Cinq ans après avoir passé son temps des fêtes à l’hôpital, Vincent Boily
était de retour au même endroit il y a quelques jours.
Mais cette fois, c’était pour aller à la rencontre de jeunes patients qui
vivent actuellement la même réalité que lui à l’époque.
Le 6 janvier dernier, la recrue de l’équipe nationale de parahockey s’est
rendue au Centre de réadaptation Marie Enfant du CHU Sainte-Justine, à
l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal puis au Centre
hospitalier universitaire Sainte-Justine.
« C’est de redonner et de donner du temps aux gens, de faire en sorte
qu’ils demeurent motivés, explique le joueur de 22 ans. Ça peut être plus
difficile à ce moment-ci dans l’année. J’ai déjà été à leur place donc je
peux comprendre comment ils se sentent. Je tente de leur donner un petit
coup de pouce et de les faire sourire un peu. »
Le 26 décembre 2017, le jeune homme de 22 ans a été victime d’un accident
de motoneige. Sans devenir paralysé, cet incident l’a empêché de poursuivre
son rêve d’une carrière professionnelle au hockey.
« Je suis resté à l’hôpital jusqu’au mois de mars », raconte celui qui est
originaire d’Alma. « Lors des deux premières semaines, je n’avais pas le
droit de recevoir de la visite donc j’ai passé la grande partie de mon
temps des fêtes tout seul. Ça m’a fait voir à quel point il y avait
d’autres personnes qui se trouvaient dans la même situation. Normalement,
c’est une période de l’année où tu es entouré de ta famille et où la joie
règne. Cette année-là, c’était tout le contraire. Ce fut très difficile
mentalement. »
Avec les années, Boily a commencé à gagner en notoriété au Québec grâce à
son histoire. C’est d’ailleurs cette histoire qui a poussé un jeune qui se
faisait soigner à l’Hôpital Sainte-Justine de le contacter. Le message
qu’il avait reçu de sa part n’a fait que renforcer sa volonté d’aller à la
rencontre des gens.
« Un enfant en particulier m’avait texté, se souvient Boily. Il vivait des
moments très difficiles. C’était un athlète avant d’être atteint d’un
cancer. Il m’avait texté avec l’aide de ses parents pour savoir si je
pouvais venir le voir durant les fêtes. Ça m’avait ouvert l’esprit et je
m’étais dit que tant qu’à aller voir une personne, je pouvais essayer
d’aller voir le plus de personnes possible afin de leur raconter mon
histoire. C’est de cette façon que l’idée a poussé dans ma tête. »
Boily s’habitue avec le temps aux différentes questions qu’ont les jeunes
lorsqu’ils le croisent.
Bien souvent, la conversation finit par basculer vers le hockey, ce qui
permet de tisser des liens entre lui et les enfants.
« Quand ils s’aperçoivent qu’il y a quelque chose d’anormal chez moi, ils
vont droit au but et me demandent pourquoi je boite », souligne celui qui a
fait ses débuts sur la scène internationale cette année. « Lorsqu’ils
découvrent que je fais partie de l’équipe nationale de parahockey, ils
s’intéressent énormément à cela. Il y a une histoire de persévérance
derrière tout ça. Les gens sont extrêmement touchés parce qu’ils peuvent
faire des liens avec leur propre situation. Même s’ils n’ont pas
nécessairement à surmonter d’aussi gros obstacles, on peut tous apprendre
de nos différentes situations. Normalement, ça se passe super bien. »
Bien évidemment, Boily est bien placé pour dire aux jeunes qu’il ne faut
jamais s’apitoyer sur son sort dans la vie, et ce, peu importe ce qui
survient.
C’est en quelque sorte le message qu’il a tenté de leur envoyer tout au
long de ses rencontres vendredi dernier.
« L’important, c’est de rappeler à tous ces jeunes qu’il y a de belles
choses qui s’en viennent pour eux », rappelle celui qui s’est présenté aux
hôpitaux vêtu de son chandail de l’équipe canadienne. « Pour me rendre où
je suis rendu aujourd’hui, il a fallu que je croie en mes moyens. Ç’a été
difficile à certains moments, mais je m’accrochais. Je suis maintenant
content d’avoir fait ce chemin pour en être où j’en suis. Même s’il leur
arrive quelque chose, ce n’est pas la fin de l’histoire. Ce sont eux qui
décident des chapitres qu’il reste à écrire. »
En plus des enfants, Boily a aussi profité de son passage pour remercier le
personnel de la santé travaillant dans ces différents hôpitaux.
Si temps des fêtes rime avec retrouvailles en famille, ces personnes
dévouées doivent souvent sacrifier ces moments de réjouissance pour rester
auprès de leurs patients.
Cet élément n’est pas passé inaperçu chez Boily lors de son séjour, à
l’hiver 2018.
« Je l’ai vécu lorsque j’étais à l’hôpital, conclut-il. J’étais toujours
avec d’excellentes infirmières. Elles s’occupaient constamment de toi. Ça
va au-delà de leur profession et je trouve ça remarquable. Peut-être que
des membres du personnel vont me reconnaître. Je veux leur montrer que je
suis reconnaissant de leur dévouement à mon endroit, mais aussi à l’endroit
de tous les jeunes qui séjournent actuellement dans les hôpitaux. Si ce
n’était pas d’eux, je ne serais peut-être pas là où j’en suis aujourd’hui.
»