L’occasion est droit devant Laura Stacey.
Elle la sent, elle peut y goûter. La jeune femme originaire de Kleinburg,
Ont., a l’occasion de se tailler une place au sein de l’équipe nationale
féminine du Canada, de participer aux Jeux olympiques d’hiver de 2018 et,
ce faisant, de poursuivre une tradition familiale d’excellence au hockey
qui remonte aux années 1920.
« Ça voudrait tout dire pour moi », dit Stacey. « C’est difficile à
décrire. Savoir que j’ai cette occasion me donne la chair de poule. Chaque
fois que j’enfile le chandail orné de la feuille d’érable, c’est un grand
honneur. De pouvoir le faire à PyeongChang serait l’apogée. »
Le parcours de Stacey au hockey l’a menée des patinoires du hockey mineur
en Ontario au hockey de la division 1 de la NCAA au Collège Dartmouth à
Équipe Canada et maintenant au prélude de l’événement principal.
Mais le parcours de Stacey remonte à plusieurs générations puisque ses
racines au hockey sont profondes. Son arrière-grand-père était King Clancy
qui a joué dans la LNH de 1921 à 1937 et qui a été nommé l’un des 100 plus
grands joueurs de la LNH.
Alors qu’elle grandissait dans le hockey, Stacey avait cette image de son
arrière-grand-père. Il était (et est toujours) une icône pour elle. Mais ce
n’est qu’au cours des dernières années que Stacey a voulu en apprendre
davantage sur lui.
Elle a porté le numéro 7 tout au long de sa carrière universitaire en
hommage à Clancy dont le numéro est suspendu dans les hauteurs du Air
Canada Centre à Toronto. Après avoir porté le numéro 43 à ses neuf premiers
matchs avec l’équipe nationale féminine du Canada la saison dernière,
incluant à son premier championnat mondial, elle a choisi le numéro 7 cette
année.
« Je pense que maintenant, parce qu’il devient un modèle de rôle pour moi,
je veux être capable de poursuivre la tradition qu’il a créée », dit
Stacey. « Pour ce faire, il était important pour moi de mieux le connaître
en tant que personne. Je ne veux pas connaître que ses statistiques ou
savoir comment il était sur la glace. C’est important pour moi de savoir
qui il était en tant que personne. Toute cette idée de poursuivre sa
tradition et de suivre ses traces revêt une plus grande importance pour
moi. »
Des membres de la famille lui ont raconté plusieurs histoires sur le type
de personne que King Clancy était. Elle parle de sa générosité et du fait
que les jours de paie, il partageait une partie de l’argent qu’il avait
gagné avec le personnel de l’aréna qu’il voyait tous les jours. Stacey rit
en se rappelant une de ses anecdotes préférées selon laquelle il a été
échangé des Sénateurs d’Ottawa aux Leafs contre... un cheval.
« Le propriétaire des Leafs de l’époque avait gagné un pari sur un cheval
et il a utilisé cet argent pour convaincre mon arrière-grand-père de venir
jouer pour les Leafs », dit-elle. « Ça me renverse à cause de l’argent qui
est dépensé de nos jours dans la LNH comparativement aux chevaux de
l’époque où il jouait. Je crois que les chevaux ont dû être une partie
importante de sa jeunesse. Il avait l’habitude de tirer des rondelles
faites de crottin de cheval parce qu’il n’avait pas de rondelles dans sa
cour. Il y a des histoires drôles comme ça. »
Mais le legs de Clancy n’a pas pris fin avec King. Son fils Terry a
poursuivi la tradition familiale en jouant 93 matchs dans la LNH.
Cependant, Terry a laissé sa plus importante marque au hockey
international, représentant le Canada aux Olympiques de 1964 à Innsbruck en
Autriche.
L’équipe canadienne a malheureusement été forcée en bas du podium de la
manière la plus étrange lorsque la formule pour rompre l’égalité a été
modifiée à la dernière minute. La Suède, le Canada et la Tchécoslovaquie
étaient à égalité pour la médaille d’argent à l’issue d’un tournoi à la
ronde de sept matchs. Le Canada croyait avoir remporté le bronze en raison
du différentiel de buts lors de ses matchs contre la Suède et la
Tchécoslovaquie, mais l’IIHF a décidé que le différentiel de buts serait
calculé pour tous les matchs de sorte que ce sont les Tchèques qui ont
remporté le bronze.
Aujourd’hui, Terry est âgé de 74 ans et Stacey a l’occasion de voir son
grand-oncle au moins une fois par année lors de la réunion annuelle de la
famille Clancy. Stacey — qui a dû affronter beaucoup d’adversité pour se
rendre jusqu’ici (incluant des fractures à ses deux poignets à sa dernière
année à Dartmouth) — s’identifie à Terry.
« Il a surmonté plusieurs blessures différentes et de l’adversité au cours
de sa carrière », dit-elle. « Ce ne fut pas facile dans un sens et sa
carrière n’a peut-être pas été aussi droite et linéaire que celle de mon
arrière-grand-père. Mais c’est aussi très inspirant parce que (Terry) est
un homme qui a dû composer avec plusieurs choses et il a persévéré. »
Stacey fait tout ce qu’elle peut pour poursuivre la tradition d’excellence
de sa famille au hockey. Elle a déjà pris part à 54 matchs internationaux,
remportant une médaille d’or au Mondial féminin des M18 2012 et des titres
de la Coupe Meco et de la Coupe des nations avec l’équipe nationale
féminine de développement du Canada en 2013, 2015 et 2016.
Le feu sacré brûle en Stacey qui désire faire partie d’Équipe Canada et
aider l’équipe à reprendre le premier rang mondial au hockey féminin.
« Les dernières années ont été un peu décevantes parce que nous n’avons pas
réussi », dit-elle. « Maintenant, il suffit d’y croire. Nous savons que
nous avons les personnes, le personnel, le plan et tout ce qu’il faut pour
réaliser de grandes choses et obtenir cette médaille d’or. »