais devaient s’entraîner par eux-mêmes. Malgré ces difficultés, Sison affirme qu’il ne s’est jamais senti aussi bien physiquement et que l’équipe est plus soudée que jamais.
« Honnêtement, nous sommes devenus la famille la plus soudée dont j’ai jamais fait partie au sein d’une équipe de hockey, et c’est un peu fou, parce que nous ne nous sommes pas vus depuis plusieurs mois », dit-il.
Lorsqu’il pense à ce que les prochains mois réservent à son fils, John a hâte de voir la suite des événements. En même temps, il revient sans hésiter sur tout ce que Branden a déjà accompli, comme en fait foi la photo qu’il pointe du doigt.
« Pour moi, c’était l’objectif que je voulais qu’il atteigne », dit John. « Je suis convaincu qu’il va connaître du succès. »
Bien qu’il ne prête pas attention à sa réussite personnelle, Sison affirme que, à court terme, son but est de conserver sa place au sein de l’équipe nationale. Quant à ses plans à long terme, le jeune défenseur se montre plus pensif.
« J’espère inspirer la prochaine génération de joueurs de parahockey, je pense que c’est ce que je souhaite par-dessus tout », admet-il. « Peu importe mon identité ou mon parcours, je pense que le fait de jouer sans retenue, de fournir des efforts et de vivre mon amour pour ce sport est la meilleure façon de le populariser. »
Un parcours étonnant
Susana Yuen, qui vient d’une famille d’immigrants travaillante et passionnée de hockey, n’aurait jamais pensé que le sport du Canada l’amènerait à renouer avec ses origines chinoises
Quand Susana Yuen a fait les essais pour sa première équipe de hockey, à 18 ans, elle ne possédait même pas d’épaulières. Joueuse de ringuette aguerrie, elle n’en avait jamais eu besoin. Elle a toutefois pu en trouver dans le sac de hockey de son frère.
« J’ai fouillé dans son sac et je les ai pris sans le lui demander », se rappelle Yuen en riant. « Je pense qu’il n’a jamais remarqué! »
Six ans plus tard, Yuen avait non seulement ses propres épaulières, mais aussi son propre chandail d’Équipe Canada. La petite avant de Winnipeg s’était taillé une place au sein de l’équipe nationale féminine du Canada et a pu représenter son pays au premier Championnat mondial féminin de l’IIHF, en 1990.
En plus d’aider le Canada à remporter l’or, sa récolte de 12 points l’a placée à égalité au deuxième rang parmi les Canadiennes et à égalité au sixième rang des pointeuses du tournoi.
Malgré l’enthousiasme, voire le choc suscité par sa performance, personne de sa famille n’était présent à Ottawa pour la voir. Immigrants chinois, les parents de Yuen devaient faire tourner leur entreprise, qui battait son plein grâce à la réussite de leur fille.
« Les membres de la communauté chinoise appelaient au restaurant pour parler à mon père et lui demander si c’était bien moi », se remémore Yuen. « Ça a été une grande source de fierté, car toute la communauté s’est rassemblée autour de moi et du fait que je jouais. »
La communauté, tout comme la famille, occupe une grande place dans la vie de Yuen. Ses parents soutenaient les ambitions sportives de leur fille, mais ils étaient souvent trop occupés pour l’aider. Des entraîneurs et des amis de la famille ont pris le relais pour reconduire Yuen là où elle devait aller.
Cette expérience lui a donné envie de s’impliquer comme entraîneuse au hockey, mais elle ne s’attendait pas à ce que sa démarche mène à une occasion de travailler avec l’équipe nationale chinoise, qu’elle n’avait rencontrée qu’une seule fois lors d’un voyage en Chine avec sa belle-sœur.
« Je leur ai dit que je collaborais avec l’Université du Manitoba, et nous leur avons envoyé une invitation », explique Yuen. « L’équipe est venue ici pendant une semaine, nous nous sommes entraînées et nous avons organisé des matchs hors concours. »
« Je ne parlais pas très bien chinois à l’époque, mais pour tout ce qui se rapporte au hockey, j’ai pu les aider. »
C’était avant le Mondial féminin de 1997 à Kitchener, en Ontario, où la Chine a terminé quatrième. À ce jour, c’est l’une des deux seules fois où le pays a participé à la ronde des médailles, ce qui explique vraisemblablement pourquoi Yuen a ensuite été invitée à travailler à temps plein avec l’équipe en Chine.
Peu encline à vivre avec des regrets, Yuen a décidé de tenter sa chance. Elle a donc quitté son emploi à l’Université et vendu son camion.
« Je pense que mon père me trouvait un peu folle, mais je lui ai expliqué que je voulais vraiment le faire, que je voulais aider l’équipe chinoise et voir si je pouvais contribuer à élever son jeu à ce niveau. Il a compris mes motivations et m’a donné son soutien. Ma mère aussi. »
L’expérience s’est révélée très enrichissante pour Yuen, qui, malgré des liens familiaux très forts, n’avait pas d’amis chinois lorsqu’elle était enfant. Si elle embrassait sa culture d’origine, cette immersion soutenue était toutefois inédite.
Yuen établit des parallèles entre son expérience en Chine, où elle a renoué avec ses racines, et celle des familles de nouveaux arrivants qui découvrent la culture canadienne – ces deux expériences étant caractérisées par l’amour du hockey.
« Mon frère habite dans un nouveau quartier où il n’y a pas de centre communautaire, alors la ville vient inonder un champ. Je n’arrivais pas à croire qu’autant d’enfants chinois viennent y patiner avec leurs parents et se mélangent aux autres. C’était beau à voir. »
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
Hockey Canada
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