Pourriez-vous imaginer un temps des fêtes sans Championnat mondial junior
de l’IIHF?
Pour la plupart des Canadiens, ce serait comme passer une fin décembre sans
dinde farcie. Sans cadeaux sous le sapin. Sans une ou deux présences à la
patinoire extérieure.
Cependant, étant donné la pandémie de COVID-19 qui a affecté le monde
entier, il y a eu un moment où le tournoi était en sérieux danger de ne pas
avoir lieu.
Comme c’est toujours le cas quand le Canada est l’hôte du Mondial junior,
la planification commence bien à l’avance. En effet, Edmonton et Red Deer
ont été officiellement annoncées comme villes hôtes de la compétition le 6
décembre 2018 et, dès les premiers mois de 2020, l’infrastructure était
déjà bien en place.
Quand la pandémie a frappé et que le Championnat mondial féminin 2020 de
l’IIHF a été annulé le 7 mars, le sentiment général était que le Mondial
junior n’était pas en danger étant donné qu’il allait commencer dans neuf
mois.
« Il y avait assurément une impression que, dans quelques mois, tout serait
réglé et revenu à la normale », lance Dean McIntosh, vice-président des
événements et des propriétés chez Hockey Canada. « On vivait un peu dans le
déni. »
Cependant, à mesure que la pandémie a pris de l’ampleur et que le hockey a
été mis de côté pour des questions de santé et sécurité, la conversation a
changé. À l’été, il fallait prendre une décision quant à l’avenir du
tournoi.
« L’IIHF nous avait en quelque sorte donné le mois de septembre comme
échéance pour que nous déterminions comment nous allions pouvoir présenter
cet événement, sans quoi une annulation serait annoncée », confie McIntosh.
« Nous avons réellement commencé à penser à quoi pourrait avoir l’air cet
événement sans partisans sur place dans un seul aréna et nous sommes
retournés à notre planche à dessin. »
Le 17 septembre, Hockey Canada et la Fédération internationale de hockey
sur glace ont annoncé que le Mondial junior 2021 serait présenté
exclusivement dans une bulle à Edmonton avec 10 équipes pour un total de 28
matchs en 12 jours, du 25 décembre au 5 janvier.
(Dans le cadre de l’annonce, il a aussi été confirmé que les villes
d’Edmonton et de Red Deer accueilleraient le tournoi de 2022, dans l’espoir
que des partisans seraient autorisés à revenir dans les arénas).
Le moment et l’endroit ont donc été décidés. Mais la grande question
demeurait encore en suspens.
Comment?
Heureusement pour Hockey Canada, l’organisation pouvait s’appuyer sur une
histoire de succès d’une bulle d’un événement de hockey qui avait bien
fonctionné dans sa cour arrière. Quand l’annonce du Mondial junior a été
faite, la Ligue nationale de hockey présentait sa finale de la Coupe
Stanley, qui venait clore des séries éliminatoires de huit semaines pendant
lesquelles aucun résultat positif de dépistage de la COVID-19 n’avait été
obtenu.
Si la LNH avait réussi, pourquoi pas Hockey Canada?
« Nous avons été impressionnés par la présentation du comité organisateur
local qui nous a montré comment un scénario potentiel de bulle
fonctionnerait à Edmonton et nous étions sûrs que nous pouvions suivre
l’excellent exemple de la LNH en créant un milieu sécuritaire pour les
équipes participantes », avait déclaré le président de l’IIHF, René Fasel,
au moment de l’annonce de la bulle.
« En fin de compte, c’est en tenant compte du modèle de la LNH que nous
avons convenu que c’était faisable », mentionne McIntosh. « Nous sentions
que nous avions l’infrastructure pour y arriver. Nous avions la chance de
pouvoir tenir un événement qui avait lieu au même endroit qu’un autre qui
avait été un succès. Donc, tout a fonctionné parfaitement. »
Bien sûr, il y a plusieurs différences entre les séries éliminatoires de la
LNH et le Mondial junior, notamment et surtout les déplacements requis. Et
quand la LNH a tenu ses séries éliminatoires à Edmonton, la deuxième vague
de la pandémie n’avait pas encore frappé.
Cependant, à mesure que les cas ont commencé à grimper dès les premiers
mois de l’automne, la proposition de déplacer des joueurs et des membres du
personnel de neuf pays à Edmonton semblait risquée, et il a fallu des
efforts combinés d’une myriade d’intervenants pour concrétiser le plan.
