Personne n'a dit qu'il était facile d'être une athlète olympique.
On ne s'attendrait pas à ce que ça le soit. Être une athlète olympique
signifie faire partie de l'élite –il s'agit du travail d'une vie qui
aboutit à une occasion de se mettre en valeur et de représenter son pays
sur la plus grande scène sportive au monde.
Inutile de rappeler à Haley Irwin ce que signifie une telle occasion. La
joueuse originaire de Thunder Bay, en Ontario, a déjà suivi ce parcours, et
ses efforts ont été récompensés par deux médailles d’or olympiques.
Pourtant, c'était différent cette fois.
Le résultat final demeure peut-être le même – Irwin est l'une des 23
Canadiennes qui tenteront de donner à leur équipe une cinquième médaille
d’or de suite en Corée du Sud au mois de février – mais son parcours pour
obtenir cette occasion a compté autant de rebondissements que ceux du reste
de son équipe mis ensemble.
« Quand je pense à tout ce que j'ai vécu – par moments, je voulais
abandonner, je ne voulais plus continuer et je ne pensais pas que j'étais
capable de le faire – cette fois-ci est spéciale », dit-elle. « Les autres
fois l'étaient aussi, mais ce parcours-ci m'a fait découvrir exactement qui
j'étais. »
Irwin, qui joue un rôle de vétérante sur la glace et dans le vestiaire, a
eu de la difficulté à demeurer en santé après les Jeux de Sotchi.
Elle a perdu près de deux ans en raison de blessures à long terme – Irwin a
vu 674 jours s'écouler entre ses présences au sein de l'équipe nationale
féminine du Canada – avant de revenir au programme national tôt au début de
la saison 2016-2017.
Ses performances sur la glace lui ont permis de se joindre à la formation
d'Équipe Canada à nouveau, de prendre part pour une cinquième fois au
Championnat mondial féminin de l'IIHF et d'être invitée à sa troisième
centralisation olympique.
Mais une fois arrivée à Calgary, le regard tourné vers PyeongChang, Irwin a
encore une fois succombé à une blessure qui l'a tenue à l'écart pendant un
mois et qui a testé ses limites tant sur le plan physique que mental.
« J'ai l'impression que, avec tout ce que j'avais vécu, c'était plus
stressant », raconte-t-elle. « J'ai fini par regarder trop loin en avant
cette fois et je me suis souciée de choses sur lesquelles je n'avais aucun
contrôle. J'ai donc dû travailler fort sur l'aspect mental de mon
cheminement et prendre le temps d'apprécier chaque journée. »
« Je n'étais pas sur la glace, mais dans mon cas, c'était une question de
retrouver la santé avant de songer à mes performances. Ça ne donnait rien
de m'en faire avant ça, parce que je ne pouvais pas être sur la glace. »
Elle a pu chausser ses patins à temps pour la Coupe des 4 nations à Tampa,
en Floride, et elle a été en mesure de prendre part à quatre des six matchs
contre les Américaines en préparation des Olympiques (dont son 100 e match international le 6 décembre à Winnipeg), confirmant par
le fait même son poste au sein de la formation olympique.
Les hauts et les bas de sa centralisation ont permis à Irwin d'avoir un
nouveau regard sur le hockey et le caractère parfois éphémère des succès
individuels. Elle connaît l'importance d'encadrer la nouvelle génération et
de préparer celle-ci aux événements à venir en Corée et par la suite.
« J'ai ce bagage, donc pour les jeunes joueuses qui arrivent, je peux leur
donner un coup de main, les prendre sous mon aile et leur venir en aide de
toutes les manières possibles, parce que, en bout de compte, ce sera
bénéfique pour tout le groupe », explique-t-elle. « Nous avons beaucoup de
jeunes recrues qui en sont à leur première expérience, et elles sont des
joueuses de hockey talentueuses. Donc, si nous pouvons aider à les guider,
tant sur la glace qu'à l'extérieur des patinoires, je pense que ça fera de
nous une meilleure équipe de hockey. »
Maintenant que le stress du processus de sélection est derrière elle, Irwin
peut désormais se tourner vers l'avant, tout comme le reste de la formation
canadienne. Il reste un peu plus d'un mois avant le départ d'Équipe Canada
vers PyeongChang, et le travail n'est pas terminé.
« Notre mentalité est de nous améliorer chaque jour comme équipe. Nous
avons des aspects sur lesquels nous devons travailler et bâtir, nous devons
continuer de nous améliorer et nous voulons éviter de regarder trop loin
devant. C'est une question d'y aller une journée à la fois et de nous
assurer de faire les bonnes choses pour veiller à offrir nos meilleures
performances en février. »