Les Cobras de Terrebonne sont de retour à la Coupe du centenaire, grâce à un triomphe en sept matchs contre les Condors du Cégep Beauce-Appalaches en finale de la Ligue de hockey junior AAA du Québec (LHJAAAQ).

Derrière le banc de l’équipe se trouve un véritable monument de ce circuit : Robert Dubuc. Le directeur général et entraîneur-chef des Cobras a complété sa 16^e saison dans cette double fonction. Il vient aussi de remporter sa troisième coupe NAPA (2010, 2017, 2023), qui lui a permis de revenir au championnat national après une présence en 2017, où sa troupe s’était inclinée en demi-finale contre les puissants Bandits de Brooks d’un certain Cale Makar!

Un monument aussi car Dubuc a plus de 1 000 matchs derrière la cravate au sein de la LHJAAAQ! Cet impressionnant plateau a été atteint l’automne dernier, le vendredi 14 octobre 2022. Une soirée bien spéciale et forte en émotions attendait ce vétéran.

« Quelques semaines avant, j’avais eu vent que mon 1 000^e match approchait, et je n’en revenais pas, confie Dubuc. J’étais fébrile. Ma fille, mon garçon et ma conjointe étaient présents. La cérémonie d’avant-match m’a vraiment touché, et après notre victoire, des amis et anciens joueurs que j’ai dirigés se sont rassemblés dans une salle de l’aréna. Je suis retourné loin dans mes souvenirs et j’étais très ému. »



Dubuc est devenu seulement le troisième entraîneur de ce circuit, qui existe depuis 1988, à atteindre ce chiffre magique, après Pierre Petroni et Stéphane Scotto.

« C’est quelque chose! », lance celui que l’on surnomme Bob. « Pierre et Stéphane sont des amis, nous avons évolué dans cette ligue en même temps. Le groupe de propriétaires que nous avons ici à Terrebonne m’a fait confiance et mise sur la stabilité, mais j’ai aussi respecté mes engagements, je travaille très fort dans tous les aspects de l’organisation. »

« Merci Bob »

Qu’on soit joueur ou entraîneur, participer à un 1000^e match amène à faire le point, à rembobiner en quelque sorte le film de sa carrière. Tout y passe, sans exception. Les moments de gloire. Les grandes déceptions. Les obstacles surmontés. Mais surtout, les gens qui nous accompagnent en cours de route.

Depuis toutes ces années, Dubuc en a vu des noms défiler devant lui sur son banc. « Je commence à diriger des enfants de mes anciens joueurs. C’est assez impressionnant! »

Il a des tonnes d’histoires à raconter sur plusieurs jeunes hommes qu’il a dirigés. Mais certains d’entre eux ont particulièrement marqué l’imaginaire de l’homme de 62 ans.

« Il y en a un que j’avais entré en thérapie pendant trois semaines, juste avant les séries. Il était sur une dérape. J’ai été capable, grâce à son amour du hockey et à la confiance qu’il avait en moi, de le convaincre d’y aller. Il est ensuite revenu avec nous jouer en séries. Je le croise encore souvent aujourd’hui. Il a trois enfants, une conjointe, et chaque fois, il me dit : "Merci Bob". C’est sa gang de hockey qui lui a sauvé la vie.

« Il y a aussi Raphaël Joly. C’était tout un joueur de hockey, mais avec une attitude de bric-à-brac. Il est rendu entraîneur-chef en Allemagne. Il m’écrit encore aujourd’hui : "Merci Bob". Et il y a Francis Desrosiers. Lui également, il était une machine de hockey. Il a fini par jouer dans la Ligue Magnus en France. Une fois que j’ai obtenu la confiance de ces deux joueurs, leur attitude a changé. »

Quelle est la recette pour créer ce lien avec des jeunes de 16 à 20 ans et pour les convaincre de suivre la voie qu’on leur propose?

« J’ai toujours cru que le hockey, c’est une école de vie. Dans les moments difficiles, j’encourage mes joueurs à ne pas s’apitoyer sur leur sort. Je leur dis qu’un jour, ils perdront peut-être leur emploi et qu’ils auront des paiements de maison à faire avec des enfants à élever, qu’ils devront se retrousser les manches. »

L’avenir après 1 000 matchs

Qu’est-ce qu’on peut souhaiter à Dubuc pour le reste de sa carrière derrière le banc, lui qui vient de terminer sa 20 ^e saison dans la LHJAAAQ (il a aussi dirigé les Gladiateurs de Saint-Eustache de 2002 à 2004 et le Titan du Collège Laflèche de 2004 à 2006)?

« Un championnat canadien! », répond-il aussitôt en souriant. « La Coupe du centenaire n’a jamais été gagnée par une équipe du Québec. C’est ce que je souhaite à tout le monde de mon organisation. Sur le plan personnel, je veux juste continuer de faire ce que j’aime et garder la même complicité avec les personnes que je côtoie ici. »