Ce devait être un bref détour au retour de Sotchi, une occasion pour
Jennifer Wakefield de passer un mois ou deux à décompresser après les
Olympiques et de faire l’expérience d’un mode de vie différent à
l’étranger.
Il y a trois ans et demi de cela.
Wakefield a trouvé un nouveau toit en Suède, devenant une membre
essentielle du HC de Linköping de la Riksserien, la ligue offrant le plus
haut niveau de hockey féminin au pays, et aimant vivre en Scandinavie.
« J’ai reçu une très belle offre pour jouer dans le Nord de la Suède
immédiatement après les Olympiques [de Sotchi], et au lieu de rentrer chez
moi et de rejoindre mon équipe de la LCHF ou de prendre une année de congé,
pourquoi ne pas visiter l’Europe », dit-elle. « J’avais une belle occasion
d’y passer un mois, et j’ai tellement aimé ça que je ne suis jamais
vraiment revenue.
« J’ai toujours pris les choses une année à la fois; nous avons utilisé
chaque année comme point de repère dans mon développement pour décider s’il
valait la peine que je revienne ou si [Hockey Canada] voulait que je joue à
domicile, mais ils étaient satisfaits. J’avais beaucoup de plaisir et je
rencontrais plusieurs personnes remarquables, alors j’ai décidé de
continuer à retourner. »
La jeune femme originaire de Pickering, Ont., a entrepris son aventure en
Suède auprès du HC de Piteå de la troisième division féminine avant de se
joindre à l’IK Guts, une équipe masculine de la cinquième division, puis à
Linköping en 2014-2015.
Elle est passée au HC de Borås de la troisième division masculine pour
amorcer la saison 2015-2016 avant de s’engager à temps complet auprès de
Linköping peu après le début de la saison.
Wakefield a connu beaucoup de succès avec Linköping, tant sur le plan
individuel que collectif. Après avoir remporté le championnat de la
Riksserien en 2015, où elle a terminé au premier rang des pointeuses de la
ligue lors des éliminatoires, elle a accumulé un total impressionnant de 55
points en seulement 18 matchs en 2015-2016 tout en aidant Linköping à se
qualifier à nouveau pour la finale de la Riksserien, et elle a été la
meilleure buteuse l’an dernier avec 34 buts. Au total, elle a accumulé 90
buts et 130 points en 63 matchs en saison régulière.
Il n’est donc pas surprenant qu’elle n’ait pas eu à remettre sa décision en
question.
« Je ne regrette pas du tout ma décision [de jouer en Suède]. Je cherchais
quelque chose de différent et d’unique, et je pense que c’est ce que la
Suède m’a apporté de mieux; j’ai pu continuer à jouer à un niveau avancé,
et j’ai aussi appris beaucoup de choses à l’extérieur du hockey. »
Voilà sans doute l’aspect le plus important de cette expérience pour la
joueuse de 28 ans — elle a eu l’occasion d’aller au-delà de sa zone de
confort et de voir et de faire des choses dont la plupart ne peuvent que
rêver.
Habiter et jouer en Suède a permis à Wakefield de mettre son indépendance à
l’épreuve et de s’éloigner des horaires préétablis qui avaient dirigé sa
vie avant les Jeux de Sotchi.
« J’avais un horaire à respecter puisque j’étais à l’université, ensuite
j’ai été centralisée en vue de Vancouver, puis je suis retournée à
l’université avant d’être centralisée pour Sotchi », dit-elle. « Je n’avais
pas ce cadre-là l’année après les Olympiques; j’avais donc plus de temps
libre pour faire ce que je voulais, explorer différents pays et être plus
indépendante. »
Que ce soit une fin de semaine à Oslo pour faire du ski, un marché de Noël
en Allemagne, être entraîneure lors d’un tournoi de hockey en Italie, ou
parcourir l’Europe en vacances qui lui a permis de « s’immerger dans la
culture plus qu’en simple touriste », Wakefield a fait de son séjour en
Suède une expérience culturelle en plus d’une expérience sportive.
« Cela m’a ouvert les portes pour voir comment diverses cultures vivent
quotidiennement et constater quelles sont les normes », dit-elle. « Je suis
chanceuse d’être entourée de gens d’un si grand nombre de pays, et c’est
assez cool d’observer leur façon de voir la vie. C’est intéressant de voir
leur façon de percevoir les choses comparativement aux Nord-Américains. »
Et... pour la suite?
Tout comme elle l’a fait au cours des trois dernières années, Wakefield ne
regarde pas trop loin devant elle; elle se concentre sur PyeongChang et une
deuxième médaille d’or olympique, et elle se préoccupera de la saison
2018-2019 et la suite, en temps et lieu.
« Nous verrons dans quelle direction le vent soufflera, soit vers l’Europe
ou l’Amérique du Nord. »