Shannon Szabados revient un peu plus âgée, plus mature, plus intelligente
et… meilleure, ce qui pourrait bien être ce qui effrayera le plus ses
adversaires.
La femme de 30 ans originaire d'Edmonton fait un retour avec l'équipe
nationale féminine du Canada. Et le Championnat mondial féminin 2017 de l'IIHF s’avère le premier événement international majeur de Szabados depuis
sa conquête de la médaille d’or avec le Canada aux Jeux olympiques d’hiver
de 2014 à Sotchi en Russie.
Elle a passé la majeure partie des trois dernières années à jouer avec des
hommes dans la Southern Professional Hockey League, portant les couleurs
des Cottonmouths de Columbus et des Rivermen de Peoria. Elle a signé
quelques pages d'histoire en cours de route, devenant la toute première
femme à jouer dans la SPHL et la première gardienne de but à obtenir un jeu
blanc dans un match de hockey professionnel, quand elle a blanchi le Havoc
de Huntsville le 26 décembre 2015.
Elle est retournée devant la cage du Canada lors de la série de décembre de
deux matchs contre les États-Unis, mais pour plusieurs amateurs, le Mondial
féminin 2017 sera l'occasion de revoir Szabados pour la première fois
depuis la victoire enlevante de 3-2 en prolongation contre les Américaines
au match pour la médaille d’or à Sotchi.
« À plusieurs choses, je l'espère », lance Szabados quant à ce que les
amateurs devraient s'attendre d'elle à Plymouth. « Ayant vieilli un peu,
j'ai appris à contrôler mon jeu un peu plus et à être un peu plus…
patiente, mais je ne sais pas si c’est le bon mot... mais je dirais
probablement que j'ai plus de contrôle. Je veux apporter plusieurs choses
similaires à ce que j'ai fait à Sotchi et à Vancouver (aux Olympiques de
2010); être une présence calme sur la glace et bien jouer sous pression. »
Être capable de jouer sous pression, Szabados a certainement ça en elle. À
Vancouver, elle a enregistré un jeu blanc de 2-0 contre les Américaines et
quatre ans plus tard, les États-Unis ont pris une avance de 2-0 en début de
troisième période, mais Szabados a fermé la porte à partir de là,
permettant à ses coéquipières de revenir dans le match et de l'emporter en
prolongation.
Aucune scène ne semble trop grande, aucune situation n'est trop stressante
pour elle.
Et à 30 ans, elle semble bien au courant que représenter le Canada sur la
scène mondiale ne sera pas une option éternelle.
« En m'étant éloignée un peu, j'apprécie le fait de revêtir ce chandail,
même si je n'ai jamais tenu ça pour acquis avant », confie-t-elle. « Mais
en ayant été loin si longtemps, je me sens comme une enfant; remettre ce
chandail et côtoyer les filles à nouveau, c'est pas mal ce qui est le plus
important. L'ambiance dans le vestiaire, l'excitation qu'elles apportent et
juste me tenir avec elles encore, c'est amusant. »
Mais ce n'est pas uniquement son travail sur la patinoire qui attire
l'attention. Szabados est devenue une meneuse dans le vestiaire et elle
passe beaucoup de temps à redonner au hockey, sachant qu'elle est un modèle
de rôle pour des milliers de jeunes joueuses de hockey.
Elle se rend à des patinoires de hockey mineur, dans des salles
communautaires et à d'autres endroits pour parler à des jeunes filles à
propos de ses expériences dans le hockey.
« Je me suis adressée à deux groupes récemment; il y a eu les championnats
provinciaux à Leduc et ensuite je me suis rendue à Killam à partir de là
pour un autre championnat provincial pour parler à plus de 500 filles en
une journée », raconte Szabados. « C'était une assez longue journée,
environ 13 heures entre le temps où j'ai quitté la maison et le temps de
revenir, mais ça valait vraiment la peine de voir toutes les filles. »
« C'est important, surtout aujourd'hui et à cet âge. Elles sont si bonnes
avec les médias sociaux que c'est vraiment plaisant de voir les photos
ensuite et leurs commentaires sur Twitter ou sur Instagram et de pouvoir
leur répondre; ça offre une proximité. »
Et ce ne sont pas seulement les jeunes athlètes qui bénéficient de
l'expérience et des conseils de Szabados. Elle s'implique à GGSU, un centre
de ressources pour les gardiennes de but qui a lancé un groupe Facebook et
créé une communauté en ligne de plus de 20 000 gardiens de but.
GGSU accueille des camps des légendes chaque année qui donnent la chance à
des gardiens de but amateurs de sauter sur la glace avec les Scott Darling
(Chicago), Garret Sparks (Toronto) et Mike Condon (Ottawa), en plus de
Szabados, qui est l'un des gros noms aux camps. Cette année, GGSU se
déplacera à Toronto, Chicago et en Californie pour quatre camps.
« C'est un camp pour les adolescents jusqu'aux gens de 65 ans », explique
Szabados. « Nous avons des gars qui savent à peine patiner, mais ils
adorent le hockey ou c'est peut-être la première fois qu'ils enfilent les
jambières, alors il y a une belle variété. Nous avons plusieurs joueurs
professionnels qui viennent et s'amusent en redonnant au hockey. C'est
pourquoi nous jouons, parce que nous aimons ça. »
Maintenant, par contre, le point de mire est une autre médaille d’or.
Szabados et Équipe Canada amorcent le Championnat mondial féminin 2017 de
l'IIHF vendredi soir contre leurs plus grandes rivales, les États-Unis. Les
Canadiennes croiseront le fer avec les Finlandaises samedi et les Russes
lundi avant la ronde des médailles.