Statut : exceptionnel.
On pourrait dire que ces deux joueurs sortent du même moule.
Un sens inné du professionnalisme, une ingéniosité sur la glace et une
maturité hors du commun… voilà des caractéristiques que partagent Connor
Bedard et Shane Wright.
Être exceptionnel, c’est dans leur ADN. Ces deux talents de la nature
méritent toute l’attention réservée aux joueurs surclassés qui porteront
les couleurs de l’équipe nationale masculine des moins de 18 ans du Canada
au Championnat mondial des M18 2021 de l’IIHF.
Au cours d’une saison 2020-2021 sans pareille ébranlée par la pandémie de
COVID-19, les meilleurs espoirs des repêchages 2022 et 2023 de la LNH ont
dû faire preuve d’une capacité d’adaptation extraordinaire pour trouver
d’autres occasions de parfaire leur art.
« Ça a été fou », raconte Wright, qui, comme John Tavares, Aaron Ekblad,
Sean Day et Connor McDavid avant lui, s’est vu attribuer le statut
exceptionnel pour jouer à 15 ans dans la Ligue de hockey de l’Ontario
(OHL). « C’est fou que notre saison ait été gâchée par un virus. On ne peut
jamais s’attendre à un tel dénouement. »
L’athlète de 16 ans a conclu sa saison recrue dans l’OHL il y a 416 jours.
Il a obtenu le titre de Recrue de l’année dans son circuit et à l’échelle
de la Ligue canadienne de hockey (LCH), grâce à une récolte de 39 buts et
66 points en 58 parties dans l’uniforme des Frontenacs de Kingston.
« Ça fait tellement longtemps qu’on a joué », ajoute-t-il. « C’est ce que
je retiens surtout de tout ça. »
Bedard, âgé de 15 ans, a dû s’adapter au fil de l’année, puisque sa
première saison dans le junior majeur s’est déroulée pas mal différemment
de celle de Wright – il a eu l’honneur d’obtenir le statut exceptionnel
dans la Ligue de hockey de l’Ouest (WHL) et a été sélectionné au tout
premier rang par les Pats de Regina, un mois seulement après que la
COVID-19 ait bouleversé le monde du hockey.
« Il s’est passé toutes sortes de choses, et ce fut une année vraiment
étrange », lance Bedard. « Nous avons vécu de nombreux moments
surréalistes. »
Bien que le statut exceptionnel des deux joueurs soit une preuve de leur
immense talent et maturité, leurs parcours respectifs au cours des 13
derniers mois pour arriver au Texas prêts à se dépasser sur la scène
internationale sont le résultat de cette saison extraordinaire et sans
précédent.
« J’ai un peu hâte », blague Wright, enthousiaste à l’approche de son
premier match officiel en plus d’un an. Le joueur originaire de Burlington,
en Ontario, a dû, comme de nombreux joueurs et membres du personnel de
l’OHL, combler un vide dans son horaire causé par la suspension (puis
l’annulation) des activités de la saison 2020-2021.
Son dévouement sans borne et son professionnalisme lui ont permis de rester
concentré sur son art. Le temps et l’énergie habituellement réservés aux
matchs ont plutôt été consacrés à l’amélioration des habiletés de base et à
son développement physique lors de séances quotidiennes en vidéoconférence
avec des préparateurs physiques, des entraîneurs en développement des
habiletés, des membres de la direction et des coéquipiers.
« Beaucoup de choses étaient impossibles à faire l’été dernier en raison du
confinement, mais j’ai pu passer la plupart de mon temps à la salle de
sport ou sur la glace », commente Wright. « C’était vraiment génial de
pouvoir m’entraîner et patiner comme à l’habitude, de pouvoir aller sur la
glace et trouver des façons de m’améliorer. C’était vraiment important pour
moi de rester en forme au cas où notre saison commence. »
Wright s’est concentré à tenter de se tailler une place au sein de la
formation canadienne en vue du Championnat mondial junior de l’IIHF, même
si tous les autres joueurs invités au camp de sélection avaient au moins un
an de plus que lui.
Bien qu’il n’ait pas été choisi, l’expérience a joué un rôle inestimable
dans son développement au cours d’une année où les occasions de
perfectionnement ont été rares.
« C’était cool comme expérience », confie Wright. « C’était bien de voir
les meilleurs de ce niveau compétitionner les uns contre les autres et
d’observer comment ils se préparent pour des matchs. Et c’était bon pour
moi de voir comment je peux me comporter contre des joueurs de cette
trempe. »
Le Championnat mondial des M18 de l’IIHF sera une autre expérience
enrichissante, puisque Wright entend prêcher par l’exemple avec le « C »
sur son chandail. C’est la deuxième fois en autant de présences sur la
scène internationale qu’il est nommé capitaine; au Défi mondial de hockey
des moins de 17 ans 2019, il a eu cette même responsabilité avec Équipe
Canada Noirs, en tant que joueur surclassé.