« Les soins de santé au Canada sont gérés par les provinces, mais quand
vous commencez à penser à transporter des athlètes provenant d’autres pays
vers le Canada, vous devez avoir des pourparlers en ce qui a trait à
l’immigration », fait remarquer McIntosh concernant tous les niveaux
d’approbation nécessaires. « Et au fédéral, l’immigration se fie à l’Agence
de la santé publique pour confirmer s’il est prudent de transporter ces
athlètes dans ces conditions. »
« Bien que nous ayons eu la chance d’avoir d’excellentes relations avec les
Services de santé de l’Alberta et certainement avec le bureau de la D re [Deena] Hinshaw [médecin hygiéniste en chef], les difficultés
pour faire voyager des équipes de divers pays, et non seulement des
Canadiens, ont continué de prendre de l’ampleur à mesure que la pandémie
s’est aggravée durant l’automne. Cela a assurément entraîné de nouveaux
défis, mais a aussi aidé à obtenir de nouveaux appuis [de Sport Canada, de
l’Agence de la santé publique, de Patrimoine canadien, et d’Immigration,
Réfugiés et Citoyenneté Canada].
En fin de compte, un ensemble de lignes directrices strictes ont été mises
en place – en ce qui a trait aux déplacements et au quotidien dans la bulle
– pour assurer non seulement la sécurité des équipes et du personnel de
l’événement, mais aussi de la communauté en général.
Les huit pays européens et les États-Unis sont arrivés au Canada le 13
décembre à bord d’avions nolisés. Les joueurs et membres du personnel
devaient obtenir trois tests négatifs durant les jours avant leur départ.
Toute personne ayant un test positif devenait immédiatement inadmissible à
faire le voyage vers Edmonton.
Une fois les équipes sur place, tout le monde devait passer quatre jours en
quarantaine à l’hôtel avant que les équipes puissent finalement sauter sur
la glace pour leur premier entraînement le 18 décembre.
Toutes les personnes au Mondial junior doivent subir des tests quotidiens
par l’intermédiaire de DynaLIFE, le port du couvre-visage est requis en
tout temps (sauf pendant les repas et quand les joueurs sont sur la
patinoire) et toutes les accréditations sont munies de la technologie
vestimentaire de TraceSafe, propulsé par TELUS, qui permet le suivi des
personnes à des fins de recherche des contacts.
Il y a certainement des obstacles sur le chemin – huit joueurs allemands et
deux membres du personnel de la Suède ont obtenu un test positif à leur
arrivée à Edmonton, ce qui a mené à l’annulation de six matchs
préparatoires et à des modifications à l’horaire des autres parties – mais
tandis que la ronde préliminaire tire à sa fin, tout semble au beau fixe.
« Nous sentons que nous en sommes venus à un point où nous pouvons dire que
nous avons créé une bulle vraiment bien organisée, mais je pense que la clé
sera de continuer de respecter les règles établies », explique McIntosh. «
Une bonne équipe de hockey ne peut changer sa façon de jouer; elle doit
continuer de faire ce qui la mène au succès. Et je pense que notre
programme médical vit passablement la même réalité. Nous devons continuer
de faire ce qui fonctionne – la distanciation physique, le port du
couvre-visage, le lavage des mains et ne pas baisser les bras dans nos
efforts de maintien de la sécurité. Faisons cela et nous nous rendrons au 5
janvier. »
Autant il peut être difficile d’y croire parfois, il existe un avenir sans
COVID-19 et avec un retour plus ou moins à la normale dans le monde du
hockey.
Pour Hockey Canada, le point de mire sera bientôt la tenue du Championnat
mondial féminin 2021 de l’IIHF, prévu du 7 au 17 avril à Halifax et Truro,
en Nouvelle-Écosse. Aussi, des plans préliminaires ont été mis en place
pour le Mondial junior 2022 qui aura lieu à nouveau en Alberta.
Devant des défis sans précédent, le message demeure le même que depuis les
premiers jours de la pandémie : quand le sport du hockey sera prêt, quand
le monde sera prêt, Hockey Canada le sera aussi.
« Je pense vraiment que, dans un avenir pas si lointain, les Canadiens
seront enthousiastes à l’idée de pouvoir retourner à l’aréna », commente
McIntosh. « Je pense que cette expérience permet de retenir à quel point ce
sport est important pour la population canadienne. L’intérêt envers le
hockey continuera d’être grand. Nous devons juste rendre la prochaine
expérience pour les partisans dans l’aréna encore meilleure. »