Une courte recherche sur Google Maps permet de savoir que 4 462 kilomètres
séparent Baie-Sainte-Anne, N.-B., de Calgary en passant par les routes
canadiennes. Le trajet est un peu plus court en bifurquant brièvement aux
États-Unis.
En tenant compte de tous les kilomètres que David Doucet a déjà franchis au
cours de sa carrière au hockey, l’aventure de cette semaine au camp
national de développement des moins de 17 ans du Canada se veut juste un
voyage parmi tant d’autres.
Doucet est en quelque sorte un nomade du hockey mineur, ayant fait état de
son talent au Nouveau-Brunswick, vers l’ouest en Saskatchewan et vers l’est
en Nouvelle-Écosse, le tout en seulement quelques années.
Mais peu importe où il a chaussé ses patins, l’athlète de 16 ans a toujours
eu une pensée pour Baie-Sainte-Anne – une communauté d’environ 1 400
habitants sur la côte est du Nouveau-Brunswick.
« Je pense à eux chaque jour et chaque soir », lance Doucet. « Ils sont
toujours là. Avant de me rendre à Calgary pour le camp des M17, quelques
personnes de mon coin m’ont envoyé des textos "bonne chance, amuse-toi,
fais de ton mieux". Ils ont une place dans mon cœur et ils sont vraiment
importants pour moi. »
Doucet a fait ses débuts à la maison, jouant au sein du programme
d’initiation et dans la catégorie novice à Baie-Sainte-Anne, avant de faire
le voyage de 30 minutes pour jouer une année atome à Miramichi. Par la
suite, il a fait le chemin de 90 minutes vers Bathurst pour jouer pee-wee
et sa première saison bantam.
Ses parents, Marc et Sylvie, ont ainsi dû passer beaucoup de temps dans la
voiture et faire plusieurs sacrifices.
Doucet n’a que de bons mots pour sa mère et son père, mais il a une pensée
spéciale pour Marc, qui travaille de longues heures sur l’océan Atlantique
comme pêcheur de homards, de harengs, d’huîtres et d’éperlans.
« Il se levait vers 3 ou 4 h du matin, passait toute la journée sur son
bateau, revenait vers 17 h et me conduisait ensuite au hockey », confie
Doucet. « Il était toujours là pour sauter sur la glace avec moi et
m’aider. C’est juste un bon gars. »
Son prochain arrêt dans son parcours au hockey a été un peu trop loin pour
s’y rendre en voiture; Doucet s’est dirigé vers l’ouest à Wilcox, Sask.,
pour se joindre au prestigieux programme de hockey des Hounds de Notre
Dame.
Il a été difficile pour ce jeune des Maritimes de se retrouver loin de sa
famille, sans oublier le petit choc culturel.
« J’ai grandi directement sur le bord de l’océan », explique Doucet. « Je
me suis retrouvé en Saskatchewan, là où c’est plat partout. Aucun arbre.
C’est tellement plat que tu pourrais marcher pendant deux jours et voir
d’où tu es partie. »
Les nouveaux environs n’ont pas semblé affecter les performances de Doucet
sur la glace. Après une récolte de 21 points en 29 parties avec l’équipe
bantam AAA, il s’est joint à la formation midget AAA pour les séries
éliminatoires, finissant par jouer quatre matchs à la Coupe TELUS 2018 pour
aider les Hounds à remporter le Championnat national midget du Canada pour
une cinquième fois, un record.
La saison dernière, il a fait un retour au Canada atlantique pour porter
les couleurs de la Newbridge Academy à Dartmouth, N.-É. Doucet a ensuite
été sélectionné 25e au total par les Screaming Eagles du
Cap-Breton au repêchage d’amateurs de la LHJMQ.
L’aventure se poursuivra cet automne et il espère faire un autre voyage
vers l’ouest, cette fois à Medicine Hat, Alb., et Swift Current, Sask.,
pour le Défi mondial de hockey des moins de 17 ans 2019.
Peu importe où le hockey mènera Doucet, il sait qu’une partie de
Baie-Sainte-Anne l’accompagnera. C’est comme ça l’Atlantique.
« Toutes les petites communautés se soucient vraiment de leurs gens. Ils
s’entraident l’un et l’autre et c’est tellement un bel endroit où vivre. »