Parlez à Brigette Lacquette et vous ne tarderez pas à vous faire une
première impression – joueuse tranquille, humble, toujours prête à foncer
et à se mettre au travail et qui adore le sport. Et vous n’auriez pas tort.
Mais il existe un autre aspect à son histoire, et il est important.
Lacquette est la première joueuse autochtone à se tailler une place au sein
de l’équipe nationale féminine du Canada; c’est une désignation qui ne doit
pas être prise à la légère et Lacquette en retire une très grande fierté.
« C’est tout pour moi », dit Lacquette. « J’ai travaillé toute ma vie pour
ceci, et être un modèle pour les jeunes Autochtones du Canada, c’est
énorme. Je n’avais pas ça en grandissant, une hockeyeuse autochtone pour
m’inspirer, et le fait d’être la première a une très grande importance. »
Lorsque Lacquette était plus jeune, Jordin Tootoo, qui est arrivé sur la
scène internationale avec Équipe Canada au Mondial junior 2003, était celui
qui ressemblait le plus à un modèle pour elle.
Lacquette venait d’avoir 10 ans lorsque Tootoo a aidé le Canada à remporter
l’argent à Halifax, et elle se souvient de l’impact de sa performance – sur
elle, sur les Premières Nations et sur le reste du Canada.
« Tout le pays était derrière lui, et il rendait les Premières Nations et
les Autochtones fiers partout au Canada », dit-elle. « J’ai toujours voulu
faire une différence de la sorte. »
Le parcours que la jeune femme de 24 ans a suivi pour parvenir à faire une
différence n’a pas été facile, car plusieurs obstacles ont surgi en cours
de route vers la centralisation olympique – des ennuis financiers, de
l’intimidation et du racisme, pour n’en nommer que quelques-uns.
Mais tous ont aidé Lacquette à se forger ce qu’elle appelle une
« carapace ».
Tout comme ses parents. Terance, un Métis, et Anita, une indienne inscrite
visée par un traité auprès de la Première Nation de Côté en Saskatchewan,
ont été une force motrice, littéralement, conduisant Lacquette, son frère
et sa sœur d’un bout à l’autre du Manitoba à la poursuite de leurs rêves au
hockey.
« La famille, c’est tout pour moi », dit Lacquette. « C’est mon rocher; mes
parents, ma sœur (Tara, 26 ans) et mon frère (Taran, 21 ans) assurent mon
équilibre. Même lorsque les choses ne vont pas bien à l’aréna, je peux
compter sur eux pour être là pour moi. »
Originaire de Mallard au Manitoba, une petite communauté d’environ 150
personnes située à 330 kilomètres au nord-est de Winnipeg, Lacquette décrit
sa ville d’origine comme étant « au milieu de nulle part ». Mais rares sont
les choses qui ont défini son parcours plus que cette communauté.
« C’est d’où je viens et où j’ai grandi », dit-elle. « Ça fait partie de
moi.
« Il n’y a pas que Mallard, il y a aussi ma réserve. J’amène une partie de
Côté et de Mallard partout avec moi. Je suis extrêmement fière d’où je
viens, car, en plus des obstacles que j’ai affrontés et surmontés, cela a
fait de moi qui je suis aujourd’hui. »
Lacquette a fait son entrée en scène il y a un peu plus de 10 ans grâce à
trois performances couronnées de succès – elle a été nommée Meilleure
défenseure du Championnat national féminin des moins de 18 ans 2008, de la
Coupe Esso 2009 (remportant le titre national avec les Wildcats de Westman)
et du Championnat mondial féminin des M18 2010 de l’IIHF (où elle a préparé
le but gagnant en prolongation pour permettre au Canada de remporter sa
première médaille d’or à cet événement).
En cours de route, elle a fréquenté la Pursuit of Excellence Hockey
Academy, l’Université du Manitoba et l’Université du Minnesota à Duluth, et
elle s’est taillé une place au sein du programme national et a mérité une
invitation à la centralisation olympique en prévision des Jeux de 2014.
Mais en présence d’un grand nombre de défenseures, Lacquette a été
retranchée en novembre 2013 et elle a dû regarder, de chez elle, le Canada
remporter sa quatrième médaille d’or consécutive à Sotchi lors d’une
prolongation endiablée contre les États-Unis.
Quatre ans plus tard, elle est de retour à Calgary alors que d’autres Jeux
olympiques pointent à l’horizon et les souvenirs douloureux de 2013 la
motivent alors que l’équipe nationale féminine du Canada se prépare à
PyeongChang.
« Je n’ai jamais oublié le sentiment ressenti lorsque j’ai été retranchée
il y a quatre ans, alors ça me motive. »
Il serait tout à fait normal de penser qu’avoir une deuxième chance de
représenter son pays sur la plus grande scène du sport pendant que les yeux
de la communauté des Premières Nations sont tournés vers vous est
accompagné d’une certaine pression (probablement assez forte).
Mais non.
« Je ne sens pas vraiment de pression », affirme Lacquette. « Je suis
extrêmement fière de mes origines et je suis tout simplement ravie d’être
où je suis et d’avoir l’occasion de participer aux essais de l’équipe
olympique et de jouer pour Équipe Canada.
« Le simple fait d’être la personne qui peut servir de modèle et
représenter un espoir pour les jeunes des Premières Nations revêt beaucoup
d’importance. »