La petite Dorothy Gale l’a si bien dit : On n’est jamais aussi bien que
chez soi.
Après une saison où elle a parcouru l’Alberta et visité plusieurs endroits
en Amérique du Nord à la poursuite de son rêve olympique, Halli Krzyzaniak
a pu revenir à ses racines.
Le quatrième match de la série préolympique Canada – États-Unis le 5
décembre a revêtu un sens particulier pour la défenseure, car c’est à
Winnipeg, il y a un peu plus de 10 ans, que Krzyzaniak, alors adolescente,
a pris une décision qui allait changer sa vie.
« Je me souviens d’être là en 2007 quand le championnat mondial avait lieu
là et d’être dans les gradins », dit-elle. « C’est à ce moment que j’ai
décidé que c’était ce que je voulais faire; je voulais faire partie
[d’Équipe Canada], et je voulais être là avec ce chandail. Avoir pu boucler
la boucle comme ça et me retrouver là en espérant inspirer la prochaine
génération de hockeyeuses a été très spécial. »
Le parcours que Krzyzaniak a emprunté pour revenir là où tout a commencé
l’a menée en Colombie-Britannique, au Dakota du Nord et à travers le monde,
mais Neepawa, Manitoba, une petite ville d’un peu moins de 5 000 habitants
située à 187 kilomètres à l’ouest de Winnipeg qui est à l’origine de tout
ça.
C’est cette ville et ses habitants qui ont formé la jeune femme de 22 ans –
comme joueuse et comme personne.
« C’est le sentiment de camaraderie que tu éprouves », a dit Krzyzaniak à
propos de la vie dans une petite ville. « Tout le monde connaît tout le
monde, et tout le monde te surveille, et te demande constamment comment ça
va, comment ça va au hockey... c’est un sentiment de fierté. Tu veux bien
faire pour eux et bien les représenter. »
Rares sont ceux à Neepawa qui croient que Krzyzaniak ne les a pas bien
représentés.
Son cheminement vers l’équipe nationale féminine du Canada porte la marque
de Neepawa, à commencer par l’éthique de travail des cols bleus qui lui a
permis de se retrouver à quelques mois d’un voyage à PyeongChang.
« Je pense qu’avoir vécu dans une petite ville et grandi sur une ferme m’a
donné des aptitudes pour la vie et des valeurs qui m’ont aidée au hockey »,
dit-elle. « Des choses comme le travail ardu, la détermination et la
discipline; toutes ces choses que vous apprenez dans une petite ville où il
n’y a pas grand-chose autour. Tu sais que c’est toi qui dois te pousser,
car tu n’as pas les ressources. »
Au bout du compte, c’est ce manque de ressources qui l’a forcée à prendre
sa première décision importante au hockey. À 13 ans, Krzyzaniak a déménagé
à Kelowna en Colombie-Britannique pour fréquenter la Pursuit of Excellence
Hockey Academy.
« Ce fut certainement difficile de laisser ma famille et mes amis, mais je
savais que c’était le rêve que je voulais et je savais que pour le
réaliser, je devais partir », dit-elle. « À cette époque, le hockey féminin
n’était pas aussi développé qu’il l’est aujourd’hui au Manitoba, alors je
savais que si je voulais faire un pas vers l’avant, je devais aller
ailleurs. »
Elle s’est épanouie à ses cinq saisons à cette académie de hockey où elle a
remporté des championnats de la ligue et appris comment être une chef de
file; elle a été capitaine à sa dernière saison avant d’aller étudier à
l’Université du Dakota du Nord.
Ses performances lui ont aussi permis d’attirer l’attention en vue de
compétitions provinciales et nationales; Krzyzaniak a représenté le
Manitoba aux Jeux d’hiver du Canada 2011, et elle a été nommée Joueuse par
excellence et Meilleure défenseure du Championnat national féminin des
moins de 18 ans 2012.
« Ce fut ma première expérience au hockey féminin de haut niveau, aux Jeux
du Canada en 2011 », dit-elle. « Voir les filles des autres provinces et
constater qu’il y avait de bonnes joueuses partout au Canada a été une
expérience qui m’a ouvert les yeux. »
Krzyzaniak a joué pour Équipe Canada la première fois à l’été 2011, et elle
a aidé l’équipe nationale féminine des moins de 18 ans du Canada à
remporter deux médailles d’or de suite aux Championnats mondiaux féminins
des M18 2012 et 2013 de l’IIHF où elle a été nommée Meilleure défenseure du
tournoi en 2013.
Elle n’a cessé de s’améliorer depuis, faisant ses débuts avec l’équipe
nationale féminine du Canada à la Coupe des 4 nations 2014 et participant à
son premier Championnat mondial féminin de l’IIHF le printemps suivant.
Après tout cela, son parcours l’a ramenée au Manitoba, de retour à Winnipeg
et à l’aréna où son rêve olympique a pris naissance.
La victoire de 2-0 contre les Américaines lui a permis de retrouver parents
et amis venus de Neepawa, de les remercier, de refaire le plein et
d’entendre des mots d’encouragement alors que la centralisation amorce la
dernière ligne droite.
« Ce fut vraiment un rêve devenu réalité. Nous avons ressenti le soutien
non seulement sur la glace, mais au cours de la semaine et des mois avant
le match, et nous étions toutes ravies de pouvoir être là. Ça nous a
certainement stimulées à l’approche des derniers mois. »