« Je pense que le fait que nous n’avons pas vraiment pu jouer cette année
nous donnera un élan de motivation supplémentaire », dit-il. « Personne ne
s’en fait vraiment sur le plan individuel; nous sommes concentrés sur le
tournoi et sur notre quête de la médaille d’or. »
Quand Bedard a obtenu le statut exceptionnel, les défis causés par la
pandémie ont rendu son initiation au hockey junior encore plus valorisante.
Le jeune homme originaire de North Vancouver, en Colombie-Britannique, a
participé à son tout premier événement de Hockey Canada en mode virtuel au
camp national de développement des moins de 17 ans, qui s’est tenu en ligne
en juillet. À ce moment, il attendait des nouvelles de la WHL pour savoir
si et quand la saison allait commencer.
« Écouter et apprendre en vidéoconférence, c’est évidemment différent »,
fait remarquer Bedard. « Mais c’est comme ça que les choses se passent ces
temps-ci. »
Le lancement retardé de la saison dans la WHL a permis à Bedard de
bénéficier de la chance unique de s’entraîner pour aller jouer à Jonkoping,
en Suède, avec les équipes de M18 et de M20 au sein du club HV71, un des
meilleurs programmes de ce pays.
« J’attendais d’en savoir plus de la WHL, parce que la saison devait
commencer en octobre, mais ça a été repoussé », explique Bedard. « L’agence
qui me représente m’a proposé de faire ce voyage outre-mer, et je suis
vraiment heureux d’avoir saisi cette occasion. »
La pension fournie par le club suédois était située à quelques minutes de
vélo ou d’autobus de l’aréna. Il avait même la clé de l’aréna pour y aller
quand il voulait. Qu’est-ce qu’un jeune de 15 ans dans un pays étranger
pourrait demander de mieux?
« Je partageais mon temps entre la patinoire et mon logement, alors c’est
tout ce dont j’avais besoin : la clé de l’aréna et la clé de mon
appartement », raconte-t-il. « Je pouvais aller patiner quand je voulais.
Ils ont un superbe complexe pour s’exercer à prendre des tirs et des salles
de sport que je pouvais fréquenter quand il n’y avait pas d’équipe. C’était
vraiment important pour moi d’en tirer profit. »
En cinq parties, Bedard a récolté trois buts et six points avec le HV71.
Son séjour en Suède a pris fin abruptement, et il est revenu au Canada
moins de 72 heures plus tard, bien avant de rejoindre ses nouveaux
coéquipiers à Regina dans une bulle avant son premier duel dans la WHL, le
12 mars.
À ses débuts attendus depuis longtemps dans ce circuit, Bedard s’est
illustré en deuxième période. Deux tirs décochés rapidement de l’enclave en
l’espace de 48 secondes contre les Raiders de Prince Albert ont marqué
l’impressionnante prestation du premier joueur au statut exceptionnel de
l’histoire de la ligue.
« Je me souviendrai longtemps d’avoir compté deux buts à mon premier match
avec les Pats, » raconte Bedard. « Le fait de marquer si vite s’est avéré
un grand soulagement et m’a enlevé beaucoup de pression sur les épaules. »
Au total, Bedard a accumulé 12 buts et 28 points en 15 parties avant de
quitter les Pats pour rejoindre Équipe Canada. Avec ces statistiques, il se
trouve près du sommet de la colonne des pointeurs de la WHL.
Qu’ont à dire l’un sur l’autre ces deux joueurs exceptionnels? Un talent
exceptionnel sait en reconnaître un autre.
« À le voir aller dans la WHL, il mérite d’être ici autant que tous les
autres de l’équipe », commente Wright. « C’est un joueur spécial. J’ai hâte
de le voir à l’œuvre en personne et d’avoir la chance de jouer avec lui. »
Après avoir observé les premiers coups de patin de Wright, qui a joué pour
Kingston à l’âge de 15 ans, Bedard est enthousiaste à la perspective
d’établir enfin des contacts avec ses coéquipiers, sur la glace et à
l’extérieur. Il aime le potentiel de l’équipe de s’imposer et de gagner une
médaille d’or au Championnat mondial des M18 de l’IIHF, ce qui serait une
première depuis 2013.
« Évidemment, c’était impressionnant de le voir aller l’an passé, c’est
quelqu’un que j’ai suivi avec intérêt », raconte Bedard. « Ce sera vraiment
plaisant de jouer dans la même équipe que lui et de le voir en action sur
la glace. »