Quand Lucy Phillips a quitté l’Angleterre pour s’établir au Canada avec ses
parents et son frère à l’âge de quatre ans, il y a une chose qu’elle a tout
de suite remarquée : tout le monde semblait jouer au hockey.
Une fois installée avec sa famille à Upper Tantallon, en Nouvelle-Écosse,
elle a décidé de s’initier à ce sport. Tandis que des vedettes de la
province, comme Sidney Crosby, faisaient leur marque, Phillips a senti que
le hockey serait sa façon de s’imprégner de la culture canadienne.
« Jouer au hockey, ça m’apparaissait logique », lance-t-elle. « C’était le
sport que tout le monde suivait ici… c’était une décision qui avait du bon
sens. Le hockey était un sujet de discussion commun. »
L’athlète de 16 ans a pratiqué d’autres sports quand elle était jeune,
notamment le soccer, qui est bien ancré dans le cœur des gens de
l’Angleterre, mais son for intérieur la ramenait toujours au hockey.
Phillips a commencé en tant que joueuse, mais a rapidement développé un
intérêt pour la position de gardienne de but.
« Quand je me regardais dans le miroir, je me trouvais imposante, donc j’ai
voulu m’essayer comme cerbère », explique-t-elle. « J’ai adoré ça. »
Avec un autre type de casque et de gants et un peu plus de rembourrage dans
les jambières, Phillips a propulsé sa carrière au hockey vers de nouveaux
sommets et n’a jamais regardé derrière par la suite. La portière a été
nommée à l’équipe des étoiles du championnat provincial de la
Nouvelle-Écosse trois années de suite. Elle a également reçu le titre de
Meilleure gardienne de but du championnat bantam AAA de l’Atlantique et de
la Ligue de hockey féminin majeur des Maritimes à son année recrue au sein
du Station Six Fire, un club de M18 AAA.
Toutefois, l’un de ses plus beaux moments en carrière a été de participer
au plus long match de hockey de l’histoire de la Nouvelle-Écosse. Son
équipe des TASA Ducks a croisé le fer avec les Selects du comté de Pictou à
l’occasion d’une partie du championnat provincial en 2016 qui a duré dix
périodes, soit près de cinq heures. Phillips a fermé la porte lors d’un tir
de punition en 7e période pour garder le pointage au compte de
1-1. À l’issue de la rencontre, les deux troupes ont été sacrées
cochampionnes.
« C’était ma première année au hockey féminin, et je ressentais pas mal de
pression, mais j’ai aimé ça. Je me suis montrée à la hauteur. On a joué
tellement de périodes de prolongation et j’ai fait face à un tir de
punition pendant l’une des prolongations, alors j’ai dû composer avec
beaucoup de stress, mais ça a probablement été ma meilleure année au hockey
féminin. »
Son cheminement au hockey lui a aussi permis de tisser un lien unique avec
une autre gardienne de but canadienne. Quand l’entraîneur des gardiennes de
but Joe Johnston a remarqué que les jambières de Phillips devenaient
petites pour elle, il a contacté Ann-Renée Desbiens, une cerbère de
l’équipe nationale féminine du Canada.
« Peu de temps après, j’ai reçu des billets pour le duel entre les
États-Unis et le Canada à Moncton », explique Phillips. « J’y suis allée et
j’ai rencontré Ann-Renée. »
Mais une plus grande surprise attendait la jeune gardienne de but; après la
rencontre, Desbiens a offert à Phillips des jambières, une mitaine et un
bloqueur qu’elle avait portés auparavant, comme les deux femmes sont de
taille similaire. Sachant à quel point un équipement de gardienne de but
peut être dispendieux, l’athlète de 27 ans, qui a la chance d’obtenir son
équipement gratuitement, voulait redonner à des plus jeunes.
« Quand je change d’équipement, il est généralement encore en très bon état
», confie Desbiens. « Johnston m’a parlé de son attitude, du type de
personne qu’elle est, donc je pense qu’elle est la bonne personne à qui je
pouvais donner mon équipement. »
Phillips confirme que Desbiens lui a envoyé une autre paire de jambières et
quelques bâtons l’an dernier. Elles ont également gardé contact par texto.
Desbiens est toujours heureuse de répondre aux questions de Phillips.
Depuis sa rencontre avec Phillips à Moncton jusqu’aux camps de la Vitrine
estivale à Calgary, auxquels les deux gardiennes participent cette année,
Desbiens se plaît à jouer un rôle de grande sœur.
« C’est vraiment plaisant de pouvoir l’aider au fil de son parcours vers
Équipe Canada », affirme Desbiens. « Je sais que lorsque je lui ai remis
mon équipement la première fois, c’était son objectif de faire partie du
programme national, donc c’est très gratifiant pour elle d’être ici
maintenant. »
Phillips s’est aussi fait le plaisir de partager avec la gardienne de but
d’expérience des moments qu’elle vit au camp estival de développement de
l’équipe nationale féminine des moins de 18 ans du Canada.
« Elle apprécie vraiment son temps ici », exprime Desbiens. « Elle m’a
envoyé une photo d’elle avec son chandail de Hockey Canada et mon
équipement. C’était pas mal amusant de voir ça et son sourire. »
Elle n’est pas la seule à sourire. Le fait de savoir qu’elle a eu un si
grand impact sur la carrière de Phillips rend Desbiens vraiment heureuse.
« C’est assurément un rôle que nous devons jouer en tant que vétérantes du
programme. Nous voulons inspirer les joueuses de demain. Quand tu réalises
que ces jeunes te considèrent comme un modèle et qu’elles veulent être
comme toi, je pense que ça signifie que tu as fait de bonnes choses. »
Si jouer au hockey a permis à Phillips de découvrir une passion, ça l’a
également aidée à faciliter sa transition dans un nouveau pays et à
s’accomplir.
« C’est un milieu fantastique », dit-elle à propos de la communauté du
hockey. « Les parents font la connaissance des parents des autres joueurs.
On se fait tellement d’amis, dont certains qu’on retrouve à l’école. »
« Tous les endroits visités et les expériences vécues te procureront des
souvenirs pour la vie. »